Affaire des SMS : Ursula Von der Leyen visée par un signalement pour corruption passive
L'opacité dans laquelle baignent les négociations autour des contrats des vaccins contre la Covid reste totale, révélant une Commission européenne sans véritable contrôle.

Il n’est pas de bon ton de poser la question de la transparence et des liens d’interêts dans la gestion de la crise sanitaire par les instances européennes. On l’a vu, revu et re-revu avec le flou – pour ne pas dire plus – dans lequel baignent les discussions autour des contrats entre la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen en personne et le PDG de Pfizer-BioNTech Albert Bourla.
Pour rappel, le laboratoire germano-américain a empoché le gros lot sans beaucoup s’enquérir de la procédure usuelle : 2,4 milliard de doses de vaccin à écouler jusqu’en 2023 avec des prix par dose passant curieusement de 15,50 à 19,50 euros, pour un montant total de 35 milliards d’euros. Voilà pour le premier acte, à lire là :
Quand la Cour des comptes européenne a voulu mettre son nez dans ces négociations préliminaires à huis-clos, on lui a notifié que cela ne la regardait pas. Second acte, à lire ici. Enfin, quand la Commission spéciale Covid, émanation du Parlement européen mise sur pied en avril dernier pour tirer les leçons de la crise sanitaire, s’est mise en tête d’auditionner Albert Bourla, Pfizer lui a envoyé Janine Small, la présidente des marchés internationaux développés.
Qu’est ce que cela nous dit ? Que ce manque de transparence et ces liens tous azimuts, non content de donner du grain à moudre à toutes les théories complotistes possibles, n’est aussi entravé en rien. Et par personne. Il y a bien quelques députés européens, parfois vite rangés dans la catégorie des anti-système voire des anti-vaccins histoire de couper court à toute discussion et critique possible, pour faire quelques vagues dans l’hémicycle.
Mais les marges de manœuvre du Parlement européen sont pour le moins limités comme l’expliquent ses services à L’Eclaireur.
« La commission spéciale Covid, comme toute commission spéciale, a comme objectif final un rapport non-législatif, qui donnera des recommandations à la Commission et aux États membres. Donc tout ce que le Parlement peut faire, au niveau des commissions parlementaires ou de la plénière, est d'exercer de la pression politique. Depuis le début de la crise sanitaire, le Parlement a continuellement demandé plus de transparence dans tous les aspects de la stratégie implémentée par la Commission ».
« Différents commissaires ont aussi été interrogés pendant des réunions des commissions et en plénière. Le Parlement a bien essayé d'introduire des obligations sur plus de transparence en général dans des différent dossiers législatifs sur l'union de la santé. Par contre, toutes ces dispositions s'appliqueront dans l'avenir, pas concrètement ou rétroactivement sur la gestion de la crise actuelle ».
La totale transparence, c’est donc pour plus tard. Peut-être. Lundi 10 octobre, la Commission spéciale Covid en a fait l’expérience alors qu’elle était appelée à entendre les différents laboratoires avec qui la Commission européenne a négociée.
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