[ Edito ] Emmanuel Macron : le chaos ou le chaos
L'incapacité du président de la République et du complexe politico-médiatique à accepter l'issue d'un vote démocratique qui ne leur convient pas, est éminemment dangereuse.


Refuser la démission d’Elisabeth Borne pour que le “gouvernement puisse demeurer à la tâche” équivaut à considérer nul et non avenu le résultat des législatives. C’est “emmerder” les électeurs français. C’est le moyen d’éviter la question de confiance et un discours de politique générale.
Le peuple français détermine souverainement la composition de l’Assemblée nationale. Cette composition est une donnée, pas une variable. La variable, c’est le pouvoir exécutif, qui pour gouverner doit s’adapter et rechercher une majorité parlementaire, coalition permanente ou dossier par dossier. Il en est ainsi dans toutes les démocraties.
Quand on perd une élection législative, le gouvernement change. Ce que la presse ne semble pas vouloir comprendre, manière de nier une fois de plus la volonté des Français.
On voit même certains journalistes expliquer doctement dans le vénérable Dalloz que c’est l’Assemblée nationale qui devra faire face à des enjeux, retournement complet des normes …


Tout au Parlement doit toujours faire l’objet de marchandages, seule garantie que les lois votées sont le résultat de consensus les plus larges possibles, sans lesquels elles n’ont aucune légitimité. C’est pour cela que l’usage du 49.3 ne passe jamais dans l’opinion publique.
Cinq ans d’une majorité absolue composée de députés godillots ont fait des ravages. Les électeurs ont décidé qu’Emmanuel Macron et ses conseillers ne dirigeraient plus le pays seuls de leur tour d’ivoire à l’Elysée.
Les Français ont décidé d’imposer à Emmanuel Macron le contrepouvoir qu’il s’est acharné à détruire. Ils exigent que nos institutions fonctionnent comme le prévoit notre Constitution.
Tout à son arrogance et son hubris, le président de la République a fait, comme à chaque fois qu’il se retrouve confronté à la réalité, le double choix de la fuite de ses responsabilités et du pourrissement. Son calcul cynique est bien celui de tout mettre en œuvre pour que la situation dégénère, pour provoquer un blocage du pays.
Il compte pousser à son paroxysme ce qui est déjà présenté comme du désordre alors qu’il ne s’agit que l’état normal de la vie démocratique et parlementaire, afin d’en épingler le blâme sur l’opposition aujourd’hui majoritaire. Il espère que la contestation se fasse dans la rue plutôt qu’au Palais Bourbon. Histoire de prouver par l’exemple que c’est lui ou le chaos. Et pour dissoudre l’Assemblée le plus rapidement possible.
Son calcul est mauvais, car tout désordre lui sera imputé par les électeurs. C’est l’une des leçons à tirer des dernières législatives.
Et si jamais le débat politique se déplace dans la rue, il est fort à parier que cette fois-ci l’hélicoptère en stand-by dans les jardins de l’Elysée servira bien à l’évacuer.
Emmanuel Macron est un homme dangereux, qui récuse systématiquement le fondement de la démocratie, à savoir qu’il n’y a qu’un seul souverain, le peuple, devant les décisions duquel les trois pouvoirs s’inclinent.
Il serait bon que l’ensemble des groupes d’opposition mettent de côté leurs divergences et s’accordent pour voter une motion de censure qui fera tomber le gouvernement Borne.
La première mission que leur ont confié les électeurs le week-end dernier est de cadrer un président qui les méprise. Ils appartient aux députés de toutes les oppositions de forcer Emmanuel Macron à respecter le choix des Français et à rétablir le fonctionnement normal de nos institutions. Quitte à aller jusqu’à la procédure de destitution si besoin est.