Énergie : black-out sur le grand déballage
Peu se font l'écho des responsabilités européennes et, derrière allemandes, dans la crise énergétique qui balaie la France. Peur de faire sauter tout le système ?
Il y a de l’eau dans le gaz du couple franco-allemand – dont on rappelle qu’il est pure construction franco-française. Lors des auditions de la commission d’enquête parlementaire « visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la France », bref faire la lumière sur comment et pourquoi la France a torpillé son modèle énergétique qui nous vaut aujourd’hui d’être sous la menace de hausses astronomiques des factures d’électricité, voire de coupures, certains n’avaient pas de mots assez durs pour dénoncer l’impéritie générale.
Tous responsables, aucun coupable ? Les dirigeants d’EDF ou ceux d’Areva – ennemis jurés hier - la guerre sans merci que se sont livrés Henri Proglio et Anne Lauvergeon s’est soldée par l’abandon du projet de réacteur Atmea – aujourd’hui prompts, peut-être parce que plus aux manettes, à dénoncer une situation devenue incontrôlable ? Les exécutifs qui se sont succédé et ont démantelé l’outil nucléaire français? Les écologistes à qui il est reproché d’avoir influé via de bas accords électoralistes ? Bruxelles et son néolibéralisme échevelé ?
Au sein de la commission d’enquête initiée par Les Républicains, son rapporteur, le député Renaissance de Haute-Savoie Antoine Armand (pour faire contre-poids à une droite jugée trop pro-nucléaire ?), l’a dit et répété : le but n’est pas de désigner responsables et coupables. Infléchir la politique gouvernementale alors ? On peut sérieusement en douter.
D’abord parce qu’il va être difficile de s’extraire de ce qui peut vite tourner au règlement de comptes. Attendons le rapport de la commission et ses préconisations pour en juger. Ensuite parce que rares sont les commissions d’enquête à avoir abouti à quoique ce soit. Car la finalité d’une commission d’enquête parlementaire est modeste : il s’agit ni plus ni moins que de rendre un rapport (avril 2023 pour celui sur la souveraineté et l’indépendance énergétique de la France) à l’assemblée parlementaire qui l’a créée. Rapport qui sera en principe publié. Point à la ligne. A charge pour le gouvernement d’y donner une suite, s’il le veut.
Au vu des auditions qui se succèdent, mettant en cause le manque de volonté et l’incompétence politique en France et son alignement aveugle et sans véritable fondement scientifique sur sa voisine allemande, on voit mal comment, si l’exécutif se saisit pleinement du sujet, tout cela ne fera pas sauter toute la construction. Française et, derrière, européenne tant l’édifice bâti sur un prix de l’électricité indexé sur celui du gaz et d’énergies intermittentes particulièrement dépendantes est brinquebalant.