[ Edito ] Ukraine morne plaine
Il ne faut jamais armer des fanatiques. Il est temps d'arrêter toute aide à l'Ukraine, qui vient de durablement saper la sécurité nucléaire mutuelle mondiale.
Volodymyr Zelensky se réjouit de l’opération, la veille de nouvelles négociations à Istanbul, par laquelle il prétend avoir détruit quarante bombardiers stratégiques sur les six bases aériennes russes suivantes : Engels (région de Saratov), Belaya (région d’Irkutsk), Olenya (région de Mourmansk), Ukrainka (région d’Amour), Dyagilevo (région de Riazan).
La réalité est tout autre : six avions touchés. Ce n’est même pas une victoire tactique, puisque la flotte de bombardiers stratégiques russes est de l’ordre de soixante dix appareils opérationnels – Tu-95MS et Tu-160 – auxquels il faut ajouter une soixantaine de Tu-22M3, ainsi qu’une centaine d’appareils moins récents en réserve.
Voudrait-on saboter toute chance de paix et entraîner l’OTAN dans une guerre contre la Russie qu’on ne s’y prendrait pas autrement. C’est ce que l’Ukraine tente de faire depuis le début du conflit.
Au même moment, Mikhaïlo Drapaty, le chef d’état major de l’armée de terre ukrainienne démissionnait après que les Russes aient réduit en poussière à coup de missiles Kalibr un centre d’entraînement. Et sur le champ de bataille, l’armée russe avance, la résistance ukrainienne s’essouffle.
La gravité de ce que viennent de faire les Ukrainiens est incommensurable. Si ces bombardiers étaient sagement alignés sur les tarmacs et non pas dans des abris blindés, c’est parce qu’il existe une convention stipulant que ce type d’appareil doit l’être à des fins de vérification par les autres puissances nucléaires. Les Américains font la même chose avec leurs 76 B-52H du Air Force Global Strike Command (AFGSC), basés à Barksdale (Louisiane) et Minot (Dakota du Nord).
“Même si les relations russo-américaines sont restaurées, le traité Start-II/SNV-III, suspendu en février 2023 et arrivant à son terme légal en février 2026, ne pourra pas être signé à nouveau en l’état : dorénavant, la composante aérienne des triades nucléaires respectives sera grandement sécurisée et donc dissimulée, ce qui mène, de facto, vers une importante diminution du contrôle des armements nucléaires de par le monde avec toutes les conséquences qui en découleront”, nous confirme Oleg Nesterenko, un analyste russe.
L’Ukraine a donc sapé de manière durable la sécurité mutuelle nucléaire, rendant le monde encore plus dangereux qu’il ne l’était déjà.
S’en prendre directement à un élément de la triade nucléaire russe est susceptible de provoquer une riposte nucléaire. Heureusement pour nous, les Russes, avec l’hypersonique, ont ajouté un étage non nucléaire à leur dissuasion. Zelensky doit avoir le nez dans la poudre et de grosses sueurs froides dans le bunker « secret » où lui et son entourage ont été mis à l’abri. Un Oreshnik sur la tête, ou pas ?
Soyons clairs : les Ukrainiens n’ont pas la capacité de planifier seuls, durant dix-huit mois, une telle opération. La question qui se pose est donc de savoir qui les a aidés. Kiev s’est empressé de déclarer que la Maison Blanche n’avait pas été mise au courant de l’opération. C’est fort possible, il est peu pensable que Donald Trump autorise ce genre de cascade la veille de négociations. En revanche, en ce qui concerne la planification – non pas le déclenchement –, il faudrait être aveugle et sourd pour ne pas y voir la main de l’OTAN.
Sont-ce les Européens qui ont poussé Zelensky à donner l’ordre ? Les propos d’Emmanuel Macron, qui s’est encore permis de donner des leçons à Washington en évoquant, depuis Singapour, un test de crédibilité si les États-Unis ne passaient pas à l’action contre la Russie, ne laissent rien présager de bon.
En attendant, la “coalition des volontaires” européens vient de perdre un membre, la Pologne, avec l’élection le 1er juin à la présidence de Karol Nawrocki. Ne reste donc dans l’équipage de chihuahuas bellicistes qu’Emmanuel Macron, Kier Starmer et Friedrich Merz, tous trois en très grande difficulté politique dans leurs propres pays. Si jamais il s’avère qu’ils ont essayé de forcer la main de Washington en soutenant ou en encourageant l’opération ukrainienne, les conséquences seront sévères. A commencer par le nécessaire démantèlement de l’Otan.
Il en faut jamais soutenir des fanatiques, qui finissent toujours par se retourner contre la main qui les a armés. La leçon d’Al Qaeda, créée pour “tuer des soviétiques” en Afghanistan, qui est venue vingt ans après frapper le cœur financier des Etats-Unis, n’a visiblement pas été apprise. L’Ukraine a perdu la guerre. Les Russes imposeront leurs conditions, que l’on connaît depuis le début du conflit: neutralisation de l’Ukraine, pas d’entrée dans l’OTAN, reconnaissance de la souveraineté russe sur la Crimée et les quatre oblasts annexés. L’attaque d’une composante de leur triade nucléaire va-t-elle les inciter à pousser jusqu’à Odessa et à faire la jonction avec la Transnistrie?
En tout état de cause, les ultranationalistes que l’Occident a mis au pouvoir en Ukraine en 2014 ne baisseront pas les armes - ils l’ont déjà prouvé après la Seconde Guerre mondiale avec la guerre de maquis de l’Ukrainska Povstanska Armiia soutenue par les Anglo-Saxons et l’Allemagne, qui dura jusqu’en 1953. Ils considèreront leur défaire comme résultant d’un coup de poignard dans le dos de l’Occident, contre lequel ils risquent fort de se retourner par des actions terroristes. Imaginez simplement un de ces drones FPV frappant un avion de ligne en phase de décollage ou d’atterrissage…
Plus rapidement qu’on le croit se posera la question du démantèlement de l’Ukraine en donnant une partie de son territoire à la Pologne et à la Hongrie, afin de garantir la sécurité de l’Europe centrale et de l’Ouest. Une belle réussite dont les responsables devront en Europe être tenus responsables.
Je ne pense pas - comme vous - que les Ukrainiens soient capables de réaliser seuls une telle opération de destruction. La question est "Qui" (comme disait le regretté Dominique DELAWARDE)? Français? Anglais? J'opterais plutôt pour les Anglais. Qui que ce soit, ce sont donc ceux qui ont aidé les Ukrainiens à commettre cette faute qui sont les plus dangereux parcequ'ils œuvrent dans l'ombre et - pour l'instant - en toute impunité. Le groupe d'officiers qui a aidé à concevoir cette opération doit être particulièrement fanatisé. Et irresponsable! Nous sommes, en effet, dans une situation de plus en plus tendue. Si les US abandonnent la partie en laissant l'Europe régler le problème ukrainien, on peut craindre une catastrophe pour notre continent à moins que ses peuples se décident enfin à chasser les faucons qui se sont installés à sa tête (Comme l'a fait la Pologne et a tenté de le faire la Roumanie et la Moldavie).
Je pense que l'Angleterre est le refuge des démocrates US et ces deux peuples - toujours dans les plus mauvais coups du monde - s'entendent à merveille pour empêcher les Républicains US de réussir la réorientation salvatrice qu'ils ont l'intention de mener tambour battant outre-atlantique. L'Ukraine n'est qu'un combat externalisé pour le pouvoir aux USA.
Je suis pour un soutien de plus en plus critique.
Je ne crois pas que Poutine n'osera pas prendre des représailles drastiques conduisant à une fin du conflit ou alors au cas où, surtout pas sûr son adversaire (et aussi partenaire...) Zelenski ah que non! sinon tel aurait pu être le cas, 'noisettes' ou pas, il y a bien trop longtemps si lui Poutine en était vraiment motivé.
Mais non, si noisette il y aura elle n'atterrira pas chez Zel, surtout pas! mais sur une "boutique" quelconque sans importance stratégique.
La question est que Poutine et les faits à mes yeux le confirment, apprecie grandement les relations intenses et surtout durables et donc nous risquons la poursuite de la feuilletonisation de la guerre Ukraino-Russe. À l'heure où il trouve chez Trump un interlocuteur fantasque et imaginatif en rebondissements, ce que je vois comme le plus probabe c'est la confrontation a fleuret moucheté entre Zelenski et Poutine par troupes interposées en format guéguerre. Commandons les popcorns.
Que des negligences, des naïvetés ahurissantes et un manque d'imagination stratégique de la part des Russes à laquelle possiblement n'est pas étrangère leur mortalité colossale à l'issue de la 2e guerre mondiale. Les ukrainiens, au fait l'Otan et les US, eux par contre n'en manquent pas, d'ailleurs comme corollaire de leur anomie civilisationnelle.
Poutine s'est lancé dans une guerre sous un prisme à mon avis faux. Il est actuellement victime de la stratégie qu'il aurait dû appliquer lors de son intervention dans le Donbass, celle du Faible au Fort. La plus économe la plus astucieuse et psychologiquement pour l'adversaire, la plus angoissante. Comme on le constate.