[ FEUILLETON ] UNITED NONSENSE
Quatrième épisode de la fiction de Louis-Hervé Oswald, en exclusivité pour L'Eclaireur.
- Vous comprenez, Per, la situation dans laquelle je suis ?
- Franchement, ça me dépasse un peu, Monsieur…
- Tatatata ! Willy je vous ai dit !
- Vous appeler par votre prénom ne m’éclaire pas plus…
Le chat de race castré me vise, interdit : j’ai usé de sa syntaxe. Je l’ai taclé dans sa zone de réparation. Forcément, penalty.
Willy Sörrensen sourcille. Puis se fend d’un sourire sec, qui me rappelle le sexe de Tuva dans les vestiaires “inclusifs”.
- Bon. Per, je ne vais pas tourner autour du pot. Vous n’avez pas les diplômes et l’expérience pour rentrer dans le service, mais on va vous aider à y travailler.
Je suis aussi interdit qu’un Burqini en Israël.
-Le vieux Blumenberg veut vous voir.
J’en reste aussi interdit que le bikini en Afghanistan.
-Mais, mais je…
-Suffit Per. Moi, je ne l’ai jamais rencontré malgré mes hautes fonctions. Nous faisons partie de la même loge et je ne l’ai eu au téléphone qu’une fois! La fois où il a demandé à vous voir. Ce matin. Donc vous le verrez. Demain pour déjeuner à Bagatelle. Il vous invite. A midi. Habillez-vous bien, et ne sentez pas la clope. Il y en va de la tenue du corps de la police d’Oslo.
-Mais…
-Ecoutez Per, je ne suis pas dans la tête de cet homme. Il demande, je concède! Vous vous rendez compte d’à qui nous avons à faire?
Un ange passe. Le chat de race castré se pince la lèvre inférieure entre le pouce et l’index. Il redresse la tête, me fixe droit dans les yeux un instant puis se fend d’un sourire.
-Il m’a vaguement parlé de votre grand-père, durant la guerre, si cela peut vous aider à saisir. Parce que moi, à la lecture de votre dossier, je ne vois pas.
-Hein?
-Brigadier Tranksen, démerdez-vous! Ne nous faîtes passer pour des buses. Et venez au rapport après. Ce sera tout.
Appelez-moi Willy m’a dit Willy. Je vous appelle Per. Et mon derrière, c’est du phacochère? La guerre. Merde. Mon grand-père. Maternel ou paternel? Parce que de la guerre, je ne connais que ce qu’ils m’ont raconté, pas grand chose. Presque rien. L’un m’a dit taire sa guerre pour que jamais l’idée me vienne de la faire. L’autre m’ a dit que je ne pouvais pas comprendre.
- Et ne finissez pas votre verre, Tranksen! Votre patrouille vous attend.