[ Flash ] La justice annule l'élection du président de l'Université Grenoble Alpes
Le tribunal administratif a jugé que le président, candidat à sa succession, a interféré en toute illégalité dans le cours de l'élection, qui devront être réorganisées.

L’élection du président de l’Université Grenoble Alpes (UGA) a été annulée par la justice. Dans une décision rendue ce 8 février, le tribunal administratif de Grenoble a jugé que Yassine Lakhnech, le président sortant candidat à sa succession à la tête de l’université de Grenoble, avait interféré durant la campagne en diffusant de sa boite mail professionnelle un message “de nature à avoir altéré la sincérité du scrutin”.
Comme L’Eclaireur le relatait le 18 janvier dernier, le président s’était le 26 novembre fendu d’un courriel à un certain nombre de ses contacts, dont le doyen de la faculté de pharmacie, qui avait promptement relayé le mail et ce “dans les mêmes termes en se les appropriant” auprès d’au moins 58 enseignants-chercheurs de son UFR. Ou le directeur du laboratoire d’économie appliquée.
Un mail dans lequel l’universitaire dénigrait l’autre candidat, le professeur d’économie Michel Rocca, appelant clairement à voter contre lui et implicitement contre certains syndicats : la CGT qui avait pris position en faveur de son adversaire mais aussi la FSU qui ne s’était alors pas encore prononcée. Syndicats qui ont saisi le tribunal, aux côtés de huit électeurs de l’université, pour réclamer l’annulation du scrutin.
Un mail dans lequel Yassine Lakhnech invitait ses destinataires à “se mobiliser pour faire barrage” à l’autre candidat, avec ce commentaire pour le moins très contestable, en sus d’accusations personnelles pour lesquelles Michel Rocca a porté plainte en diffamation :
“L’élection de Michel Rocca à la présidence de l’UGA est synonyme de la destruction de ce qui a été construit ces dernières années, un recul de l’établissement à l’âge des baronnies et des intimidations physiques et morales, loin d’une vision, d’une stratégie claire et d’ambitions à la hauteur des enjeux. Il est essentiel de se mobiliser pour faire barrage à cette candidature pour l’intérêt de nos collègues et de nos étudiants et étudiantes ! Pour notre établissement”.
Précisions qu’à ce stade de l’élection – on est alors en pleine campagne des élections aux conseils centraux, élections préalables à celle du bureau – un président d’université se doit d’assurer une stricte égalité entre les listes de candidats. Ce qui ne fut manifestement pas le cas.
Des motifs suffisants pour le tribunal administratif de Grenoble, qui a annulé l’entièreté des élections, celles au conseil d’administration, à la commission de la formation et de la vie universitaire et à la commission de la recherche. Elles devront être réorganisées par un administrateur provisoire (chargé également de gérer les affaires courantes), sans même devoir à se pencher sur la question de savoir si l’intervention du président sortant n’avait pas été de nature à faire pencher le scrutin.
Mais ça, c’est une autre histoire, que L’Eclaireur vous rapportait dans le précédent épisode : celle d’un processus à l’université de Grenoble mais aussi dans toutes les universités en France, de moins en moins démocratique. En quelques années, les modalités de composition et d’élection des instances dirigeantes à la tête de ces méga-établissements que sont devenues les universités françaises “intégrées” ont quelque peu basculé. Les représentants élus, de moins en moins nombreux, ont de moins en moins de pouvoir face à ce qui ressemble de plus en plus à une oligarchie très organisée…
Pour aller plus loin, lire ou relire à ce sujet : Université de Grenoble : une démocratie et une déontologie peu académiques