L'info sous les radars
“Le vrai journaliste est celui qui vend la mèche en se brûlant les doigts.” (Pierre Nora)
Dans cette rubrique, nous revenons sur des informations passées sous les radars des grands titres de la presse, sur les soubresauts de notre vie politique, économique, sociale, locale comme nationale ou internationale. Loin, très loin des communiqués et conférences de presse. État des lieux pas exhaustif, mais condensé, de ce que l’on vous a zappé ou balayé sous le tapis. Et passé à la moulinette de L’Eclaireur.
Eric Piolle et son procès que personne n’annonce. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le renvoi du maire de Grenoble devant le tribunal correctionnel de Valence pour soupçons de favoritisme dans l’affaire de la fête des Tuiles, est discret. Surtout dans les médias. Une première fois fixé le 1er mars puis finalement repoussé après les élections législatives, le procès devrait d’après nos informations plusieurs fois et de source sûre recoupées – le tribunal judiciaire de Valence restant coi – se tenir les 26 et 27 septembre.
Nous rappelons à toutes fins utiles que dans cette affaire, largement étayée par un rapport détaillé de la chambre régionale des comptes, les demandes de partie civile ont toutes été rejetées, exception faite de celle de… la Ville de Grenoble dont le maire est Eric Piolle. Prévenu et pour ainsi dire victime – la Ville de Grenoble étant dans ce dossier représentée par un adjoint, fidèle d’Eric Piolle – on serait presque tenté de croire qu’on a échappé de peu au huis-clos…
Eric Piolle et le procès-bâillon. C’est pas la justice qui le dit mais nous. Après son petit tour à la barre du tribunal de Valence, la quatrième audience dans la procédure en diffamation civile (non, pas pénale) qu’a intenté Eric Piolle contre L’Eclaireur se tiendra devant le tribunal judiciaire de Grenoble le 28 septembre. Suite à une analyse des dossiers de la fête des tuiles et du rachat du siège du Crédit agricole à retrouver ci-dessous.
Où on s’y perd entre curiosité de l’assignation qui réclame notamment la suppression de certains passages de l’article (seul l’auteur de l’analyse est assigné, pas la directrice de la publication) et vice de forme (omission de la nécessaire présence d’un avocat pour Pascal Clérotte). Rappelons qu’il s’agit là d’une assignation en référé, c’est à dire une procédure d’urgence. Six mois après, de renvoi en renvoi, on y est encore et l’article incriminé est toujours en ligne dans son intégralité. Et le sera encore au début du procès d’Eric Piolle à Valence. A suivre.
“Prends ça Poutine !” (copyright Margrethe Vestager ou de l’effet boomerang des sanctions anti-russes). Non content d’être malmené par la flambée du prix de l’énergie et des céréales, le poulet français se fait tailler des croupières par son homologue ukrainien. Troisième fournisseur de l’Union européenne derrière le Brésil et la Thaïlande, le poulet ukrainien, déjà deux fois moins cher que le français, devrait se sentir pousser des ailes. Car suite à l’invasion, et sûrement pour compenser à l’export la moindre demande invoquée sur leur marché intérieur, l’UE a décidé de supprimer les droits de douane. Et tant pis si la mesure, qui pourrait être vue comme un geste de pure solidarité complètement désintéressée (si, si), ne menaçait pas de plumer les élevages français.
Ce que l’histoire dit moins, c’est qu’en Ukraine, 80 % de la production de poulet est entre les mains de Mironivsky Hliboproduct (MHP), l'un des plus grands producteurs de volaille d'Europe à qui la banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) octroie prêt sur prêt depuis 2010. Un groupe coté à la bourse de Londres et dont le siège social est basé à Chypre, Etat membre de l'Union européenne, et notoirement connu pour être accommodant avec les oligarques qui y trouvent une porte d’accès à la fois vers l’UE et les paradis fiscaux britanniques et moyen-orientaux - mais c’est un détail…
Et justement, le groupe en connait un rayon en matière de droits de douane. Moins en matière de bien-être animal, qui semble être le cadet de ses soucis. « Afin de contourner les taxes sur la poitrine de poulet, MHP exporte des poitrines… auxquelles elle a laissé attachés deux os de l’humérus ! expliquait l’ONG Welfarm. Ce morceau de viande, désormais inclassable, rentre alors dans la catégorie entièrement libéralisée des “autres coupes de poulet”. Il suffit ensuite à l’usine achetée par MHP aux Pays-Bas (comme par hasard, rappelez-vous les lasagnes à la viande de cheval) d’enlever les deux os en question pour que la poitrine de poulet soit largement redistribuée en Europe ». Le poulet est-il le seul à se faire plumer ?


Fatwa ukrainienne. Le gouvernement ukrainien a établi et publié sur internet une liste de personnes à abattre, qui comprend les noms et les adresses de journalistes ainsi que d’enfants, dont une gamine de 13 ans… La fille de Dougine, assassinée, en faisait partie.
Quand va t-on cesser de soutenir un régime dictatorial, corrompu et mafieux qui use de méthodes nazies ?
Albiez-Montrond, la suite (politique). En attendant que la justice, financière et pénale, se prononce sur le cas d’Albiez-Montrond, la petite commune savoyarde va découvrir les joies d’une opposition municipale (et vice-versa) après l’élection municipale partielle ce 11 septembre de quatre nouveaux élus issus d’une seule et même liste. Un petit coup de tonnerre dans le paysage de cette station de ski de Maurienne qui depuis plusieurs mois vit au rythme de dossiers décidés et attribués dans une certaine opacité et surtout dans un entre-soi où toute coïncidence est suspecte. Comme pour la vente du gîte de la Villette. Mais comme c’est trop long pour en parler en quelques lignes, nous y reviendrons dans un article qui lui sera entièrement consacré.




Roulez, y’a rien à voir ! Après s’être enflammé pour le Funiflaine, et s’être planté dans les grandes largeurs sur sa mise en œuvre, le Département de la Haute-Savoie et son président Martial Saddier en tête de peloton, en pince pour le vélo. L’organisation des championnats du monde en 2027 en ligne de mire, le département veut son vélodrome, à la louche et tout compris 100 millions d’euros, sans trop savoir où il va être construit (Reigner ?).
Tollé dans les rangs des associations – dont le recours en référé a été rejeté par le tribunal administratif – et chez EELV qui y va aussi de sa procédure devant les tribunaux.
Car, par les temps qui courent de fin de l’abondance, il est plutôt malvenu de jouer les cigales quand bien même la Haute-Savoie se sent pousser des ailes. En février, elle a voté 1,5 milliard d’euros d’investissements sous cette mandature. « Un plan d’investissement sans précédent » pour la Haute-Savoie, et « probablement sans précédent à l’échelle de la République française pour un Département », s’était enflammé son président.
Le hic, c’est que comme pour le Funiflaine, rien n’est clair. Et Martial Saddier aurait comme la fâcheuse manie de faire dans la rétention d’informations. A Loïc Hervé qui s’enquérait de pouvoir accéder au dossier sur un projet, faut-il le rappeler, financé avec l’argent du contribuable, il lui a été opposé une… clause de confidentialité. « Du jamais vu dans un projet public », s’étonne le sénateur de Haute-Savoie. Comme le résume Le Faucigny, “ Un vélodrome aussi glissant qu’une piste de bobsleigh”.
Chanter sous la douche. On a vu la “gestion” par la répression de la contestation des restrictions anti-covid aux Pays Bas, où la police néerlandaise a ouvert le feu sur des manifestants. Même chose avec les agriculteurs et l’absurde interdiction de certains engrais. Et voilà pas que le gouvernement social-démocrate de Mark Rutte distribue à la population des minuteurs afin de limiter les douches à 5 minutes…
Macron enc.., nouveau cri de ralliement ? Quand Emmanuel Macron comprendra t-il qu’il faut arrêter de déposséder la jeunesse de ce qu’elle fait pour de basses raisons politiciennes, au motif qu’elle doit être encadrée, enrégimentée ?
Pas nouveau vous nous direz, puisque les fondateurs de l’école publique de la fin du XIXe, échaudés par la Commune, avaient pour premier objectif qu’elle soit l’instrument du respect de “l’ordre social”, qu’elle apprenne aux gosses à bien rester à leur place, dans leur classe.
Quelle raison y a t-il, en vérité, de chercher à encadrer une jeunesse qui se débrouille très bien tout seule pour accomplir des choses constructives ?


Jeu de la vérité. Youtube est en train de connaître le destin de Facebook. A force de censure, on va finir par n’y trouver que des vidéos de chaton et de médias mainstream. Russel Brand, l’humoriste anglais qui anime un podcast à la conscience politique bien trempée, c’est 6 millions d’abonnés sur Youtube. Glenn Greenwald, à peu près la même chose sur Substack. Et ces deux poids lourds du podcast (et pour Gleen Greeenwald, du journalisme) passent exclusivement sur Rumble, excédés par les “règles de la communauté” de la plateforme de google. Ces deux personnes ont chacune une audience supérieure à celle de toutes les chaînes infos américaines, à l’exception de Fox News …
En France, la situation est la même avec des youtubeurs comme Greg Tabibian, Tatiana Ventôse et Le Fil d’Actu ou Juste milieu qui ont des audiences comparables à celle des chaînes d’info avec un public jeune, c’est à dire de moins de 40 ans, c’est à dire la première cible des publicitaires… Pourquoi donc croyez-vous que Macron s’acharne à essayer, en échouant lamentablement à chaque tentative, de récupérer l’affaire ?
Bref, les médias mainstream ne tiennent encore que grâce aux subventions publiques et aux rentes de situation que sont les autorisations d’émettre.