Le saut de puce de l'UE - retour aux fondamentaux (business as usual)
Aux origines de la construction européenne, il y a le grand patronat. Il pèse toujours de tout son poids sur les politiques publiques de l'UE. Le Chips Act en est une énième déclinaison.
Le dernier rapport de la cour des comptes européenne consacré aux microprocesseurs est révélateur. Non pas tant du semi-échec de stratégies européennes mal pensées, mal ficelées et mal préparées. Mais d’une Union européenne faite par les industriels, pour les industriels, sans beaucoup de contrôles et d’évaluations.
Il y a trois ans L’Eclaireur s’était plongé dans le Chips Act, ce plan destiné à faire de l’Europe un acteur majeur des microprocesseurs, à même de rivaliser en dix ans avec l’Asie et les Etats-Unis. Le titre de notre article parlait de lui-même :
[ Microélectronique ] Le saut de puces de l'Europe
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Trois ans plus tard, la Cour des comptes européenne ne dit pas autre chose. Financement insuffisant, ambitions aussi démesurées qu’irréalistes, manque d’analyse et de suivi… Il est impossible pour la Cour de viser l’objectif de 20 % de la production mondiale de puces d’ici 2030, objectif qui imposerait de quadrupler les volumes produits. Au vu des prévisions actuelles, cette part ne dépassera pas 11,7 %.
Comme pour les plans d’« électrification » (batteries, voitures électriques, etc.), comme pour le plan hydrogène, le Chips Act souffre d’un handicap majeur, et même fondamental (dans le sens premier du terme) : l’absence d’étude d’impact. Sans parler d’objectifs mesurables qui permettraient de procéder, après coup, à une évaluation. Ainsi, le Chips Act, qui prévoit des investissements relativement massifs dans les semi-conducteurs, est-il étayé par des indicateurs, mais sans aucune valeur cible. Il se dispense également de calendrier, pourtant utile pour le suivi. Ce n’est pas nous qui le disons, mais la Cour des comptes.
De sorte que le Chips Act est quasiment dénué de tout contrôle, notamment des fonds massifs alloués.