[ Analyse ] Taïwan et Ukraine: même "playbook, même "game plan", même manœuvre américaine
Les USA font à leurs alliés de la région Asie-Pacifique la même chose qu'ils ont fait à l'Europe avec les hydrocarbures et matières premières russes au prétexte de la guerre en Ukraine.
Les Etats-Unis multiplient les provocations contre la Chine en armant Taïwan avec du matériel considéré comme offensif. La Chine répond avec des manœuvres à grande échelle et en survolant le territoire taïwanais (ce qu’elle a le droit de faire), manière de bien désigner ses cibles en cas de conflit. Cela s’appelle de la dissuasion.
L’entreprise d’affaiblissement de la Russie a sinistrement échoué et a résulté en la destruction prévisible de l’Ukraine. L’administration Biden, aussi incompétente que corrompue, incapable de gérer les affaires intérieures du pays et la frontière Sud du pays, multiplie les provocations à visée de stricte politique intérieure.
Nous republions notre analyse effectuée après la visite à Taïwan de Nancy Pelosi, la bientôt ex-présidente de la Chambre des représentants.
Et pour mieux comprendre pourquoi les USA sont dans une impasse stratégique totale en Asie aussi, nous conseillons de regarder la vidéo ci-dessous. Les explications d’Alain Juillet (ancien directeur du renseignement de la DGSE) et de l’amiral Edouard Guillaud (ancien chef d’État major des armées) sont lumineuses.
Il faut bien saisir que le mauvais coup du contrat des sous-marins annulé par l’Australie visait bien plus à maintenir ce pays sous dépendance américaine qu’à heurter l’industrie navale française. Avec cette annulation et le passage à des sous-marins à propulsion nucléaire d’occasion que les Américains et les Anglais sont incapables de livrer, l’Australie vient de perdre quinze ans et ne bénéficiera pas des perspectives d’autonomie stratégique que l’achat des sous-marins français lui aurait permis d’avoir quant à sa politique vis-à-vis de la Chine. Car l’Australie n’a pas plus intérêt à un conflit avec la Chine que l’Europe avec la Russie. Les USA, si.
Les USA et le Royaume-Uni, aidés par les services australiens et les médias possédés par un certain Rupert Murdoch, n’ont-il pas organisé un coup d’Etat en Australie contre un gouvernement travailliste qui voulait à l’époque retirer ses troupes du Vietnam (on oublie que les australiens s’y battaient) et fermer la station d’écoute de la NSA de Pine Gap ?
En Chine, l’invasion américano-franco-britannique de 1856 qui culmina par le sac du Palais d’été le 18 octobre 1860, reste dans toutes les mémoires et est commémoré chaque année, manifestation d’un nationalisme bien trop souvent sous-estimé. L’un des musées les plus visités à Paris par les touristes chinois est le Musée des armées aux Invalides. Parce qu’y est exposé l’habit de guerre de l’Empereur Qianlong (1736-1796), qu’il porte sur le célèbre portrait équestre (en illustration de l’article) peint par le père jésuite Giuseppe Castiglione à l’occasion d’une parade militaire en 1758. Ce portrait est aujourd’hui conservé à la Cité interdite.
Taïwan, cédée au Japon après la première guerre sino-japonaise de 1895, a été le point de départ de l’invasion de la Chine par le Japon impérial en 1931, accompagnée d’indicibles exactions, de massacres comme celui de Nankin (nous nous garderons de poster la photo célèbre de ce soldat nippon brandissant fièrement un bébé empalé sur la baïonnette de son fusil), de viols de masse, de concours de décapitation au katana (filmés) et de tortures en tous genres.
Environ 30 millions de Chinois périrent durant la Seconde Guerre mondiale. De nombreux furent réduits en esclavage ou utilisés comme cobayes par l’infâme unité de recherche japonaise 731, dont les Américains récupèrent les “chercheurs”, des criminels contre l’Humanité à comparer desquels Josef Mengele fait figure de sinistre petit laborantin amateur (si tant est qu’on puisse établir une graduation à ce niveau d’horreur). Aucun ne fut jugé.
Il faut être parfaitement fou pour croire que la Chine laissera Taïwan être transformée en île garnison. Tout comme il fallait être sérieusement siphonné pour croire que la Russie ne finirait pas par réagir à une Ukraine sous protectorat américain, sur-militarisée et agressive, dont l’Etat est dans les faits dirigé par des ultranationalistes/néonazis viscéralement anti-russes mis en place par l’Occident après le coup d’Etat de 2014.
La Russie comme la Chine ont clairement exprimé quelles sont leurs lignes rouges respectives et spécifié ce qu’elles considèrent comme des menaces existentielles, afin de prévenir toute erreur de calcul. Depuis des années.
La pirouette de Nancy Pelosi à Taïwan ne visait pas à protéger la “démocratie” taïwanaise. Démocratie toute relative puisque le système politique de l’île est grandement contrôlé par des mafias, les triades, du moins celles qui fuirent les communistes à Formose plutôt qu’à Hong kong, dans les bagages des nationalistes de Tchang Kai-chek après leur défaite de 1949.
Taïwan est officiellement une province autonome de la République populaire de Chine, non pas un État indépendant et souverain. La position officielle de l’Onu, des USA, de l’Union européenne et du reste du monde est de ne reconnaître qu’une seule Chine, celle de Pékin. Depuis 1971.
Les Etats-Unis se fichent de la démocratie taïwanaise comme ils se fichent de l’ukrainienne. Les motivations de ce qui a consisté à allumer un énorme incendie dans l’une des régions, la mer de Chine, les plus volatiles au monde, sont peu avouables.