[ Analyse ] Twi(s)tter again à Washington
Alors que les Twitter Files démontrent la manipulation active de l'opinion et de la présidentielle américaine par le FBI et les agences de renseignement, nous republions notre analyse du 22 août 2022.
Les Twitter Files, que la grande presse française s’évertue consciencieusement à ne pas couvrir alors que bien pire a été fait en France (qui détient depuis au moins 8 ans le record du monde de censure d’Etat de contenu sur Twitter), sont une énorme bombe à retardement. Ils démontrent une censure exigée par certaines factions politisées du gouvernement fédéral, par le truchement du FBI, du département de la sécurité intérieure et la “communauté du renseignement”. Y compris en payant puisque Twitter a touché 3,4 millions de dollars du FBI pour ce faire.
Souvenons-nous que le Watergate a mis deux ans pour infuser et aboutir en 1974 à la démission de Richard Nixon. C’était une affaire bien moins grave puisqu’il ne s’était pas agi de manipuler l’opinion et des élections, “juste” du cambriolage de locaux du parti démocrate par les “plombiers” de la Maison Blanche et de la tentative de dissimulation en usant, entre autres, de la CIA.
Nombreux sont ceux aux USA qui exigent une nouvelle Commission Church, du nom du sénateur démocrate qui l’avait présidée à partir de 1975. Cette commission d’enquête sénatoriale révéla, sous les yeux effarés des citoyens américains, les agissements des agences de renseignement et d’un FBI hors de tout contrôle et opérant dans l’illégalité la plus totale.


Entraver la liberté d’expression garantie par le premier amendement de la Constitution américaine est un crime. Il va donc y avoir du sport aux USA dès que la nouvelle majorité républicaine à la chambre des représentants siègera en janvier prochain et que les enquêtes commenceront.
Les Twitter Files montrent également que la plateforme de réseau social a coopéré activement avec le CENTCOM (le commandement central du Pentagone) en mettant sur “liste blanche” des faux comptes utilisés dans des opérations de propagande noire et de guerre psychologique, on se dit qu’il y vraiment quelque chose de pourri au royaume de l’oncle Sam.
Le 22 août 2022
Les Etats-Unis, sous la présidence de Joe Biden et le contrôle des deux chambres par les démocrates, n’en finissent pas de sombrer. Sale impression d’être dans un “cross-over” entre “Y a t-il un pilote dans l’avion” et “Le jour de marmotte”, produit au rabais par une plateforme de vidéo à la demande.
Si l’ensemble du système politique fédéral est corrompu, jamais on n’avait vu une telle instrumentalisation de toutes les institutions policières, judiciaires et de renseignement pour abattre un seul homme. Sans succès aucun. Ce qui est drôle et jette une lumière crue sur la bêtise et l’ineptie de ceux qui sont aujourd’hui aux affaires.
Non pas que le FBI n’eût jamais renâclé à la manipulation, au chantage et à l’illégalité pour protéger les pouvoirs en place ou s’assurer de sa prééminence. Le fameux programme COINTELPRO, parfaitement illégal, mis en place par J. Edgard Hoover pour surveiller, manipuler et persécuter les syndicalistes, les militants de gauche et des droits civiques dont Martin Luther King et Malcom X, en est un exemple. Cet “effort” a rassemblé l’ensemble de la proverbiale “communauté du renseignement” pendant près de trente ans.
La vérité a été établie - et la purge est intervenue après le Watergate et surtout le décès de J. Edgar Hoover - en 1975 par la Commission d’enquête “Church”, du nom du sénateur démocrate de l’Idaho qui la présidait. L’étendue de la corruption et des activités illégales sur le sol américain et à l’étranger de la CIA, de la NSA, du FBI et de l’IRS - oui, la direction des impôts - donnait le vertige.
Outre COINTELPRO, furent mis en évidence:
le programme MKULTRA qui a consisté à droguer sans leur consentement et à torturer des citoyens américains pour étudier les techniques de contrôle de l’esprit humain;
Family Jewels, le programme d’assassinats de dirigeants étrangers de la CIA;
L’opération Mockingbird par laquelle dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, les médias américains comme étrangers, en particulier européens, ont été infiltrés, financés et corrompus par la CIA;
Le projet Shamrock par lequel les sociétés de télécommunications donnaient accès à leur trafic à la NSA, agence dont l’existence fut la première fois portée à la connaissance du public lors des auditions de la commission Church.
Tout ce beau monde, toutes ces agences, se sont remis à faire ce que la commission Church avait permis d’interdire. Les verrous ont sauté après le 11 septembre, avec le Patriot Act et une flopée d’executive orders, de décrets présidentiels dont la plupart furent pris par Barack Obama, président qui détient le record absolu de poursuites lancées contre des journalistes au titre de la loi sur l’espionnage (8 en tout contre 2 lancées par G.W. Bush et 1 pour Richard Nixon). Des journalistes comme Julian Assange et des lanceurs d’alerte comme Edward Snowden ont apporté la preuve du retour de “l’Etat de sécurité nationale” à ses très mauvaises habitudes.
Parmi celles-ci, la manipulation de l’opinion pour contrer tous ceux qui auraient l’outrecuidance de se mêler ou de contrôler leurs opérations. Autant dire que quand Donald Trump parlait “d’assécher le marais” en 2016, c’était “l’Etat profond” qui était visé.
Le Russiagate, l’assertion que Donald Trump était un agent russe en relation secrète avec le Kremlin par le truchement de la Alfa Bank via un serveur tout aussi secret situé dans la Trump Tower ? 100% bidon. Pure invention malveillante de la campagne de Hillary Clinton.
En revanche, le serveur email dans la cave de la maison des Clinton qu’a utilisé Hillary pour communiquer de manière non-sécurisée des informations classifiées alors qu’elle était secrétaire d’Etat de Barack Obama, lui, était bien réel. C’est entre autres ce qu’avait révélé Wikileaks, et c’est ce qui explique l’acharnement de l’administration américaine sur Julian Assange.
Le “dossier Steele”, selon lequel les Russes détenaient du “kompromat” sur Donald Trump, sous la forme d’une vidéo où figuraient dans la suite présidentielle du Carlton des actes impliquant des prostituées et de l’urine ? Une pure fabrication, financée par la campagne de Hillary Clinton et rédigée par l’ancien chef du bureau Russie du MI6, le service de renseignement extérieur britannique.
L’enquête de plus de trois ans menée par l’ancien directeur du FBI Robert Müller sur les liens entre la campagne de Trump et le Kremlin déclenchée sur les manipulations mensongères de la campagne de Clinton? Rien donné.
Les multiples enquête déclenchées sur les affaires de Donald Trump, la Trump Organization, par Cyrus Vance, le procureur de New York? Peau de balle.
A moins bien sûr que le système judiciaire américain n’ait pour seule fonction d’aider CNN, MSNBC, Steven Colbert et Saturday Night Live à redresser leurs audiences catastrophiques…
Certes, Donald Trump n’est pas un enfant de cœur. L’immobilier à New York dans les années 1970-1980, avec la mafia qui contrôlait la plupart des syndicats et la fourniture de béton, n’était pas vraiment une réunion paroissiale. Sa personnalité et son comportement sont certes problématiques, mais pas plus dérangeants que ceux, par exemple, d’Emmanuel Macron. Il appert que durant sa carrière, Donald Trump n’a fait ni mieux ni pire que n’importe quel magnat de l’immobilier.
La perquisition à son domicile de Mar-a-Lago va exploser à la figure de l’administration Biden, incapable de sérier les conséquences de ses actes. Explosion politique puisque la base de l’électorat de Donald Trump resserre les rangs et qu’il caracole en tête des sondages chez les électeurs républicains. Explosion judiciaire car le moins qu’on puisse dire est que la régularité de la perquisition pose question.
Mise à jour le 23/08/2022, 14h11. Jonathan Turley, professeur de droit constitutionnel à la George Washington University et électeur démocrate, s’insurge face aux fuites organisées par le ministère de la justice qui dans le même temps persiste à refuser de rendre public l’affidavit qui lui a permis d’obtenir le mandat. Ce qui corrobore le chantier politique et non pas une enquête judiciaire ordinaire.
Quand un président quitte la Maison blanche, il fait littéralement ses cartons et part avec ses archives personnelles, dont la conservation sera gérée par une fondation privée. C’est pour cela que depuis l’indépendance du pays, il y a une bibliothèque par ancien président des Etats-Unis .
Il n’y a dans l’histoire récente pas eu un seul ancien président qui n’eût été en conflit avec les archives nationales quant à la propriété de certains documents. Des documents secrets ont toujours été emportés, et ont du être restitués. D’ordinaire, cela se règle administrativement, pour une raison fort simple: c’est le président en exercice qui détient l’autorité de déclassification.
Là, c’est la voie judiciaire et la perquisition qui ont été choisies. Dans l’opacité la plus totale. Puisque pour le moment personne ne sait ce qui a motivé un juge à autoriser cette perquisition. Aux USA, contrairement à chez nous, il faut non seulement une “cause probable” - c’est à dire avancer un faisceau de faits démontrant une forte présomption justifiant la perquisition qui permettra de faire avancer l’enquête - mais également spécifier précisément ce qui est recherché ainsi que les limitations en découlant.
Le quatrième amendement de la Constitution des USA (qui fait partie des dix premiers amendements constituant la “Bill of Right”, la déclaration des droits des citoyens) dit : “Le droit des citoyens d’être garantis dans leur personne, leur domicile, leurs papiers et leurs effets contre les perquisitions et saisies non motivées ne sera pas violé et il ne sera émis aucun mandat si ce n’est sur présomption sérieuse, corroborée par serment ou déclaration solennelle et décrivant avec précision le lieu à perquisitionner et les personnes ou choses à saisir. »
La procédure pour obtenir un mandat de perquisition consiste donc pour le service de police ou le procureur le demandant, à certifier sous serment dans un affidavit (1) le contenu de l’enquête, (2) les faits démontrant la présomption et (3) l’objet même de la perquisition qui doit donc être connu et spécifié. Bref, hors de question de partir à la pêche au filet dérivant. Culture de l’enquête, contrairement à la culture de l’aveu qui prévaut en France.
Le juge qui délivre le mandat ne va donc le faire que sur foi des déclarations sous serment du service de police ou du procureur. Il se trouve que le FBI a une très longue histoire du mensonge pour obtenir des mandats. Notamment en 2016, Kevin Clinesmith, un avocat du FBI, condamné depuis pour faux témoignage, avait falsifié des emails afin d’obtenir en 2016 un mandat FISA (Foreign Intelligence Surveillance Act, surveillance à fins de contre-espionnage) qui avait permis de mettre sous écoute et surveillance physique Carter Page, alors conseiller pour les affaires étrangères de Donald Trump durant la campagne présidentielle. Sur les assertions de collusion avec la Russie, que l’on sait aujourd’hui fausses et pures fabrications de la campagne de Hillary Clinton.
Le ministère de la justice et le FBI ont publié un inventaire très imprécis de ce qui a été saisi chez Trump. Les rumeurs de secrets nucléaires ne sont que cela, des rumeurs. Merrick Garland, le ministre de la justice, a refusé de publier l’affidavit remis au juge pour l’obtention du mandat, au motif que cela compromettrait l’enquête.
Oui mais voilà: il appert qu’après l’avoir nié, le FBI avait bien saisi les passeports de Donald Trump. Ces passeports ne sauraient raisonnablement faire partie des documents recherchés, contenus exclusivement dans ses archives personnelles dont la localisation était connue…
Violation du 4e amendement? Les avocats de Trump ont annoncé déposer une motion pour faire annuler la perquisition à ce titre, motion qui a toutes les chances de réussir.
Ce que nous voyons se dérouler aux USA depuis la victoire de Donald Trump aux primaires républicaines de 2016, est la fusion des agences fédérales judiciaires, militaires et de renseignement avec les médias mainstream. Utiliser la loi sur l’espionnage pour enquêter sur un ancien président des USA, qui a évidemment eu accès à des documents secrets durant son mandat, est un nouvel épisode délirant dans le combat qu’a engagé la bureaucratie militaire, sécuritaire et du renseignement contre Trump.
Il semblerait qu’il soit urgent de constituer une nouvelle commission Church, histoire de remettre de l’ordre dans un “Etat de sécurité nationale” en roue libre et qui refuse de comprendre qu’il ne gouverne pas.
Et il semblerait que la justice soit également de cet avis. Le juge fédéral Bruce Reinhart a déclaré aujourd’hui que le raid sur le domicile d’un ancien président était sans précédent. Il a rejeté la demande du ministère de la justice de conserver scellé - secret - l’affidavit utilisé par le FBI pour obtenir le mandat de perquisition.
"Le gouvernement fait valoir que même l'obliger à expurger des parties de l'affidavit qui ne pouvaient pas révéler l'identité des agents ou les sources et méthodes d'enquête, lui impose un fardeau indu et crée un précédent qui pourrait être problématique dans de futures affaires (…) Je n'ai pas à aborder la question de savoir si, dans un autre cas, ces préoccupations pourraient justifier de refuser l'accès au public ; elles le pourraient très bien. (…)
Compte tenu de l'intérêt public et historique pour une perquisition sans précédent de la résidence d'un ancien président, le gouvernement n'a pas encore démontré que ces préoccupations administratives sont suffisantes pour justifier la mise sous scellés."


Le juge a donné jusqu’au 23 août au procureur fédéral en charge du dossier pour produire une version caviardée de l’affidavit, qu’il pourra accepter ou pas.
Si jamais Trump se présente et est élu en 2024 - ou si c’est un républicain qui l’emporte - il est fort à parier que le temps sera mauvais pour le FBI, la CIA, la NSA et l’IRS, qui seront définitivement purgés des néoconservateurs qui les dirigent aujourd’hui. Le ciel commence d’ailleurs à se couvrir puisque les sénateurs républicains ont déjà exigé que Merrick Garland, le ministre de la Justice, libère son agenda pour être entendu.
Bref, du spectacle sur grand écran en technicolor.