Pénurie de médecins généralistes : le concours Lépine continue
Pour pallier la pénurie de médecins généralistes, le gouvernement prévoit de déléguer certaines de leurs compétences... aux infirmiers. Tout aussi en sous-effectif.
Pour trouver une issue à la très prévisible pénurie de médecins généralistes, le concours des solutions, parfois les plus foutraques, continue. Dernière en date : le transfert de compétences.
L’idée est de déléguer certaines tâches, des médecins traitants vers d’autres, et en premier lieu les infirmiers. Passons sur la question des compétences, légitime au demeurant. Passons aussi sur le fait que le tour de passe-passe a déjà été fait avec le succès que l’on sait avec les assistants médicaux (souvent des professions para-médicales et donc des infirmiers) pour se focaliser de manière très prosaïque sur celle des moyens.
D’un côté, on a donc une pénurie de médecins généralistes. Loin d’être enrayée, elle s’accentue. Entre 2017 et 2021, le nombre de médecins par département, par rapport à la population, a diminué de 1 % par an. Dit autrement, 11 % des Français de plus de 17 ans n’ont pas de médecin traitant en 2022.
De l’autre, on a des infirmiers. Mais pas assez non plus, et de moins en moins, essorée qu’est la profession entre une mal-considération générale et des crises sanitaires successives rendues aigües par le manque de moyens. Rien que dans les hôpitaux parisiens, un millier de postes restaient vacants à la rentrée.
Si l’on suit bien, l’idée serait donc de pallier une pénurie de médecins généralistes en allant piocher dans un vivier d’infirmiers, déjà à sec… On notera que l’idée est sérieusement creusée du côté des gardes médicales. Un amendement au budget 2023 de la Sécurité sociale prévoit faute de suffisamment de médecins de garde d’avoir recours aux infirmiers, aux sages-femmes et aux dentistes. Vétérinaires, Le gouvernement Borne n’a pas dû y penser.
C’est un détail qui veut dire beaucoup: du côté des sages-femmes, c’est aussi la pénurie. Quant aux dentistes, c’est la disette. De ce côté-ci, la multiplication des centres dentaires dont l’implantation sous forme associative et donc sans agrément, a créé un effet d’aubaine au prix de dangereux dérapages, a montré combien les pouvoirs publics pouvaient avoir une imagination débridée mais aucune considération pour la qualité des soins.