Continuer à perdre la guerre pour ne pas perdre les élections
L'unanime logorrhée des dirigeants occidentaux ne parvient pas à cacher leur vacuité. Le monde a changé, pas eux. Ils sont donc sur la voie de sortie.
Entendez-vous cette petite musique chantée en chœur par tous les dirigeants occidentaux et relayée par la grande presse ? Observez-vous la conjonction des planètes davosiennes et la congrégation dans la station helvète du troupeau des puissants saisis de la sainte terreur de se retrouver nus, ce qu’ils sont déjà?
La Russie ne peut pas gagner ! Les opposants politiques sont ses agents ! La “désinformation” – comprendre toute information qui ne va pas dans le sens du discours officiel – est un danger pour la démocratie, dont nos dirigeants sont les seuls dépositaires. Et bien sûr, extrême droite à toute les sauces.
Ça pétole sévère depuis que ceux qui nous gouvernent se sont rendus compte que l’élection de Donald Trump est quasi inéluctable. Car Trump, non content de ne pas lever le petit doigt pour les sauver, s’attachera à les enfoncer. S’il choisit Vivek Ramaswamy comme vice-président, c’est la fin des haricots. Oui, cet entrepreneur d’origine indienne qui veut fermer le ministère fédéral de l’éducation (qui n’existait pas avant 1980, l’éducation étant la prérogative des États), celui qui appelle de ses vœux la purge du département de la Justice, du FBI, de la CIA et du Pentagone de ses éléments déloyaux car politisés, celui qui souhaite mettre un terme à la névrose climatique, celui qui pourrait bien s’attaquer à Blackrock, Vanguard et consorts et les casser, comme le fut en son temps la Standard Oil de Rockefeller. Imaginez les cris d’orfraies dans tous les cuchons de la bien-pensance.
L’élection de Trump pourrait fort être l’enterrement en grande pompe de l’Otan, donc de l’UE qui n’est que sa succursale. Les systèmes de pouvoir dans l’ensemble des pays européens vont à terme sauter puisqu’ils sont fondés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale sur la sous-traitance des politiques étrangères et de défense aux USA en échange de l’accès et du maintien au pouvoir et du consentement à notre pillage économique.
La Russie qui, selon eux, n’a pas eu les moyens de gagner une guerre face à un pays de 40 millions d’habitants, s’apprêterait à attaquer l’Otan. Je m’esclaffe, je pouffe, aurait dit Pierre Desproges.
Prenez la mesure du ridicule des vœux aux armées d’Emmanuel Macron.
Nous n’avons aucun allié ni partenaire “aujourd’hui au front”. L’Ukraine n’est ni membre de l’Otan ni membre de l’UE. Elle ne le sera jamais malgré les cyniques promesses inlassablement répétées depuis vingt-cinq ans. L’Ukraine est juste un proxy qui a consumé son utilité au point d’être devenue un menhir dans la chaussure de tout ce beau monde, qui ne sait pas comment s’en dépêtrer. La potion est inefficace ? Plus de potion, ne changeons rien. Le temps de trouver le moyen de lâcher l’Ukraine en rase campagne, comme l’ont déjà fait les Américains.
La France produit aujourd’hui 2 000 obus de 155 mm par mois. “L’économie de guerre” d’Emmanuel Macron va consister à l’augmenter de 1 000 obus par mois pour atteindre 36 000 pièces par an. La terre entière tremble de peur : 36 000 obus, c’est ce que tirent les Russes en deux jours depuis bientôt deux ans. On en vient à regretter que le ridicule ne tue pas. Comment peut-on décider de se faire mousser ainsi devant une haie de nos militaires dont la fonction n’est pas d’être des faire-valoir ?
Livrer à l’Ukraine quarante missiles Scalp que les Russes interceptent sans efforts ? Aucun intérêt. Des centaines de bombes planantes ? Quels avions pilotés par qui pour les larguer ? Emmanuel Macron est oublieux du précepte du maréchal Foch : il faudra toujours un homme pour tirer un coup de fusil. L’Ukraine n’aura bientôt plus un homme valide capable de le faire.
“Dans un monde qui ne cesse de nous surprendre” dit Emmanuel Macron. C’est l’aveu de son incapacité atavique à le comprendre. Il ne fallait pas être grand clerc pour savoir que la Russie n’accepterait jamais une Ukraine dans l’Otan. Les Russes le répètent inlassablement depuis 1998.
L’Ukraine, les USA, l’Otan et l’UE ont perdu la guerre. L’Occident a perdu toutes ses guerres depuis 1945. Ceux qui ont sciemment provoqué et alimenté ce conflit aisé à prévenir, ceux qui ont poussé un peuple à son anéantissement pour mener un autre peuple à sa ruine afin de piller ses richesses, ont trainé leur propre pays dans l’humiliation. Ceux-là doivent partir. Dans l’idéal, ils devraient être jugés. Sinon quelle crédibilité politique et morale nous restera-il ?