[ Argent public] Médias sur cour
En France, l'aide d’Etat à la presse n'a pas son équivalent dans le monde. N'y voyez aucun lien de cause à effet, sur la qualité et l'indépendance des médias dans l'Hexagone.
Il existe en France un paramètre prégnant qui joue un rôle, plus ou moins consciemment et admis, dans ce que l’on appelle le “complexe industriel de censure”. Cela n’échappe à personne que l’argent étant le nerf de la guerre, la question du financement des médias est centrale. Ce qui échappe à beaucoup en revanche, c’est le niveau de l’aide d’Etat qui est alloué à la presse et aux médias dans l’Hexagone.
Et pour cause : il est particulièrement difficile de connaitre officiellement, même de manière approximative, les montants que l’Etat octroie généreusement à la presse. Outre le fait que le dispositif est comme l’a épinglé en 2018 la Cour des comptes “foisonnant”, que la question de son efficacité se pose – voir la dégringolade des chiffres des ventes et les plans sociaux qui se multiplient, dernier en date Le Point – il est aussi particulièrement opaque.
Rappelons que l’obligation de transparence est relativement récente : elle remonte à 2013 et faisait suite à une recommandation de la Cour des comptes. Jusqu’en 2017, le ministère de la culture se refusait à rendre publique la liste des titres de presse percevant des aides directes de l’État. Il a fallu attendre 2021 et que La Lettre A mette la main sur un document budgétaire de 100 000 lignes rendu disponible par inadvertance (Roselyne Bachelot freinait de ses quatre Crocs) pour qu’on y voit un peu plus clair.
Las, cette transparence n’est que façade. Derrière les quelques chiffres fournis par le ministère, 204,7 millions d’euros d’aides directes en 2023 et 84 millions d’euros d’aides indirectes, le fromage est autrement plus conséquent. En croisant différentes sources et en agrégeant plusieurs sources de données gouvernementales – qu’il faut aller pêcher parfois ailleurs que dans la ligne budgétaire ad-hoc – ou syndicales – celles du Spiil notamment – on arrive à des sommes qui sont toutes autres.