[ Edito ] Le couple franco-allemand qui n'a jamais existé, divorce
Les Allemands avec 14 autres pays européens ambitionnent de créer un (inutile) bouclier anti-aérien. Sans la France. Conseil des ministres franco-allemand annulé.
Gross psychodram !
Le Conseil des ministres franco-allemand a été annulé. En France, on ment en parlant d’un report de quelques semaines. En Allemagne, on évoque début janvier.
Emmanuel Macron, inspiré par Adrien Quatennens, aurait-il envoyé une mornifle dans la mouille de l’imbuvable ministre écologiste allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, la séchant dans ses birkenstocks alors qu’elle dégustait un bock de Beck (le tout sous les vivas d’un peuple français en délire) ?
Emmanuel Macron prétend préserver l’amitié et l’alliance franco-allemande.
Entre le traité d’Aix-la-Chapelle qui dans les faits pose le partage avec l’Allemagne du siège de la France au Conseil de sécurité de l’Onu, acquis de très haute lutte par la Résistance française durant l’Occupation allemande, la “visite” de l’île Longue par des “partenaires européens”, l’une des bases les plus sécrètes de l’armée française car pièce maîtresse de sa dissuasion nucléaire qu’il a proposé d’étendre à l’Allemagne, et sa promptitude à brader notre industrie de défense au bénéfice de l’Allemagne dans une illusoire défense européenne au nom d’une encore plus illusoire souveraineté européenne, notre président de la République se comporte comme un adolescent amoureux éconduit.
La classe dirigeante française, “l’élite”, a profondément enraciné dans son habitus le mensonge d’Etat, allié à une détestation du peuple français, dont il faut changer le comportement, ne pas respecter les votes et ne pas écouter les revendications. Alors son bon sens, oui, le populaire, vous n’y pensez pas !
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Le mirage absolu du couple franco-allemand, fabrication sans réalité qu’on nous assène comme vraie depuis des décennies, vient-il de s’évanouir ? Ce mensonge ne visait qu’à faire croire aux Français que la France était l’égale de l’Allemagne, sur la même partition que la même l’élite française (en premier chef patronale, financière et administrative) ne cessait de jouer en sifflotant que le IIIe Reich n’était pas si mal que ça, allant jusqu’à sciemment provoquer “L’Etrange défaite” de 1940. Histoire de pouvoir continuer à dîner en ville et à faire des affaires.
L’apogée a été atteint avec la macronie, décervelée au point de croire ses propres mensonges …
L’Allemagne, depuis sa réunification, a toujours pris ses décisions de manière unilatérale, et a toujours cherché à préserver d’abord ses propres intérêts. Il faut avoir un réel “esprit de collabo” pour prétendre le contraire. Esprit largement répandu dans la classe politique et la presse française. Alors que déjà et depuis …
C’est l’Allemagne à peine réunifiée qui en reconnaissant l’indépendance de la Slovénie et de la Croatie de manière unilatérale et en entorse avec ses engagements européens, déclencha près d’une décennie de guerres dans l’ex-Yougoslavie, ayant causé plus d’un demi-million de morts.
C’est l’Allemagne, proxy des Etats-Unis, qui imposa à marche forcée un élargissement mal conçu de l’UE comme conséquence de l’élargissement de l’Otan, parce que cela lui garantissait l’accès à une main d’œuvre bien formée et peu chère ainsi qu’aux marchés générés par les fonds structurels européens pour ses entreprises, et l’emprise pour faire passer le gaz.
C’est l’Allemagne qui, dès le traité de l’UE signé, s’est attachée à truster tous les postes clé dans les institutions européennes souvent au mépris total des règles. Et l’ensemble de la classe politique française a laissé faire. Notre diplomatie aussi, même si notre renseignement lui s’en est toujours inquiété.
C’est l’Allemagne qui depuis 30 ans a entrepris, avec la “grande” finance américaine, le dépeçage de l’industrie française. Avec Rhodia, la chimie allemande se porterait beaucoup moins bien. Avec Pechiney, la métallurgie allemande se porterait beaucoup moins bien.
C’est l’Allemagne qui a tout fait pour ruiner l’industrie énergétique française - EDF et la filière nucléaire en premier chef - parce qu’elle a fait le choix unilatéral du gaz russe. Elle a l’imposé au reste de l’Europe, la laissant à la merci, non pas de la Russie, mais des néo-conservateurs américains qui ont fini par provoquer la guerre en Ukraine contre la Russie qu’ils recherchaient depuis depuis 2002.
C’est l’Allemagne qui en 2015 a décidé d’ouvrir unilatéralement ses frontières. Donc les frontières de l’Europe entière puisque l’Allemagne n’en est gardienne d’aucune au Sud. Déclenchant ainsi une crise migratoire qui perdure et dont elle ne supporte pas le fardeau.
C’est l’Allemagne qui n’a rien fait pour empêcher la guerre en Ukraine, évitable, parce que les Américains la voulaient. C’est l’Allemagne qui a laissé saboter les gazoducs Nordstream - un acte de guerre - sans mot piper.
C’est aujourd’hui l’Allemagne, relayée par l'ineffable Thierry Breton, qui trouve normal que l’ensemble de l’Europe paie pour ses décisions suicidaires en matière énergétique.
C’est l’Allemagne qui a récupéré une partie de la technologie spatiale française financée par le contribuable français. C’est l’Allemagne qui exige des transferts de technologies délirants à son profit dans le cadre du programme SCAF, l’avion de combat du futur. Fort heureusement, les gens de Dassault eux savent toujours où réside l’intérêt industriel de leur entreprise et de la France (ou l’inverse pour les désintéressés) …
Ce sont les Allemands qui ont d’abord voulu étendre la dissuasion nucléaire française à leur pays, idée reprise par Emmanuel Macron, dont on saisit là la profondeur de vue. C’est fort heureusement impossible, comme le soulignait Marc Endeweld dans notre podcast.
A écouter également: L'Ukraine et le nucléaire, avec Marc Endeweld
Ce sont les Allemands qui, dans les faits, ont été remplacés par les Polonais comme “meilleurs” toutous des Américains à l’occasion de la guerre en Ukraine. Et qui dans le même temps voient leur modèle s’effondrer, et leurs amis polonais leur exiger plus de 1000 milliards d’euros de dommages de guerre.
Et ce sont Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron qui ont laissé faire l’Allemagne.
Maintenant, l’Allemagne décide de monter avec 14 pays européens un inutile bouclier anti-aérien et la France n’y est pas conviée. L’Allemagne essaie désespérément de sauver son industrie en jouant sur la peur irrationnelle d’une attaque russe. En espérant que la défense étant une dépense contrainte, les pays partenaires passeront à la caisse, manière de pacemaker à la Ruhr et d’écran de fumée de sinistre mémoire, genre “ Vous avez faim? Vous avez froid? Et pas d’auvergnat? On vous pro-tè-ge”.
Le vieux proverbe allemand est “ Wie Gott im Frankreich” (Comme dieu en France, ndlr). Pas “Wie Gott im EU”. Et encore moins “Wie Gott im Otan” (le premier qui dit “mais Wotan, si” recevra son poids en cacahuètes de Tchernobyl, ndlr).
Dans le contexte actuel, la seule politique sensée qui fera que l’Allemagne ne nous entrainera pas dans son effondrement, est la sortie de l’UE. La seule politique sensée qui fera que les USA ne nous entraineront pas dans la guerre, est la sortie de l’Otan.
Emmanuel Macron pourrait commencer par dénoncer le traité d’Aix-la-Chapelle. Ce serait là un premier pas vers sa possible rédemption, puisqu’il l’a promu et en est le signataire. Et peut-être même le premier pas vers la rédemption de ceux, les trois cités plus haut, qui lui ont ouvert la voie et bien mâché le travail.
Cela n’est pas de l’isolationnisme. Cela ne coupera pas la France du reste du monde, bien au contraire. Ce sera là recouvrer notre voix propre, singulière, celle que le monde a toujours eu plaisir à entendre au point de faire de ce qu’elle prononçait la langue diplomatique, et à laquelle il nous reproche constamment d’avoir renoncé.
Car, au cas où certains ne l’auraient pas encore compris, la guerre en Ukraine, une énième débâcle causée par les Américains - cette fois-ci sur notre continent qui n’est pas le leur - marque la fin de l’Union européenne. Et ce n’est pas une mauvaise chose.
Dans l’hystérie généralisée alimentée par le mensonge érigé en seul outil de gouvernement, les paroles de celui, certes assez “excentrique” voire borderline, qu’on a décrit comme un fou dangereux fou, semblent aujourd’hui empreintes de mesure, de réalisme, et même de sagesse (jamais nous n’aurions cru devoir un jour écrire cela. Nous aurions du relire Erasme plus tôt). C’est dire le niveau des dirigeants occidentaux actuels. Il serait peut-être alors temps d’en changer, non?