Les soignants et les enseignants partent, les ministres partis pour rester
Rien n'y fait. Ni les manifestations, ni les appels à la grève, ni les départs et les burn out en masse. Les politiques, elles, ne varient pas d'un iota.
Il est des symboles dont on se passerait. Il y a une semaine, il n’y avait pas grand monde à la manifestation de soutien à l’hôpital public à Grenoble. Quelques syndicalistes réunis en intersyndicale, quelques militants, quelques soignants mais pas foule. L’appel à la grève a du reste fait long feu.
« Avant, on faisait grève tous les six mois, résume un médecin. Maintenant, c’est tous les quinze jours. A quoi bon… ». Il y a une semaine sur l’esplanade du CHU de Grenoble, Olivier Véran était aussi le grand absent du rendez-vous quand la candidate LR se faisait copieusement huer lors de sa prise de parole.
Le CHU, c’est pourtant l’ex-bureau du neurologue grenoblois. C’est surtout la terre d’élection de l’ex-député de l’Isère, ex-socialiste passé macroniste et ex-ministre de la santé reconverti in extremis ministre chargé des relations avec le parlement – non sans s’être roulé par terre pour conserver un poste (on a pêché ça dans Gala oui… ). Et peut-être bien futur-ex-député… Comprendre que si réélu dimanche sur la première circonscription de l’Isère face à la jeune candidate de la Nupes, il céderait sa place à sa suppléante pour continuer d’officier à Paris. S’il n’est pas réélu, son retour au CHU de Grenoble sera t-il possible?
Une hypothétique réélection lourde de symboles. D’un abandon (qui n’est plus un sentiment) généralisé, qui s’est une nouvelle fois matérialisé dans le taux record d’abstention. Et dans la mise à mal organisée des services hospitaliers. Dans le Sud Isère, cela fait maintenant neuf mois que deux services d’urgence, sur quatre, sont passés en mode pudiquement appelé “dégradé”. Comprendre qu’ils ferment leurs portes. Toutes les nuits à la clinique mutualiste. Trois nuit sur sept à l’hôpital de Voiron.
« Les nuits du lundi au jeudi sont assurées par des médecins remplaçants », détaillait un soignant voironnais lors de la mobilisation. « Les nuits du week-end sont fermées. Ce qui entraine un report vers ceux qui restent ouverts, notamment les urgences de Grenoble ».
Et notamment celles de l’hôpital Sud à Echirolles. Pour la petite histoire, on rappellera que les blocs opératoires, et derrière les urgences de cet hôpital dépendant du CHU étaient sur la sellette il y a un an de cela avant qu’Olivier Véran, vu la bronca causée par la révélation de cette décision, ne lève le couperet… Toujours ce courage étayé par un vision solide.
Cela n’a pas empêché le CHU de Grenoble de tranquillement continuer de sombrer. A tel point qu’il pointe désormais dernier à un classement dont il se glorifie peu et dont un médecin s’est épanché auprès du Postillon : un indicateur qui mesure le manque de personnel dans les hôpitaux de France par le nombre de patients présents encore aux urgences au petit matin.
A ce petit jeu, le CHU de Grenoble pointerait ainsi à la dernière place avec en moyenne 80 patients toujours dans les tuyaux à la fin de la nuit, relate le journal satirique. Sachant que, depuis, l’hémorragie s’est poursuivie puisque 15 médecins urgentistes ont quitté le service…