[ Analyse ] Le Grand Incontinent
La revue Le Grand Continent est peuplée de cabalistes sous acide. Elle prétend que l'administration Trump veut un changement de régime en Europe.
La diplomatie consiste à convaincre. Si l’on n’arrive pas à convaincre, à influencer. Et si l’on n’arrive pas influencer, alors à persuader. Au delà, on rentre dans le domaine de la guerre, qu’elle soit économique, informationnelle, culturelle ou militaire.
Qui sont donc ces gens au pouvoir à Washington depuis janvier dernier qui osent avoir une politique étrangère claire et en exprimer les objectifs, les voies et les moyens? Ils le font ouvertement sur le Substack officiel du département d’Etat, ces malotrus!
Substack, vous savez, cette plateforme où des gens qui aiment lire trouvent de l’information d’une qualité très supérieure à celle de la presse traditionnelle, parce que ceux qui font le choix d’y écrire rédigent pour leurs lecteurs plutôt que pour des annonceurs, leurs actionnaires et les Etats qui les subventionnent? Mais si vous savez, puisqu’en nous lisant, vous êtes sur Substack.
Des officiels du département d’Etat publient donc sur Substack des articles de fond plutôt que passer leur temps à poster des selfies sur les réseaux sociaux. Prendre la plume - quelle avanie ! - au lieu de stipendier tout ce que compte l’Europe de laquais comme leurs prédécesseurs l’ont fait depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, au point que Najat Vallaud-Belkacem, qui jusqu’à présent était grassement rémunérée par une officine démocrate canal Clinton - One Campaign - pour un travail dont nous peinons toujours à saisir la nature, fait des pieds et des mains pour rentrer à la Cour des comptes afin d’assurer l’ordinaire…
Qui sont ces sinistres individus dirigés par une orange outrance qui ont supprimé USAID, une gigantesque usine à corruption internationale à 45 milliards de dollars l’an qui irriguaient cabinets de conseil et ONG à l’impact humanitaire quasi-nul, mais au sein desquels des diplômés de grandes écoles prospéraient en sauvant le monde une cocktail party et un coup d’Etat à la fois ?
L’administration Trump a bien l’intention d’assécher le marais, d’éradiquer le blob washingtonien jusqu’à ses excroissances européennes, Europe où des acteurs clés de l’Etat profond se sont déjà repliés. Certains diront que ce n’est pas démocratique. Que nenni, puisqu’il ne s’agit pas là de supprimer les libertés fondamentales et d’établir une dictature mais de reprendre en main, et les politiques régaliennes et les énormes budgets qui les financent. C’est le grand retour de la politique et remise à sa juste place de la bureaucratie, un exécutant loyal, non pas un acteur autonome.
La question qui nous préoccupe n’est pas d’être d’accord avec les politiques menées par Donald Trump et son équipe. Nous ne sommes pas américains. Il s’agit plus prosaïquement de bien sérier ce que veut et fait l’administration américaine. Le journalisme n’est pas affaire d’opinion, mais de faits.
Ne voilà-t-il pas que l’officine macroniste et eurofédéraliste qu’est l’autoproclamée “première revue européenne” Le Grand Continent - en fait le fanzine de luxe de l’Ecole Normale Supérieure, où l’association qui l’édite a ses bureaux, au 45, rue d’Ulm - nous fait une crise de complotisme carabiné.
Encore un média sous forme d’ONG financé par de très généreux donateurs forcément désintéressés et dont la ligne éditoriale, forcément indépendante et empreinte d’objectivité, ne sert nul autre dessein qu’informer le public. Quel équipage tente-t-on de propulser ainsi?
Le Grand Continent se fend d’une explication du texte, traduit par nos soins ci-dessous, de Samuel Samson, haut fonctionnaire du Département d’Etat.
Le Grand Continent affirme que l’administration Trump veut un changement de régime en Europe.
Ces gens sont fous, au sens où ils sont dans l’incapacité de lire un texte pourtant limpide sans immédiatement chercher à y découvrir, tels des cabalistes sous acide, un sens caché qu’eux seuls, initiés, sont susceptibles de déchiffrer par des rites obscurs dont la maîtrise demande des années d’apprentissage dans les dîners en ville parisiens.
Leur lecture étant paranoïaque, ils ne prêtent à l’auteur que les intentions qui les confortent dans leur paranoïa. Paranoïa qui est, rappelons-le, une psychose qui s’articule sur le déni de réalité - la réalité et l’expérience n’existent pas, ne servent pas de boucles de rétroaction pour qualifier la pensée dogmatique.