[ Edito ] La grande désertion
Les Français sont majoritairement contre l'envoi de troupes en Ukraine ? Silence dans les rangs de la représentation nationale. Dans l'hexagone, toute alternative est soigneusement étouffée.
Alors qu’Emmanuel Macron joue les va-t-en-guerre de salon et s’agite comme un diable dans un bénitier pour tenter de faire croire qu’il a une place sur la scène diplomatique internationale – en a-t-il jamais eu une ? – le vide politique abyssale dans lequel est plongé l’Hexagone et l’absence de réactions de l’oppositon permet de se faire une petite idée de la réalité d’une potentielle alternative…
Tout le monde a glosé sur le discours surréaliste d’Emmanuel Macron, Matteo Salvini disant tout haut ce que tout le monde pense tout bas en qualifiant le locataire de l’Elysée de fou. Peu ont relevé l’absence de réaction à l’Assemblée nationale et au Sénat ou parmi les chefs de file des différents partis. Macron a-t-il tant déraisonné qu’il ne soit plus utile de commenter, critiquer, fustiger ce qui n’est ni plus ni moins qu’un ridicule one man show gesticulatoire ?
Tout se passe comme s’il n’y avait aucune alternative, aucune possibilité de changement. Comme si tous n’étaient rien d’autres que des particules de partis de pouvoir, aspirant au pouvoir, qu’il soit national ou européen. Qu’ils soient censés être l’émanation de la volonté du peuple, qui semble autrement plus divisé voire remonté sur l’engagement de la France en Ukraine est manifestement secondaire. Que la réalité militaire (sans parler de l’économie de la France) ne soit celle qu’on professe aussi. Ecouter à ce titre le général Faugère.
On en avait déjà eu un certain aperçu lors de la crise Covid. Même discours va-t-en guerre, même gestion par la peur pour générer une crise. Même alignement politique, mêmes rares voies dissidentes – Florian Philippot, Nicolas Dupont-Aignan, François Asselineau, ces souverainistes jugés pas très fréquentables sur les plateaux télé mais infichus de parler d’une même voix – soigneusement invisibilisées par la presse quand elles n’étaient pas reléguées au rang de complotiste-antivax.
Au final, que reste-t-il ? Qui reste-t-il ? Emmanuel Macron. Bien aidé par un parlement atone, et une presse le petit doigt sur la couture du pantalon. Au même titre que les médias “historiques” ont beaucoup œuvré pour porter le récit de l’ascension d’Emmanuel Macron, nombreux tel Le Parisien, médaille d’or de la pommade à reluire, se démènent encore pour voir en lui un “leader européen” (sic) qui consolide son '“leadership international” (re-sic). Oubliant manifestement que Macron a ridiculisé le pays sur la scène internationale (voir le champ de ruines en Afrique notamment) et ruiné la France.
Bref, tout est solidement verrouillé. Des institutions – voir le dernier épisode de la nomination de Richard Ferrand au Conseil constitutionnel – aux médias. Mais on aura donc beau jeu d’invoquer la démission d’Emmanuel Macron, d’appeler à sa destitution: rien ne permet d’augurer d’un quelconque changement.
La question va bien au-delà de Macron. Elle pose celle du régime actuel et de l’absence totale de contre-pouvoir, de cette opposition de façade dont la valse des motions de censure est une illustration. Depuis 2017, 35 motions de censure ont été brandies. Une seule a été adoptée : le 4 décembre 2024, qui a conduit à la chute du gouvernement Barnier, et à l’arrivée de François Bayrou, dont on peut mesurer toute la portée. Haro sur l’hyperprésidentialisme ? Pas sûr qu’un changement de régime suffira à changer quoi que ce soit.
PAX.PAX.PAX.
« Ces souverainistes incapables de parler d’une seule voix… » Asselineau s’est clairement exprimé à ce sujet. Philippot participe de temps en temps à des colloques organisés par les USA (serait il un mauvais objet créé pour assassiner définitivement l’idée d’un frexit du fait de ses errances au FN/RN?), Nicolas Dupont Aignan faisant régulièrement des alliances avec des partis refusant de sortir de l’UE et n’ayant pas de ligne claire à ce sujet… Cette réduction lapidaire n’est pas à votre honneur et contribue à ridiculiser la ligne d’Asselineau pourtant claire et constante, loin de tout complotisme, qui va de la gauche à la droite pour un but unique « sortir de l’UE », la politique française reprenant ses droits après. Au lieu de la prendre de haut, vous devriez faire l’effort de vous y intéresser un peu.