[ Flash ] Les ignobles expériences de la CIA
Un nouveau lot de documents concernant MKULTRA vient d'être publié par la National Security Archive de l'Université George Washington. Cela donne froid dans le dos.
L’existence du projet MKULTRA, qui visait à toutes sortes d’expériences de manipulation de l’esprit humain, est connue depuis le milieu des années 1970 et la Commission Church (United States Senate Select Committee to Study Governmental Operations with Respect to Intelligence Activities).
John Marks, ancien fonctionnaire du département d'État, est celui qui a initié les premières demandes d'accès à l'information pour la rédaction de son ouvrage publié en 1979 (disponible librement en version électronique) et intitulé "À la recherche du candidat Manchou: La CIA et le contrôle de l'esprit, l'histoire secrète des sciences du comportement".
Avez-vous entendu parler de l’affaire du “pain maudit” de Pont-Saint-Esprit en 1951? D'une partie de la population prise de crises de folie qui auraient été causées par des alcaloïdes produits l’ergot de seigle (l'explication médicale la plus logique à l’époque était l’ergotisme), mais bien évidemment pas du LSD, découvert par Sandoz qui en fabriqua deux lots expérimentaux, un un 1938 et l’autre en 1943, tous deux achetés par la CIA en 1948. Une expérience in vivo à grande échelle pour tester une utilisation militaire du LSD ?
MKULTRA continua après 1953 à partir de bases secrètes de la CIA à l’étranger (Allemagne, Canada, Vietnam, Afrique, Amérique latine). A remettre en lumière avec l’origine de la Covid (virus obtenu par gain de fonction, recherche financée en Chine car interdite aux USA ?) ou des laboratoires ukrainiens, dont l’existence est avérée.
La National Security Archive de l’Université George Washington vient de publier une nouvelle série de documents qui éclaire les agissements de la CIA d’un jour encore plus sinistre.
Ci-après la traduction de l’introduction du rapport de la National Security Archive, dont vous trouverez l’intégralité, documents déclassifiés inclus, ici.
Sous des noms de code comme MKULTRA, BLUEBIRD et ARTICHOKE, la CIA a mené des expériences terrifiantes, utilisant des drogues, l'hypnose, l'isolement, la privation sensorielle et d'autres méthodes extrêmes sur des sujets humains, souvent des citoyens américains, qui n'étaient généralement pas informés de leur participation à ces expériences.
La déclassification de ce nouveau lot de documents intervient 50 ans après qu'une enquête du New York Times, menée par Seymour Hersh (le journaliste qui a également révélé le massacre de Mai Lai au Vietnam et beaucoup plus récemment, le sabotage de Nordstream par les USA, ndt), a révélé les abus de MKULTRA. Elle coïncide également avec le 70ème anniversaire du développement par Eli Lilly & Company (le producteur du Prozac, ndt) d'un processus de production industrielle du LSD en 1954, ce qui en fit le principal fournisseur de ce psychotrope de la CIA dans le cadre de nombreuses expériences de contrôle du comportement.
Les points saillants contenus dans ces documents incluent :
Un plan de 1950 approuvé par le directeur du renseignement central (DCI, donc le directeur de la CIA agissant comme le patron de l’ensemble de la communauté du renseignement, ndt) pour créer des « équipes d'interrogation » utilisant le polygraphe, les drogues et l'hypnose pour améliorer les techniques d'interrogatoire. (Document 2)
Un mémo de 1951 détaillant une réunion entre des responsables de la CIA et des services de renseignement étrangers sur le contrôle mental et leur intérêt commun pour ce domaine. (document 3)
Une note de 1952 du journal quotidien de George White, agent fédéral des stupéfiants, qui supervisait un site secret pour tester des substances comme le LSD sur des Américains sans leur consentement. (Document 5)
Un rapport de 1952 sur l'application réussie des techniques d'interrogatoire ARTICHOKE, combinant narcose et hypnose pour causer une régression et une amnésie chez des agents russes soupçonnés de double jeu. (Document 6)
Un mémo de 1956 où Sidney Gottlieb, chef de MKULTRA, approuve un projet pour étudier l'impact de grandes doses de LSD sur des prisonniers fédéraux d'Atlanta. (Document 13)
Le rapport de 1963 de l'inspecteur général de la CIA, qui a incité à revoir l'utilisation de citoyens américains non consentants dans les tests de drogues secrets. (Document 16)
La déposition de 1983 de Sidney Gottlieb dans une affaire civile intentée par Velma « Val » Orlikow, victime des expérience de contrôle mental supervisés par le Dr Ewen Cameron à l'Institut Allan Memorial à Montréal. (Document 20)
Les obstacles à la documentation de MKULTRA sont importants, surtout après que Richard Helms, directeur de la CIA, et Sidney Gottlieb, directeur emblématique de MKULTRA, aient détruit la majorité des documents en 1973. Cette dissimulation, peut-être la plus célèbre de l'histoire de la CIA, est marquée par une impunité presque totale pour des décennies d'abus non seulement lors d'interrogatoires d'agents ennemis ou en temps de guerre, mais aussi dans des contextes médicaux, des infirmeries de prison, des centres de désintoxication et des centres de détention pour jeunes, souvent sous la direction de leaders dans les sciences du comportement. Malgré les tentatives de la CIA de cacher cette histoire, les documents restants forment un récit effrayant et fascinant de la quête de la CIA pour maîtriser et manipuler l'esprit humain.