Mineurs transgenres : après les transitions, les dé-transitions (2) ?
La foire d'empoigne autour de la proportion de dé-transitions révèle là aussi l'emprise de l'idéologie sur une question avant tout médicale.
Avec le rapport des sénateurs Les Républicains, et la proposition de loi qui a suivi, on parle beaucoup des transitions de genre chez les jeunes. Sans trop savoir où l’on va. Il n’y a à ce jour aucune donnée chiffrée quant au nombre d’enfants et adolescents concernés en France, et comme L’Eclaireur l’a raconté dans un premier article, aucune étude vraiment fiable ou sérieuse quant à l’impact des traitements sur la santé.
Mineurs en transition : auscultation d'une dérive idéologique (1)
Question complexe que les transitions de genre chez les enfants et les adolescents, aux conséquences pas encore bien identifiées ni suffisamment étudiées même si on en connait des irréversibles qui devraient nécessiter de poser des garde-fous ou a minima
Le nombre ? Pas de chiffres formels mais une estimation très large, tout compris, mineurs comme adultes, mesurée en terme de prévalence. La Haute autorité de santé (HAS) a procédé à une méta-analyse des études utilisant l’identité de genre, au sens large. Cela comprend les personnes demandant ou ayant eu une chirurgie de réassignation ou une hormonothérapie, mais aussi considérées comme telles sur la base des troubles mentaux associés au transgenre ou des modifications administratives de sexe ou de nom. Au final, les autorités sanitaires estiment à 355 pour 100 000 personnes la prévalence du transgenre en France. Soit à l’échelle d’une population de 68 millions d’habitants, 241 400 personnes.
On peut considérer ce chiffre comme la fourchette haute.
Les “vrais” transitionneurs, physiologiquement (mais pas biologiquement) parlant, sont bien moindres. Sur la base des chiffres des prises en charge en ALD (affections longue durée ouvrant droit à une prise en charge totale par l’assurance maladie), la France comptabilisait 8 952 trans en 2020. Dont 294 âgés de moins de 17 ans (contre 8 en 2013) .
C’est la fourchette basse, tous les traitements n’étant pas pris en charge au titre d’une ALD. Qui plus est, les chiffres datent d’il y a quatre ans.
Sur le sujet, on ne sait donc pas grand-chose. Combien ils sont, ni qui ils sont – nombre de professionnels font état d’une proportion significative de jeunes autistes, beaucoup rapprochent le profil trans de l’anorexie mentale notamment chez les filles et la plupart parlent d’une souffrance psychique que l’on se saurait réduire à une regrettable stigmatisation ou discrimination tant la question est complexe et touche à l’intime.
Plus que le nombre de trans en lui-même, c’est la visibilité institutionnelle et médiatique de la transidentité qui a explosé depuis une petite dizaine d’années. Et la non moins invisibilité de ce qui devrait inquiéter ou à tout le moins questionner : les dé-transitions. Car, là, on n’a strictement aucun chiffre alors que tous les professionnels avec qui nous avons été en contact le disent et s’en inquiètent : les demandes se multiplient.
Dans sa note de cadrage de septembre 2022, la Haute autorité de santé renvoie la question des dé-transitions en annexe et à des études menées au Royaume Uni et aux Etats-Unis.
Au final, les chiffres en la matière sont particulièrement élastiques. Pour les sociologues, associations et collectifs trans en France, la proportion de dé-transitions ne dépasserait pas les 1 à 2 %. Si on s’en tient à l’étude américaine Turban menée en 2021 sur la base d’un questionnaire, le taux de dé-transition, au sens large dépasserait les 13 %. D’autres études font état de 20 à 30 % d’arrêts de traitement, premier pas vers la dé-transition.
Et pour de nombreux médecins, les chiffres sont sous-estimés, les patients ne déclarant pas leur dé-transition ou leur volonté de dé-transitionner. Sans parler du délai de latence. “ Il faut attendre entre cinq et huit ans après une transition pour évaluer le nombre de transitions”.
Si les motivations restent à creuser – raisons internes, personnelles mais aussi pressions extérieures, de la société comme de la communauté LGBT – la question médicale reste étonnement hors-champ et hors questionnement.
Comme il n’existe pas d’études fiables et sérieuses quant à l’impact des traitements de transition sur les jeunes, les effets de ces allers-retours –transitions/dé-transitions/voire re-transitions, certains parlant de transitions temporaires – sur les organismes et les psyché restent un mystère.
Au risque de procès quand les traitements ont été mis en place un peu rapidement, un peu légèrement. Voir le procès intenté (et perdu) par Keira Bell contre la clinique Tavistock, précurseur en la matière mais soupçonnée d’avoir délivré des traitements un peu légèrement, et fermée depuis le 1er avril sur injonction des autorités sanitaires anglaises.
En France, la prescription d’hormones pour la dysphorie de genre se fait hors AMM (autorisation de mise sur le marché). “Peu de médecins acceptent de les prescrire. Ce sont des traitements administrés à long terme, pour lesquels on ne cerne pas bien les risques secondaires, nous expliquait une pédopsychiatre il y a déjà deux ans. Ils réduiraient la fertilité de manière peut-être irréversible, et à long terme pourraient entrainer une infertilité”.
Certains le font. Un peu vite ? A l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, le délai moyen entre le premier rendez-vous et le démarrage d’un traitement hormonal est de onze mois. Quand l’hôpital Robert-Debré s’est spécialisé dans la consultation des enfants de moins de 12 ans. En France, la mastectomie (ablation des seins), irréversible comme le pointe l’Académie de médecine, est autorisée dès l’âge de 14 ans. Et si dans le public, les hôpitaux refusent les interventions chirurgicales avant l’âge de 18 ans, dans le privé, il est, a témoigné le Dr Chamby devant les sénateurs, possible de se faire opérer pour 3.000 à 5.000 euros remboursés 1.500 euros dès l’âge de 14 ans…