Allocution de Macron : on a définitivement perdu l'hôpital
L'hôpital coule et Emmanuel Macron regarde ailleurs. Laissant à Olivier Véran le soin de colmater les brèches à coup de bouts de sparadrap dans une tournée promo du Ségur qui frise le ridicule.
L’allocution d’Emmanuel Macron aura au moins révélé une chose : notre président de la République est incontestablement plus apte à vendre des vaccins que des sous-marins. En une heure après son discours, 100 000 rendez-vous étaient pris sur Doctolib. Chiffres livrés par la plateforme de rendez-vous médicaux en ligne elle-même. 100 000 rendez-vous, une paille toutefois quand on sait que les Français de plus de 65 ans sont 7 millions.
Pivot de la campagne de vaccination, la start-up allonge son pas sur celui du chef de l’État. Après s’être imposée sur le marché de la prise de rendez-vous en ligne des libéraux – la plate-forme équipe un quart des soignants avec son logiciel – Doctolib s’attaque à un hôpital mis en pièces par les politiques d’austérité successives.
Ce n’est certes pas nouveau. Depuis 2016, Doctolib s’est imposé à l’AP-HP (Paris). Depuis 2019 à l’AP-HM (Marseille). Elle équipe désormais 250 établissements. Dans la région, le dernier en date, l’hôpital Saint Joseph Saint Luc à Lyon vient de convertir tous ses services. Mais demain, la plate-forme a en projet d’élargir son offre en y intégrant, par exemple, les pré-admissions en ligne ou les échanges entre médecins. Ça tombe bien, le Ségur de la Santé a prévu 4 milliards d’euros pour le numérique, dont 5,6 millions d’euros en Auvergne Rhône-Alpes.
Après le nettoyage, la restauration, la blanchisserie ou les parkings, la découpe de l’hôpital public se poursuit grand train. Comme le souligne “Nos services publics”, un collectif d’agents chargés de la conception, de l’évaluation et de la mise en œuvre des politiques publiques :
« Le recours à des prestataires externes entraîne une perte problématique de savoir-faire de la puissance publique, incapable de mettre en œuvre de façon autonome nombre de ses politiques. C’est tout un patrimoine immatériel des services publics, de compétences métier, de savoir-faire organisationnel voire parfois de réflexion stratégique, qui est fragilisé. Le cas du récent marché conclu avec des cabinets de conseil pour mettre en œuvre la stratégie nationale de vaccination contre le Covid-19 l’illustre bien, au moment même où disposer d’une administration de la santé robuste était le plus nécessaire ».