Caitlin Johnstone : le camp du bien est composé de bétail humain au cerveau en mousse
Journal au bord de la matrice narrative. Collection de réflexions de la journaliste et écrivaine australienne Caitlin Johnstone.
Caitlin Johnstone est australienne. Journaliste de formation, elle s’est vite rendue compte que travailler dans la grande presse équivaut à la resucée des dépêches de Reuters et d’Associated Press, à passer les plats des think-tanks et des communicants. Elle a fait le choix de l’écriture “open source”, au seul financement participatif.
Dans ce billet, qui est une collection de réflexions, elle expose ce qui semble être l’évidence. Et pourtant.
Le langage hyperbolique usité par les Occidentaux pour décrire la somme toute très normale guerre moderne en Ukraine suggère qu’ils n’ont pas réfléchi une triste seconde à ce que leurs gouvernements font au Moyen-Orient depuis deux décennies.
Ah ben oui, tueries, violences et destructions sont les mamelles de la guerre. Vous décrivez là cette chose qu’est la guerre. Il est flippant que vous le découvriez seulement maintenant. A quoi donc croyez-vous que votre gouvernement a recouru pour mener ses propres guerres ces vingt dernières années ? A des mèmes de chaton ?
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Avant la guerre en Ukraine, je vous aurais affirmé qu’il ne m’était pas possible de mépriser le camp du bien plus que je ne le faisais déjà. Que j’aurais été incapable de moins goûter sa débile vision du monde. J’aurais eu tort. Tellement tort.
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Si votre compréhension du monde passe à la trappe le fait aisément vérifiable que le régime américain est le plus tyrannique au monde et de loin, alors rien de ce que vous appréhendez du monde n’est fondé sur les faits.
Il n’y a qu’un pays qui encercle le monde de centaines de bases militaires, qui s’attache à continuellement saper toute nation qui ose lui désobéir, et qui a passé l’entièreté du début de ce siècle à tuer des millions d’être humains. Ce n’est pas la Russie. Ce n’est pas la Chine. Nous nous devons de reconnaître cette réalité.
C’est de la tyrannie. C’est ce que la tyrannie est. N’est-ce pas tyrannie que menacer et brutaliser le monde entier dans l’obéissance par l’application du niveau de violence nécessaire pour ce faire ? Si non, le concept de tyrannie est nul et non avenu. Alors que la tyrannie est le premier produit d’exportation des États-Unis.
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La Rand Coproration (think-tank lié à l’Us Air Force et au Pentagone) a ajouté une note suite aux nombreux commentaires au sujet de son article appelant à “affaiblir” la Russie. Tous ceux qui citent ce rapport pour dire que les USA veulent affaiblir la Russie sont des propagandistes russes.
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CNN+ (le service de VOD payant de la chaîne d’info) n’a pas réussi à attirer plus de 10 000 abonnés disposés à payer pour son contenu. Cela montre pourquoi la Silicon Valley doit pousser le contenu des médias mainstream. Les gens regardent ces sornettes parce qu’ils y sont forcés. Des médias comme CNN auraient fait faillite sans les algorithmes de la Silicon Valley qui mettent leur contenu en avant, au détriment de la presse indépendante.
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Le journalisme bénéficierait grandement à ce que ceux qui le pratiquent cessent de rechercher l’approbation de leurs pairs comme un toxico recherche du crack. Naguère, être approuvé par ses confrères signifiait que vous faisiez quelque chose de bien. Aujourd’hui cela signifie que vous ne faîtes pas votre travail.
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Je ne peux concevoir que nous nous acheminons vers l’annihilation nucléaire et que nous continuons de bavasser sur Will Smith et les masques.
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Les générations futures - s’il y en a - considéreront avec horreur le fait que nous avons laissé des multinationales non seulement profiter de la guerre mais faire un lobbying actif pour plus de guerre au travers de think-tanks, de financement de campagnes électorales et d’opérations d’influence.
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Les Australiens sont bombardés de propagande contre la Chine. Cela, combiné aux hurlements va-t-en-guerre à propos du traité de coopération des Iles Salomon avec la Chine, devrait faire prendre conscience aux Australiens que l’Empire américain est disposé à sacrifier l’Australie dans une guerre contre la Chine, son concurrent le plus fort. Il suffit de regarder l’Ukraine. Les australiens vont-ils envoyer leurs enfants mourir au combat pour les Iles Salomon ou pour Taïwan? Découvrez cela dans le prochain numéro de gestion d’Empire !
Pas nécessaire de passer par là. Il n’existe pas de raisons légitimes pour les grandes puissance s’agitent sous le nez les armes de l’apocalypse pour tenter de se dominer mutuellement. Il est possible de coopérer pour le bien de tous. Ne pas le faire est ce la folie furieuse.
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J’espère que ceux qui haïssent la Chine mais suivent mon travail pour ma perspective sur le conflit russo-ukrainien ne vivent pas dans l’illusion que nous serions amis. Nous sommes des ennemis et je vous vomis. Quand les choses partiront en vrille avec Pékin, je consacrerai tout mon temps éveillée à vous faire hurler.
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Quand les gestionnaires d’Empire parlent de “diffusion de la désinformation”, il parlent toujours de “diffusion d’informations non autorisées”.
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Le premier problème de l’humanité est la pulsion de contrôle. Les empires naissent de la pulsion de contrôle. Les empires sont fondés sur la pulsion de contrôler la civilisation. Les oligarchies, de celle de contrôler le système politique. L’égo, de celle de contrôler la vie.
Une humanité débarrassée de ses pulsions de manipuler et d’imposer le contrôle se porterait bien mieux. Mais elle serait tellement différente que fonctionner de cette manière serait une forme de mort. Cela serait ressenti comme la mort.
Parfois il me semble que les gens veulent la fin du monde, recherchent l’extinction de l’humanité. Je pose qu’il s’agit de la mauvais expression d’une vérité intuitive: il y a quelque chose de bon dans cet au-delà, qui est la fin de nos dysfonctions, non pas la fin de notre espèce.