[ Analyse ] Twist again à Washington
La perquisition du FBI au domicile de Donald Trump ressemble à un mauvais remake du Russiagate de 2016, cette manipulation montée de toutes pièces par la campagne de Hillary Clinton.

Les Etats-Unis, sous la présidence de Joe Biden et le contrôle des deux chambres par les démocrates, n’en finissent pas de sombrer. Sale impression d’être dans un “cross-over” entre “Y a t-il un pilote dans l’avion” et “Le jour de marmotte”, produit au rabais par une plateforme de vidéo à la demande.
Si l’ensemble du système politique fédéral est corrompu, jamais on n’avait vu une telle instrumentalisation de toutes les institutions policières, judiciaires et de renseignement pour abattre un seul homme. Sans succès aucun. Ce qui est drôle et jette une lumière crue sur la bêtise et l’ineptie de ceux qui sont aujourd’hui aux affaires.
Non pas que le FBI n’eût jamais renâclé à la manipulation, au chantage et à l’illégalité pour protéger les pouvoirs en place ou s’assurer de sa prééminence. Le fameux programme COINTELPRO, parfaitement illégal, mis en place par J. Edgard Hoover pour surveiller, manipuler et persécuter les syndicalistes, les militants de gauche et des droits civiques dont Martin Luther King et Malcom X, en est un exemple. Cet “effort” a rassemblé l’ensemble de la proverbiale “communauté du renseignement” pendant près de 30 ans.
La vérité a été établie - et la purge est intervenue après le Watergate et surtout le décès de J. Edgar Hoover - en 1975 par la Commission d’enquête “Church”, du nom du sénateur démocrate de l’Idaho qui la présidait. L’étendue de la corruption et des activités illégales sur le sol américain et à l’étranger de la CIA, de la NSA, du FBI et de l’IRS - oui, la direction des impôts - donnait le vertige.
Outre COINTELPRO, furent mis en évidence:
le programme MKULTRA qui a consisté à droguer sans leur consentement et à torturer des citoyens américains pour étudier le contrôle de l’esprit humain;
Family Jewels, le programme d’assassinats de dirigeants étrangers de la CIA;
L’opération Mockingbird par laquelle dès la fin de la seconde guerre mondiale les médias américains comme étrangers, en particulier européens, ont été infiltrés, financés et corrompus par la CIA;
Le projet Shamrock par lequel les sociétés de télécommunications donnaient accès à leur trafic à la NSA, agence dont l’existence fut la première fois portée à la connaissance du public lors des auditions de la commission Church.
Tous ce beau monde, toutes ces agences, se sont remis à faire ce que la commission Church avait permis d’interdire. Les verrous ont sauté après le 11 septembre, avec le Patriot Act et une flopée d’executive orders, de décrets présidentiels dont la plupart furent pris par Barack Obama, président qui détient le record absolu de poursuites lancées contre des journalistes au titre de la loi sur l’espionnage (8 en tout contre 2 lancées par G.W. Bush et 1 pour Richard Nixon). Des journalistes comme Julian Assange et des lanceurs d’alerte comme Edward Snowden ont apporté la preuve du retour de “l’Etat de sécurité nationale” à ses très mauvaises habitudes.
Parmi celles-ci, la manipulation de l’opinion pour contrer tous ceux qui auraient l’outrecuidance de se mêler ou de contrôler leurs opérations. Autant dire que quand Donald Trump parlait “d’assécher le marais” en 2016, c’était “l’Etat profond” qui était visé.
Le Russiagate, l’assertion que Donald Trump était agent russe en relation secrète avec le Kremlin par le truchement de la Alfa Bank via un serveur tout aussi secret situé dans la Trump Tower ? 100% bidon. Pure invention malveillante de la campagne de Hillary Clinton.
En revanche, le serveur email dans la cave de la maison des Clinton qu’a utilisé Hillary pour communiquer de manière non-sécurisée des informations classifiées alors qu’elle était secrétaire d’Etat de Barack Obama, lui, était bien réel. C’est entre autres ce qu’avait révélé Wikileaks, et c’est ce qui explique l’acharnement de l’administration américaine sur Julian Assange.
Le “dossier Steele”, selon lequel les Russes détenaient du “kompromat” sur Donald Trump, sous la forme d’une vidéo où figurait dans la suite présidentielle du Carlton des actes impliquant des prostituées et de l’urine ? Une pure fabrication, financée par la campagne de Hillary Clinton et rédigée par l’ancien chef du bureau Russie du MI6, le service de renseignement extérieur britannique.
L’enquête de plus de trois ans menée par l’ancien directeur du FBI Robert Müller sur les liens entre la campagne de Trump et le Kremlin déclenchée sur les manipulations mensongères de la campagne de Clinton? Rien donné.
Les multiples enquête déclenchées sur les affaires de Donald Trump, la Trump Organization, par Cyrus Vance, le procureur de New York? Peau de balle.
A moins bien sûr que le système judiciaire américain n’ait pour seule fonction d’aider CNN, MSNBC, Steven Colbert et Saturday Night Live à redresser leurs audiences catastrophiques…
Certes, Donald Trump n’est pas un enfant de cœur. L’immobilier à New York dans les années 1970-1980, n’était pas vraiment une réunion paroissiale. Sa personnalité et son comportement sont certes problématiques, mais pas plus dérangeants que ceux, par exemple, d’Emmanuel Macron. Il appert que durant sa carrière, Donald Trump n’a fait ni mieux ni pire que n’importe quel magnat de l’immobilier.
La perquisition à son domicile de Mar-a-Lago va exploser à la figure de l’administration Biden, incapable de sérier les conséquences de ses actes. Explosion politique puisque la base de l’électorat de Donald Trump resserre les rangs et qu’il caracole en tête des sondages chez les électeurs républicains. Explosion judiciaire car le moins qu’on puisse dire est que la régularité de la perquisition pose question.
Mise à jour le 23/08/2022, 14h11. Jonathan Turley, professeur de droit constitutionnel à la George Washington University et électeur démocrate, s’insurge face aux fuites organisées par le ministère de la justice qui dans le même temps persiste à refuser de rendre public l’affidavit qui lui a permis d’obtenir le mandat. Ce qui corrobore le chantier politique et non pas une enquête judiciaire ordinaire.