[ Flash ] Ségolène Royal : crimes de guerre et vieilles dentelles (de BHL ?)
Personne ne se pose de questions quant à ce collectif, Stand up for Ukraine, qui, on ne sait en vertu de quoi, a annoncé porter plainte. Et sur lequel plane l'ombre de la chemise Charvet de BHL.


“Affaire” Ségolène Royal, BHL en embuscade - Nous sommes curieux de voir si cette plainte sera recevable. Si elle l’est, sur quelle la base. En vertu de quelles incriminations aussi. Il y a certes le positionnement, les doutes et les questions, légitimes, de Ségolène Royal sur le conflit en Ukraine. Comme si on ne pouvait à ce sujet avoir d’opinions différentes, et les exprimer. Enfin, il y a les interprétations des propos tenus par l’ex-ministre socialiste.

Ségolène Royal n’a pas nié la commission de crimes de guerre en Ukraine, mais seulement relativisé certains évènements, comme le bombardement de la maternité de Marioupol ou le massacre Boutcha, à l’aulne de manipulations aujourd’hui avérées. Et dénoncé « une forme de surenchère dans la description de l'horreur (...). La description des horreurs dans le cadre d'une propagande de guerre empêche les processus de paix ».
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Est-on seulement encore sur le terrain de la propagande ? Ou verse-t-on plutôt sur celui de la “contre-influence” ? Car le travail de vérification de Checknews, qui le premier a relayé l’indignation du collectif Stand up for Ukraine, vite repris par à peu près toute la classe médiatique dominante sous les huées d’une grand partie de la classe politique, pose à tout le moins question.
La rubrique de Libération promet pourtant, pour répondre aux interrogations de ses lecteurs, d’aller aux sources de l’information. « Vos questions témoignent d'un besoin de vérification et d'information rigoureuse, alors que les réseaux sociaux charrient toujours davantage d'intox et que le débat politique, plus polarisé que jamais, exige parfois un arbitrage neutre pour s'y retrouver », précise Libération dans la présentation de sa rubrique.
Une rubrique née, tenez-donc, outre-atlantique, des cerveaux de l’agence de communication new-yorkaise J. Walter Thompson. On ne va pas tomber dans le procès d’intention mais pousser un peu plus loin que ce mauvais, rapide et pour le moins sommaire fact-checking.
Qui est derrière le collectif Stand up for Ukraine ? En cherchant un peu sur Internet – pas longtemps, ce que Checknews s’est bien gardé de faire – on découvre que l’association a été fondée par Edward Mayor, un obscur entrepreneur sorti d’un peu nulle part et Aline Lebail-Kremer, une non moins obscure journaliste un temps au Nouvel Obs – comme décrit sommairement sur son profil Linkedin – adepte d’une certaine confusion des genres que l’on retrouve chez certains journalistes.
La dame a été pendant quatre ans à la tête d’un cabinet conseil en relations publiques et communication. Mais bon, peu importe. Car ce qui nous intéresse se passe aujourd’hui. Aline Lebail-Kremer écume depuis quelques mois les plateaux télé, et notamment de BFMTV. A quel titre ? Avec quelle expertise ? On n’en sait rien. D’abord parce que personne ne lui a posé la question. Les journalistes sont parfois bien peu curieux.
Il se trouve qu’une rapide recherche sur son parcours et ses collaborations permet de remonter, coïncidence, à une même personne : Bernard Henri-Lévy dont on connaît les positions, tout en neutralité et nuances, sur le sujet, sans compter son rôle en Libye, au Qatar etc. Aline Lebail-Kremer est membre du bureau national de SOS Racisme ? L’association a été fondée en 1984 par, entre autres, BHL. Aline Lebail-Kremer collabore à L’Arche Magazine, magazine du judaïsme français et est une des auteurs de La Règle du jeu ? La revue littéraire française a été fondée en 1990 par BHL. On la retrouve aussi à la conception du site personnel de BHL.
Le 13 mars 2019 dans Atlantico, c’était quasiment de la prosternation lors de l’annonce de la tournée de son mentor. « Looking for Europe de Bernard Henri Lévy : Un engagement total. Une vie d’enfer. Un défi » (ça c’est le titre). Puis « 22 dates. 22 capitales. Et 22 réécritures en quelques semaines pour un seul homme ». On arrêtera là. L’affaire Ségolène Royal, rien à voir avec Bernard Henri Levy vraiment ? Or, qui voit-on pointer le lendemain de l’annonce de l’intention (ouf) du dépôt de plainte sur le plateau de BFMTV ? BHL. Pour lui réclamer des excuses. Ce que du reste Ségolène Royal fera platement, sans pour autant revenir sur ses propos. Pourquoi donc s’excuser de ce que l’on n’a pas fait ?
Mais revenons à Stand up for Ukraine. Comment deux quasi-inconnus de la scène politique, humanitaire, décisionnelle sont arrivés là ? Le collectif a ses soutiens. Beaucoup, et de poids. Le 23 avril, la Commission européenne relayait sur son site même l’appel à mobilisation de l’association. Deux jours après, la conférence mondiale de Stand Up For Ukraine était organisée conjointement par… Ursula von der Leyen et le Premier ministre canadien, Justin Trudeau.
« La Commission européenne et le gouvernement du Canada, agissant en partenariat avec l'organisation internationale de défense des citoyens Global Citizen, appellent les gouvernements, les sociétés privées et les particuliers à contribuer à cet effort mondial de solidarité ». Depuis, plus de 10 milliards de dollars de dons et de prêts ont été ainsi collectés.
Au sein du G7, le Canada s’est vu confier la coordination des services spéciaux dans le cadre de la “contre-influence”…