Alliance citoyenne à Grenoble : une enquête judiciaire ouverte sur l'existence de fichiers
L'enquête sur des fichiers ethniques, politiques et religieux vise l'association pro-burqini dont les liens avec les islamistes sont avérés. Révélations ? Ces fichiers sont connus depuis 2019.

C’était devenu trop visible. Trop sensible sûrement aussi après le vote par la Ville de Grenoble de l’autorisation faite aux porteuses de burqini d’investir les piscines publiques de la ville1.
Le 17 mai, le préfet de l’Isère a fini par saisir le procureur de la République pour détention de fichiers illégaux après la révélation - dit-on - de la constitution de plusieurs listings d’habitants assortis d’annotations sur leurs comportements ou opinions.
Une pratique illégale comme nous le soulignions dans un précédent article. Comme le stipule la loi Informatique et liberté, la collecte ou le traitement « des données à caractère personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses ou l'appartenance syndicale des personnes, ou qui sont relatives à la santé ou à la vie sexuelle de celles-ci », est interdit.
Dans la foulée, le procureur de la République Eric Vaillant a donc ouvert une enquête judiciaire pour les faits d'enregistrement ou conservation de données à caractère personnel sensibles sans le consentement de l'intéressé. Délit puni d'une peine de 5 ans d'emprisonnement et 300 000€ d'amende 2.
Un bon gros retard à l’allumage
En 2019, année qui n’était pas électorale, les pouvoirs publics avaient été avisés de telles pratiques. Sans jamais manifestement donner suite ni répondre à ces signalements. Avisés de la gestion hasardeuse aux dires de plusieurs membres et administrateurs (partis depuis) de l’association. D’instrumentalisations internes, des statuts pas à jour et des comptes non validés de l’Alliance citoyenne.
Des liens aussi avec différentes organisations, dont l’Open Society, la fondation du milliardaire américain Georges Soros qui soutient, voire téléguide, et subventionne largement l’association.
Une demande de financement à l’en-tête “Open Society Initiative for Europe - OSIFE” datant de 2016 qui m’avait été transmise à l’époque, donnait une petite idée des liens et des méthodes mises en place et tissés à Grenoble.
« The islamophobic atmosphere following the attacks (terrorist attacks
, ndlr) has increased political accusations against Alliance Citoyenne to be “communautarist” because of the mosques active in the movement and some imams making speeches during Alliance local assemblies. At some point it makes it easier for the Alliance opponents to criticize the community organization and its diverse members and allies as being troublemakers threatening a fragile social order ».
Traduction : « L’atmosphère islamophobe qui a suivi les attentats terroristes a accru les accusations politiques contre l’Alliance citoyenne d’être “communautarisme” en raison de mosquées actives dans le mouvement et de certains imams faisant des discours lors des assemblées locales de l’Alliance. A un moment donné, il est plus facile pour les opposants à l’Alliance de critiquer l’organisation communautaire et ses divers membres et alliés comme étant des fauteurs de troubles menaçant un ordre social fragile ».
Des liens très forts avec les Etudiants musulmans de France, antichambre des Frères musulmans
« Since discrimination against muslims is a major concern of alliance leaderships, links have always been strong with Etudiants Musulmans de France federation whose Grenoble group was very active in local campaigns against discrimination. Going global, alliance will build stronger partnership with the national org. in its new national scope, partnership with CCIF could be developed especially to prepare wider campaign on islamophobic practises.»
Traduction : « La discrimination à l’égard des musulmans étant une préoccupation majeure des directions de l’Alliance, les liens sont toujours été forts avec la fédération des Etudiants musulmans de France dont le groupe grenoblois a été très actif dans les campagnes locales contre les discriminations. En devenant mondiale, l’Alliance établira un partenariat plus solide avec l’organisation nationale. Dans son nouveau périmètre national, un partenariat avec le CCIF pourrait être développé notamment pour préparer une campagne plus large sur les pratiques islamophobes ».
Or, les liens entre les Etudiants musulmans de France – dont l’un d’entre eux, Khaled Ghrissi, est membre fondateur de l’Alliance citoyenne à Grenoble – et les Frères musulmans sont documentés. « Les EMF forment la branche étudiante de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), rebaptisée Musulmans de France en 2017 et ouvertement frériste. Le syndicat étudiant est pour la maison mère ce qu'a longtemps été l'Unef pour le PS : un canal de recrutement. Selon un de leurs anciens présidents, Mohamed Louizi, les EMF ont vocation à attirer des jeunes et à les “préparer pour faire acte d'allégeance envers les Frères musulmans “», relatait Erwan Seznec en 2019 dans Marianne.
Quant au CCIF, rappelons que l’association s’est auto-dissoute en octobre 2020, avant la parution, le 2 décembre, d’un décret qui l’accusait notamment d’accréditer « un soupçon permanent de persécution religieuse de nature à attiser la haine, la violence ou la discrimination ». Avant de se re-constituer en Belgique sous le nom de CCIF Europe.
Belgique, plaque tournante du salafisme en Europe, où la mosquée des Alpes en cours de construction dans le quartier Teisseire (l’Alliance citoyenne y compte une grande partie de ses membres) sur un tènement démembré d’un équipement sportif municipal - un stade - vendu à un prix très en dessous de sa valeur vénale par Eric Piolle, manière de subvention détournée, va aller récolter des fonds pour suppléer aux 500 000 euros qu’il lui manque pour le gros œuvre. L’Association des musulmans unis qui gère cette mosquée a par le passé invité des prédicateurs salafistes tels que Hassan Iquioussen et Abou Anas.
Par 29 voix pour et 27 contre (toute l’opposition et plusieurs élus de la majorité), la Ville de Grenoble a voté la modification du règlement des piscines municipales. Aussitôt, Laurent Wauquiez a annoncé couper les subventions de la Région Auvergne Rhône-Alpes à la Ville de Grenoble. Au nom d’une élue de l’opposition de droite (Brigitte Boer), l’avocat Thierry Aldeguer a déposé un référé-suspension pour faire annuler la délibération.
“S’agissant de faits anciens (2015), le directeur de l’Alliance citoyenne a fait l’objet d’un rappel à la loi en novembre 2022”, nous a fait savoir le procureur de Grenoble Eric Vaillant.