[ Analyse ] Systèmes de visée et F-35A, le chantier continue sous fond de dissuasion nucléaire factice
L'offensive contre l'industrie de défense française continue. Disclose publie une "enquête" le jour de l'annonce de l'achat par l'Allemagne d'avions de combat US F-35A pour un prétexte fallacieux.
Nous vous avons déjà mis en évidence que le travail de Disclose est aussi problématique qu’approximatif. Lors de la publication des “Mémos de la terreur”, autre enquête où l’on n’apprenait rien de nouveau mais où tout était présenté sous un jour biaisé – des jihadistes-trafiquants à la frontière Libye -Egypte étaient présentés comme des “civils”, des opérations de surveillance des frontières comme des opérations de ciblage etc. – nous avions souligné le mode de financement de Disclose, sa gouvernance politisée et des intentions qui ne sont pas journalistiques mais militantes.
Disclose remet le couvert avec une nouvelle “enquête” qui montrerait que la France a vendu des armes à la Russie jusqu’en 2020 malgré un embargo européen.
Sauf que les contrats en question, outre le fait qu’ils étaient connus, ont été signés bien avant l’annexion de la Crimée en 2014 qui mena aux secondes sanctions contre la Russie.
Sauf qu’il ne s’agit pas de produits et de technologies visés par l’embargo.
Sauf qu’il ne s’agit pas de technologies dernier cri, mais de modules FLIR développés il y a une vingtaine d’années.
Sauf qu’il ne s’agit pas d’armes ni de systèmes d’armes mais d’équipements militaires livrés sans intégration dans le matériel russe, que ce soit des chars ou des avions.
Rien d’illégal là-dedans. Rien de moralement répréhensible non plus.
Coïncidence – si vous y croyez encore – “l’enquête” de Disclose est publiée le jour où l’Allemagne annonce l’achat d’une trentaine de F-35A américains, le pire avion de combat jamais conçu tant par son rapport efficacité-coût, que par ses innombrables défauts de conception. Il n’est d’ailleurs dans les faits toujours pas au point et fait l’objet de mises à jour constantes, ce qui obère sa disponibilité.
Son fabricant, Lockheed Martin, est coutumier du fait puisque cette entreprise avait déjà livré à l’Allemagne en 1961 le second pire appareil jamais conçu, le F-104G Starfighter, avec à la clé un pot de vin de 10 millions de dollars versé à la CDU/CSU. Surnommé “The widow maker” - le faiseur de veuves - 212 des 916 F-104 achetés par la RFA se crashèrent, causant la mort de 115 pilotes…
Même chose aux Pays-Bas où 1,1 million de dollars fut versé au prince consort Bernard pour garantir l’achat de ce même F-104 Starfighter en concurrence avec le Mirage 5… Pays-Bas qui sont aujourd’hui les heureux propriétaires de F-35.
Dans la noria rédactionnelle que cette affaire a provoquée, le pompon est remporté par Marianne et Renaud Belais, de l’hyper-atlantiste Fondation Jean Jaurès et qui se trouve être également “conseiller institutionnel” au sein du bureau du PDG de MBDA, le premier missilier européen. Il est inquiétant de constater la méconnaissance totale du sujet d’un conseilleur à ce niveau-là. L’article est ici.
L’Allemagne, qui n’est pas une puissance nucléaire, n’a aucune mission de dissuasion nucléaire au sein de l’Otan parce que l’Otan n’a pas de mission de dissuasion nucléaire. Les dissuasions nucléaires américaines, anglaises et françaises ne relèvent pas de l’Otan pour une raison aussi simple que fondamentale : la dissuasion nucléaire ne se partage pas.
En revanche, les USA ont fait introduire dans les années 1960 une obligation pour les pays membres originels de l’Otan n’étant pas des puissances nucléaires de disposer d’appareils susceptibles de délivrer des bombes nucléaires gravitationnelles tactiques B61 (version B61-12 “rénovées” spécialement pour le F35, au nombre total de 400, dont environ 150 stockées en Europe) concomitamment avec un programme mal-nommé de “partage” de ces armes, comprendre leur stockage dans des bases en Allemagne, au Pays-Bas, en Belgique, en Italie et en Turquie, le coût d’entretien étant largement transféré à ces pays. Bien évidement, ces armes restent américaines et leur éventuel usage n’est pas à la discrétion des pays hôtes mais se fait sous seul ordre et sous strict contrôle américain.
L’armée de l’air US a retiré de son arsenal ces bombes en 2020, au motif que leur utilisation était devenue trop risquée du fait des avancées en matière de défense anti-aérienne, en particulier des S500 russes. Il se trouve qu’un F35 n’échappe pas plus aux S400 et S500 que les gros bombardiers stratégiques B52 des années 1950 encore en service…
Rien en matière d’arme nucléaire n’est tactique. A l’usage tactique répondra un usage stratégique.
Trois cas de figure possibles, sous ordres américains :
L’Allemagne procède à une ou plusieurs premières frappes nucléaires (c’est à dire offensives) sur le territoire - au hasard - de la Russie et alors la riposte russe sera bien plus brutale. Dans le quart d’heure qui suit, une ou plusieurs villes allemandes seront vitrifiées sans que l’Allemagne ne dispose des moyens pour prévenir ces frappes. Cela un nom : le suicide.
L’Allemagne procède à des frappes défensives pour arrêter la progression de l’armée russe, et vitrifie une partie du territoire d’un allié - au hasard la Pologne - ou bien de son propre territoire national. Et la riposte viendra vite. Cela un a un nom : le suicide.
Soit l’Allemagne a fait l’objet d’une frappe nucléaire et riposte, ce qui signifie que les bombinettes B61-12 n’ont eu aucun effet dissuasif.
Dans les deux premiers cas, ni les Américains ni les Anglais - pas plus que nous Français - ne répliqueront puisque ce sont le territoire national et les intérêts vitaux qui sont sanctuarisés par la dissuasion, pas la capitale de la République fédérale d’Allemagne. Dans le troisième cas, il est déjà trop tard.