[Analyse] Procès de Kyle Rittenhouse : les faits, tous les faits, rien que les faits
Le traitement la presse américaine, internationale et française de cet acquittement est frelaté au point qu'il est nécessaire d'apporter quelques clarifications.
Nous nous sommes faits griller au poteau par Hashtable qui a publié une analyse particulièrement affutée. Mais ce verdict est d’une importance politique telle et jette une lumière crue sur la machine de propagande qu’est devenue la presse corporative, que nous ne vous épargnons pas notre analyse.
L’acquittement de Kyle Rittenhouse, jugé pour avoir tué deux personnes et en avoir blessé une troisième en marge de manifestations “antiracistes” Black Lives Matter en 2020 à Kenosha est aussi important politiquement que celui, en 1992, des policiers ayant passé à tabac Rodney King. Il marque la fin d’un cycle aux USA. Il marque la fin de la domination de la gauche néolibérale dans et sur l’opinion. Il est le dernier clou dans le cercueil d’une presse corporative (NBC, ABC, CNN, MSNBC, New York Times, Washington Post etc.) à la dérive depuis trente ans. Il est la chaise électrique sur laquelle vient de frire le politiquement correct. Tout comme l’affaire Rodney King fut l’injection létale infligée au reaganisme qui fit comprendre à l’Amérique que trop peu de choses avait changé depuis la fin de la ségrégation et les droits civiques.
Dans un pays aussi légitimiste et procédurier que les États-Unis, le retour au réel se fait souvent dans les salles d’audience. Avec un droit qui évolue plus par la jurisprudence que par le travail législatif, certains verdicts ont une signification politique qui résonne bien plus fort et profondément qu’en France.
Question de contexte également. Campagne présidentielle et hystérie racialiste construite de toutes pièces. Ce sont les médias, certains politiciens et la pléiades d’ONG supplétives du parti démocrate et financées par des milliardaires, George Soros en tête, qui ont crée le contexte qui vient de les mener à leur propre perte.
Depuis l’élection présidentielle de 2000 où la victoire de George W. Bush face à Al Gore ne fut proclamée qu’un mois après une amère contestation (vous souvenez-vous des bulletins mal perforés de Floride ?), le “camp du bien” autoproclamé n’a plus supporté la défaite. Forcément causée par des facteurs exogènes et non pas parce que son candidat était le moins bon et proposait un mauvais programme.
Comment les électeurs américains peuvent-ils voter pour autre chose que le camp du bien ? Puisque c’est le bien. A moins d’être manipulés dans quelque plan machiavélique fomenté par des intérêts occultes et/ou des puissances étrangères cherchant à saper les fondements de la démocratie américaine.
C’est pour cela que ce camp du bien s’est acharné en continu pendant quatre ans sur Donald Trump en faisant tourner en boucle des accusations gravissimes qu’on sait aujourd’hui fabriquées de toutes pièces, abusant une très grande partie de l’opinion. Que Donald Trump n’ait pas le nez propre, soit. Il s’agit néanmoins de ne pas lui reprocher ce qu’il n’a pas fait.
Kyle Rittenhouse, accusé de deux meurtres, d’une tentative de meurtre, de port d’arme prohibé et de mise en danger de la vie d’autrui pour des faits s’étant déroulés lors d’une manifestation/émeute/pillage “Black Lives Matter” à Kenosha (Wisconsin), a été unanimement acquitté par le jury, qui a considéré qu’il avait agi en légitime défense.
Kyle Rittenhouse a été présenté pendant 18 mois par les médias corporatifs comme un terroriste suprémaciste blanc, un raciste, qui avait franchi les limites de l’État avec un arme illégale sans autre but que de casser du noir. Sur la base d’une interview, de billets facebook et de tweets.
Les torts de Kyle Rittenhouse ? Aimer les armes à feu, comme une multitude d’Américains y compris de gauche. Vouloir rentrer dans la police et avoir publié sur les réseaux sociaux des messages de soutien à Blue Lives Matter. Et avoir ouvertement indiqué sur ces mêmes réseaux sociaux supporter Trump lors de l’élection présidentielle.
L’intention du “camp du bien” et des médias corporatifs était de trouver en pleine campagne présidentielle un angle polarisant, si possible racial et pouvant impliquer l’extrême-droite, autorisant à jeter de l’huile sur le feu, à exacerber l’émotion, les passions et les esprits. A grand coup de manipulation des faits, de reportage orientés, de tribunes outragées. Au point que la plupart des Américains étaient convaincus que les victimes de Kyle Rittenhouse étaient noires, alors qu’elles sont toutes blanches et toutes des délinquants multirécidivistes. Le procès, diffusé en direct, leur a fait prendre conscience de leur méprise, et que la presse les avait abusés.
Il s’est agi en utilisant ce drame de poursuivre la véritable guerre politique que mène le “camp du bien” contre toute forme de désaccord, d’opinion dissidente et d’opposition.
La réaction à double détente de Joe Biden laisse songeur. Il a d’abord déclaré “Je m’en tiens à ce que le jury a conclu. Le système de jury fonctionne et nous devons le respecter”, la seule réponse possible du fait de la séparation des pouvoirs. Pour ensuite se fendre d’un nouveau communiqué : “le verdict à Kenosha laisse de nombreux Américains en colère et inquiets, moi y compris”. Le même Joe Biden a qualifié les émeutiers du Capitole de terroristes. Alors que les leaders de Black Lives Matter cautionnant les pillages comme des “réparations” ne lui ont même pas arraché un froncement de sourcils.
Et ce “narratif “ (quel immonde anglicisme) du méchant terroriste suprémaciste blanc supporter de Trump a tranquillement percolé dans la presse française qui n’a - est-ce surprenant ? - pas eu la conscience professionnelle de vérifier les faits et d’user de la retenue qui sied dans une affaire criminelle complexe s’étant déroulées à 6000 kilomètres de Paris. Voyez donc le traitement qu’en a fait notre service publique audiovisuel. Cent pour cent de bidonnage, aucune vérification. Littéralement pompé sur une “enquête visuelle” du New York Times. Si le New York Times le dit, on copie.

L’enquête de police et les éléments présentés lors des audiences ont montré de manière irréfutable que Kyle Rittenhouse :
n’est ni un suprémaciste blanc ni raciste et n’a aucun lien avec des organisations considérées comme telles;
ne détenait ni ne portait son arme illégalement;
réside à 30 kilomètre de là, dans l’État de l’Illinois mais avait habité Kenosha où il a de nombreux amis et de la famille;
était poursuivi par des “manifestants” qui l’ont agressé, ont en premier ouvert le feu et ont tiré plus de coups que lui;
avait respecté “l’obligation de retraite” (c’est à dire l’obligation d’éviter la confrontation et de fuir la menace) prévue par la loi.
L’acquittement dans ces conditions est donc aussi logique que juste, l’accusation ne disposant pas d’éléments lui permettant de prouver la culpabilité de Kyle Rittenhouse et l’enquête ayant démontré qu’il avait des raisons légitimes de croire sa vie en danger et donc d’ouvrir le feu. Même si la sagesse qu’il y a de laisser déambuler dans les rues un soir d’émeute un gosse de 17 ans un AR15 chargé en bandoulière est très discutable, ce n’est pas prohibé par la loi du Wisconsin.
Le juge de ce procès diffusé en direct à la télévision, a dû, fait extrêmement rare, sortir de sa réserve et remettre sèchement en place la presse, pour finir par exclure MSNBC de la salle d’audience parce qu’un de ses journalistes avait suivi le bus conduisant les jurés sur le lieu de leur isolement (les jurés étaient en dehors des délibérations séquestrés dans un hôtel afin de ne subir aucune influence ou pression extérieure).
Juger une personne pour ce qu’elle est a un nom : un procès en sorcellerie. La justice juge d’actes, le caractère ou la qualité du prévenu n’est qu’une information périphérique servant à comprendre l’acte et à sérier des circonstances atténuantes ou aggravantes.
Quel traitement la presse française fait-elle de cet acquittement?
Prenons Le Monde, ce grand journal de déférence du soir.
Cet acquittement ne divise pas les États-Unis. C’est faux. Il fait brailler le camp du bien, minoritaire.
Kyle Rittenhouse n’a pas utilisé d’arme automatique. Un AR15 est une arme semi-automatique, version civile du fusil d’assaut M16.
Les USA ne sont pas déchirés par le débat “sur son système judiciaire et le droit d’user de son arme au nom de la légitime défense.” Le débat sans fin sur les armes - en posséder est un droit constitutionnel aux États-Unis, c’est le deuxième amendement de la Constitution - ne se pose pas en ces termes. Il ne peut concerner que la nature et le nombre d’armes pouvant être détenues. Le “camp du bien” enrage car la Constitution des USA ne peut pas se modifier comme celle de notre Ve république, qui a été pervertie par les multiples révisions constitutionnelles résultant de tractations de couloir dans le petit entre-soi de la classe politique française.
La légitime défense n’est pas très protégée dans l’État du Wisconsin. Le Wisconsin n’est pas un Etat “stand your ground”. La loi “stand your ground” appliquée dans 35 Etats américains sur 50 prévoit qu’on peut faire usage de la force en état de légitime défense en cas d’effraction de son domicile, de son véhicule et de son lieu de travail. Dans ces États, il est sur le papier possible de faire usage de son arme sur une personne qui refuse de quitter votre pelouse.