[ Analyse ] Brouzoufes Lot Matter
Des millions de dollars ont été "détournés" de la fondation Black Lives Matter. Réveil brutal pour de nombreux Américains, et pas que noirs. Mais prévisible pour qui connait un peu l’histoire.
En 2020, Black Lives Matter (BLM) a récolté plus de 90 millions de dollars de dons, principalement de simples citoyens. Mais pas que. De multinationales aussi : Amazon, Unilever, Microsoft, AirBnB, Nabisco, Walmart, Facebook, Apple etc.
Aujourd’hui, il ressort d’une déclaration d’impôts tardive que plus de la moitié de cet argent a été englouti dans des cabinets de conseil, des entreprises de sécurité, une maison de 6 millions de dollars et d’autres joyeusetés qui n’ont rien à voir avec l’objet social de la fondation, à savoir l’aide aux familles des victimes. Plus de 4 millions ont été facturés par des entreprises dirigées par des membres de la famille de la fondatrice, Patrisse Cullors. Ce sont des chapitres locaux de BLM qui ont lancé l’alerte, ne voyant aucune assistance arriver pour ceux qui devaient en bénéficier.
Nous avons tous en mémoire le meurtre de George Floyd par des policiers lors d’un contrôle à Minneapolis, au début de la campagne des présidentielles de 2020.
Nous avons tous en mémoire ces légions de “wokes” scandant des slogans, ces sportifs riches à millions s’agenouillant avant les matchs, ce déferlement de compassion factice parce que fabriqué et savamment orchestré dans ce qui devint vite une opération politique et électoraliste. On a même vu récemment un actuel “candidat premier ministre” français alors candidat à la présidentielle reprendre l’antienne de la gauche “progressiste” américaine appelant à “définancer” les forces de l’ordre, en affirmant que beaucoup de monde déteste la police. Alors que beaucoup de monde abhorre l’usage que le pouvoir fait de la police. Ce qui est très différent.
Minyon Moore, une proche de longue date d’Hillary Clinton, a siégé au conseil d’administration de BLM. BLM a embauché l’avocat Marc Elias, le directeur juridique de la campagne Clinton en 2016. Marc Elias fut à l’origine du “dossier Steele” - un faux concocté par un ancien espion britannique passé dans le privé. Elias est impliqué dans l’ensemble du “Russiagate”, cette manipulation approuvée par Hillary Clinton en personne visant à faire accroire que Donald Trump avait des liens avec Alfa Bank, institution financière réputée proche du Kremlin. Cette intoxication amplement répercutée par la presse “de grand chemin” (des journalistes du New York Times et du Washington Post reçurent même le prix Pulitzer pour leur travail sur une affaire bidonnée du sol au plafond!), a eu pour effet de pourrir la vie et le débat politique aux USA pendant quatre ans. Moore et Elias ont démissionné - coïncidence ? - la veille de la publication de la déclaration fiscale de BLM…
Nous avons tous en mémoire ces manifestations “pacifiques” comme le déclarait CNN, alors qu’un de ses reporters était filmé derrière des voitures et des commerces en feu dans la ville de Kenosha, Winsonsin. Ville qui a été le théâtre d’un drame où un gamin de 17 ans, Kyle Rittenhouse, a abattu deux émeutiers et en blessa un troisième. Immédiatement taxé de raciste et de “suprémaciste blanc” par une presse unanime, alors que ses victimes étaient toutes blanches, toutes multirécidivistes. Cela donna un de ces procès à grand spectacle dont on a le secret aux USA, procès au terme duquel Kyle Rittenhouse fut acquitté à l’unanimité du jury, la légitime défense ayant été établie lors des débats.
Des émeutes prétextes à des pillages de masse, cautionnées par Joe Biden lui-même, trop heureux de clamer, en pleine campagne présidentielle, que Donald Trump avait fait gazer des manifestants pacifiques, alors que les polices anti-émeutes aux USA sont toutes locales. Et que la plupart des incidents eurent lieu dans des villes dirigées par des démocrates.
Les ravages de la “désinformation” ! Quand tout n’est que “narratif”, les faits ne comptent plus. Tout est mensonge, instrument principal de gouvernement.

Martin Luther King avait réussi le tour de force de créer un mouvement civique et pacifique de masse en le préservant de toute instrumentalisation politique. Les tentatives de récupération furent pourtant légions chez les démocrates comme chez les républicains, pour s’accaparer le vote noir comme pour faire peur à l’électeur blanc.
Rappelons que John F. Kennedy fut élu avec 200 000 voix d’avance face à Richard Nixon en 1960, suffrages que son père, ce ruffian de Joe Kennedy, avait fait acheter dans les circonscriptions noires de l’Illinois par la mafia, l’outfit de Chicago dont le parrain était Sam Giancanna, avec qui JFK partagea plusieurs maîtresses.
Rappelons que J. Edgar Hoover, l’indéboulonnable, homosexuel d’armoire forte et ultra-conservateur patron du FBI, fit surveiller en dehors de tout cadre légal le mouvement des droits civiques en lui étendant le fameux programme COINTELPRO utilisé depuis le mitan des années 1940 contre les militants de gauche. Il fit fomenter coup tordu sur coup tordu, allant jusqu’ à commanditer une opération pour pousser Martin Luther King au suicide. J. Edgar Hoover entretenait lui-même des liens troubles avec le crime organisé. Fanatique des courses où il passait tous ses après-midi, la mafia en truquait pour qu’il gagne. Mafia qui aurait détenu une photo de lui travesti en femme lors d’une partouze dans un hôtel de Washington, assurance contre toute enquête fédérale trop poussée.
De tous les présidents des Etats-Unis, le seul qui mit en œuvre une politique efficace pour réduire le fossé “racial” fut ce vieux texan corrompu et raciste de Lyndon B. Johnson. Son programme “The Great Society” connut son terme à cause l’escalade au Vietnam qui en phagocyta le financement. Il est vrai qu’entre les livres et les armes, le choix est vite fait, et qu’à l’époque on ne finançait pas les guerres par la seule dette.
Du James Elrroy, qui a romancé à la perfection ces faits dans sa trilogie “Underworld America”. Une histoire exclusivement américaine.
Le grand drame du mouvement des droits civiques aux USA est qu’après l’assassinat de Martin Luther King en 1968, sa figure tutélaire et morale, il se désagrégea vite en une multitude entreprises d’extorsion quasi-criminelles, et pour certaines violentes, voire terroristes. En instrumentalisant la culpabilité très calviniste de nombreux Américains. Sans soucis aucun pour l’amélioration de la condition des noirs américains. Le tout étant instrumentalisé à fins électorales par les deux partis. Sans oublier Hollywood, bien sûr, avec la blaxploitation.
Tout cela a été décrit par Romain Gary dans “Chien Blanc”, roman paru en 1969. Alors consul de France à Los Angeles et mari de Jean Seberg, il vit sa femme dilapider son argent pour aider des mouvements de “libération” noirs qui n’étaient que des opérations de siphonnage de fonds. Dans “Chien Blanc”, Romain Gary dénonce tous les racismes. Celui des blancs envers les noirs, celui des noirs en retour envers les blancs et l’hypocrisie de l’élite américaine (politique, showbiz, grande finance, multinationales etc.) qui a des raisons fort peu désintéressées de s'associer à la lutte pour les droits civiques et l’égalité “raciale”.
Comme quoi tout change et rien ne change. Cinquante trois ans après, nous en sommes toujours au même point. Et les organisations disant œuvrer pour l’émancipation des noirs sont toujours des officines politico-financières qui permettent l’enrichissement rapide de leurs dirigeants, qu’on ne saurait montrer du doigt puisque réputés “victimes”. Comme Patrisse Cullors, la fondatrice de BLM, qui affirme que l’usage de sommes considérables hors de l’objet social de la fondation ne pose pas problème.
Quand, selon les statistiques officielles du FBI, 56% des homicides volontaires en 2019 ont été commis par des noirs qui ne représentent que 13% de la population, ce n’est pas à un problème de couleur de peau mais un à profond problème social et surtout culturel auquel les USA sont confrontés.

La majorité des noirs, descendant d’esclaves, sont américains depuis plus longtemps que biens des blancs, dont les ancêtres sont arrivés avec les vagues d’immigrations européennes de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Les derniers immigrants, latinos (aujourd’hui plus nombreux que les noirs) et asiatiques, dont les conditions ne sont pas meilleures que celles des noirs, s’ils ont également leurs gangs et leur crime organisé, sont à l’origine de nettement moins de violence.

C’est d’abord par pur clientélisme rebaptisé “libéralisme” puis par assignation forcée à son bord politique selon la couleur de peau nommé “progressisme” que le parti démocrate - à l’origine parti de “blancs” esclavagistes sudistes, à qui on doit les lois “Jim Crow” qui ont, de 1877 à 1964, érigé la ségrégation comme principe d’organisation sociale dans les états du Sud après l’abolition de l’esclavage - a tenté et tente encore de rendre captif à son bénéfice l’électorat noir. Forme d’esclavage politique 2.0 ?
Avec Joe Biden, candidat à présidence, qui a déclaré au célèbre podcaster Charlemagne “Si vous votez pour Trump, vous n’êtes pas noir”, on est en plein dans La Case de l’Oncle Tom, dans la perpétuation stéréotypique du gentil nègre trop enfantin pour faire ses propres choix, à qui il faut tenir la main de l’isoloir jusqu’à l’urne.
Imaginez-vous Emmanuel Macron candidat déclarer “si vous ne votez pas pour moi, alors vous n’êtes pas musulman”? Non, même si dans les faits en 2017 comme cette année, le clientélisme confessionnel fit florès de manière aussi insidieuse qu’occulte lors de la campagne.
Depuis l’installation de Joe Biden en 2020, 21 noirs américains ont démissionné avec fracas de son cabinet.