[ Edito ] James "Devil" Vance - Bye bye Biden
La presse française est déjà en pleine production de fake news sur J.D. Vance, le colistier choisi par Donald Trump, mais le soutien de Biden à Kamala Harris fait se pâmer les rédactions.
Sud Ouest, journal de la presse quotidienne régionale, dispose d’un correspondant permanent connaissant parfaitement l’immense pays que sont les USA, croyez-vous ? Bien sûr que non. L’article ci-dessus, consacré à J.D. Vance, le colistier de Donald Trump, est signé Stéphane C. Jonathan (le “C.”, c’est pour faire américain ? Pourquoi pas Jr. tant qu’on y est ?), le chef du service culture de ce quotidien… L’écrasante majorité de ce qui est avancé dans cet article est au mieux mal informé, au pire faux. En tout cas d’une superficialité telle que le qualificatif de journalisme peut difficilement s’y appliquer. Il ne s’agit en fait que de la régurgitation de la propagande démocrate, notamment celle assénée par Kamala Harris.
La question n’est pas de prendre parti, mais juste de décrire la réalité, qui n’est pas celle rapportée par la presse française. La preuve par Tulsi Gabbard. Ancienne représentante démocrate, elle a quitté ce parti en 2022. Elle a longuement pratiqué l’actuelle vice-présidente des Etats-Unis, Kamala Harris. Elle appelle aujourd’hui à voter contre Kamala Harris, donc pour Trump.
James David Vance est un conservateur américain tout ce qu’il y a de plus classique. Né dans la pauvreté d’une mère devenue toxicomane, élevé par sa grand-mère dans l’Ohio, il est à la fois le pur produit des Appalaches et du Midwest aussi ruraux qu’industriels et de la méritocratie américaine. Issu d’une famille évangélique, il s’est converti au catholicisme en 2019. Outre le fait que de plus en plus d’Américains protestants le font (personne ne s’est jamais penché sur ce phénomène alors qu’en Amérique latine on constate l’inverse, des catholiques se convertissent à l’évangélisme), cela a son importance.
La “péripétie” qui a bien failli arriver à Joe Biden en 2021, lui-même catholique, est amusante. La conférence épiscopale américaine fut sur le point de l’excommunier de facto, ce qui fut promptement bloqué par le Vatican et explique la quasi-interdiction du rite tridentin par le pape François.
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Les catholiques constituent le plus grand groupe confessionnel aux USA, près de 70 millions de personnes, dont l’électorat latino critique aujourd’hui dans bien des “swing states”, les Etats pivots pour l’obtention des grands électeurs. Rappelons que celui arrive en tête dans un Etat dispose alors de tous ses grands électeurs. C’est le Collège des grands électeurs qui ensuite élit le président des Etats-Unis.
J.D. Vance n’est pas plus ultraconservateur ou “conservateur radical” qu’il n’est opposé à l’avortement. Il est en faveur d’une réglementation de l’avortement et est exactement sur la même ligne que la Cour suprême des Etats-Unis: il appartient au législateur de le faire, pas à la justice. Comme 93% des Américains, il se dit chrétien et est attaché aux “valeurs” familiales et à la traditionnelle solidarité librement consentie par les individus. Il est donc en faveur de la limitation de l’intervention de l’Etat fédéral dans la vie des américains - ce qui est différent d’une intervention dans la société ou l’économie américaine - sans pour autant être un anarchiste économique à la l’instar de certains libertariens.
Pas isolationniste pour un centime, il estime néanmoins que l’interventionnisme américain n’est pas une bonne chose si les intérêts vitaux des Etats-Unis ne sont pas directement menacés. Vues les catastrophes causées par les administrations américaines successives depuis 1992, on saurait difficilement lui donner tort. La guerre en Afghanistan a coûté 120 millions de dollars par jour pendant 20 ans. Ses positions sont beaucoup plus mesurées et surtout beaucoup plus intelligentes qu’on ne les présente. Quand il fustige au Sénat “40 ans de catastrophes causées par des boomers néoconservateurs”, beaucoup de monde panique.
Engagé dans les U. S. Marines cinq ans durant et déployé en Irak, c’est avec le pécule résultant de cet engagement (et des prêts étudiants) qu’il finança ses études. Docteur en droit de Yale, il fut brièvement avocat avant de rejoindre Mithril Capital, la firme de capital-risque de Peter Thiel, puis Revolution LLC, le fonds crée par Steve Chase (le fondateur d’AOL) où il était chargé d’accroitre les investissements high-tech dans “le reste”, c’est à dire l’ensemble des USA sauf la Californie et New York.
L’homme est ambitieux. Il sait s’exprimer. Il sait manœuvrer. Peut-on en revanche douter de sa sincérité? Rien à ce stade ne le permet. Il en va de la politique comme de la navigation à voile: il faut louvoyer et parfois prendre un ris pour conserver son cours. Plutôt que d’essayer de gommer son extraction et d’intégrer un establishment qui l’aurait coopté à bras ouverts pour mieux l’asservir, il ne l’a jamais reniée et la revendique. Il s’est d’abord fait connaître par son best-seller Hillbilly Elegy (Elégie du péquenot). Il est rentré en politique en 2016 et n’était pas à l’époque un supporter de Donald Trump, qu’il considérait encore trop proche de l’establishment républicain. Il a été élu sénateur lors des élections intermédiaires de 2022.
Par bien des aspect, J.D. Vance rappelle Richard Nixon, sans le côté “tricky” (Tricky = magouilleur. Le surnom de Richard Nixon était “tricky Dick”). Nixon, le président américain le plus fascinant de l’histoire contemporaine, était d’origine modeste et s’était fait seul à la force du poignet. J.D. Vance est une énième manifestation de la dichotomie - pour ne pas dire l’opposition - entre les Yankees et les Cowboys, entre d’une côté cette élite financière et industrielle de la côte Est et du Nord prééminente depuis la guerre de sécession et de l’autre cette élite pionnière et cette classe laborieuse qui a conquis l’Ouest, Texas, Californie et Nouveau Mexique inclus. Lire à ce sujet l’ouvrage fondamental de l’universitaire (très à gauche) Carl Ogelsby “The Yankee and Cowboy War” paru en 1977.
Cette dichotomie perdure de nos jours. Elle existe entre Wall Street (les Yankees) et le capital-risque (les Cowboys). J.D. Vance est donc un “cowboy”. Sa part la plus sombre est sa proximité avec Peter Thiel, dont les idées ne sont pas sympathiques, particulièrement en matière de surveillance de masse. Investisseur multimilliardaire ayant fait fortune comme membre de la “PayPal mafia” aux côtés d’Elon Musk et de David Sacks, Peter Thiel est le fondateur de Palantir Technologies, cette société très proche de la CIA, du FBI, de la NSA et des forces de police, spécialisée dans l’analyse de données.
Rappelez-vous : François Hollande et Manuel Valls s’étaient empressés d’octroyer sans appel d’offre à Palantir le marché de l’analyse des métadonnées collectées par la DGSE pour le compte de la DGSI, malgré des mises en garde répétées dont celle de Bernard Barbier, le fondateur de la direction technique de la DGSE (les “grandes oreilles” françaises). Ce contrat a été renouvelé en 2019, à nouveau sans appel d’offre, par un certain Nicolas Lerner, préfet alors directeur de la DGSI et aujourd’hui directeur de la … DGSE.
Bref, le choix de J.D. Vance pour la vice-présidence, s’il marque clairement la volonté de Donald Trump de se pas s’encombrer de l’establishment républicain qui a plombé son premier mandat (coucou Mike Pompeo, Nikki Haley, John Bolton et al. ) autant que les mensonges des démocrates et des médias “mainstream”, est également dans une certaine mesure le choix de l’Etat de sécurité nationale - le choix de l’Etat profond dirons certains.
Reste donc à voir si une fois vice-président, J.D. Vance conservera son cap et si ce cap sera d’abord le bien des Etats-Unis et de son peuple plutôt que sa propre carrière. Car, n’en doutons pas, à 39 ans, il vise la présidentielle de 2028.
Bye bye Biden
L’élite démocrate, Barack Obama et les “méga donateurs” en tête, a (enfin) eu la peau de Joe Biden - du moins de ce qu’il en reste. Le président américain renonce à se représenter et soutient Kamala Harris pour le remplacer. Libération se pâme, qui nous présente Kalamity Harr… - pardon - Kamala Harris pour ce qu’elle n’est pas, c’est à dire une femme compétente.
Des rumeurs persistantes indiquent que Hillary Clinton ou Gretchen Whitmer (l’actuelle gouverneure du Michigan) pourraient être choisies comme candidates alors que Hillary Clinton a donné quitus à Kamala Harris. Qui serait assez fou pour croire une vieille sorcière? Chez les Obama en revanche, Kamala Harris n’est pas en odeur de sainteté.
C’est la guerre civile totale dans le camp démocrate où l’actuelle vice-présidente ne fait pas, mais alors pas du tout l’unanimité à la veille d’une convention démocrate qui s’annonce aussi mouvementée que sanglante et fort peu démocratique. Nous en parlions avec Renaud Beauchard dans ce podcast.
[ Podcast ] Renaud Beauchard: "Il y a un bouleversement des forces en présence dans le camp démocrate"
Ce podcast a été enregistré vendredi 13 juillet 2024. Nous y avançons que la victoire de Trump est tellement probable qu’il faudrait qu’on l’assassine pour l’empêcher de rentrer à la Maison blanche en janvier prochain... On a donc tenté de l’assassiner
Quoiqu’il en soit, l’équation politique est impossible pour les démocrates
Seule Kamala Harris pourra utiliser les fonds collectés par Joe Biden puisque celui-ci l’a clairement désigné comme successeur. Tout autre candidat qui serait nominé lors de la convention démocrate sera dans l’obligation de reprendre les collectes de fonds à zéro, tâche difficile à quatre mois de l’élection.
Est-il possible politiquement pour le parti démocrate de se débarrasser d’une femme noire (Kamala Harris n’est en fait qu’un quart noire) même si incompétente ?
A moins d’une fraude massive, d’un bourrage des urnes sans vergogne, personne ne voit comment le candidat démocrate pourrait l’emporter en novembre prochain tant le bilan de l’administration Biden est calamiteux à tous les plans. Même Michelle Obama n’a aucune envie de risquer d’aller à l’élection cette année.
Le parti démocrate est au bord de l’implosion et il est vraisemblable que tout ce beau monde va plutôt dépenser son argent, son temps et son énergie à limiter la casse lors des élections à la Chambre des représentants et du renouvellement de la moitié du Sénat. Ainsi qu’en règlements de comptes, qui verront tout aussi vraisemblablement l’actuel establishment démocrate être à terme remplacé. En sera-t-il fini des Clinton, Obama, Pelosi, Schumer, Sullivan, Blinken et consorts?
Donald Trump et les républicains regardent cela avec amusement. De fait, Kamala Harris, parfaitement incompétente, sera plus facile à battre qu’un Joe Biden sénile.