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Postes vacants à l'hôpital : le grand blanc
La Lettre confidentielle

Postes vacants à l'hôpital : le grand blanc

Combien de lits sont fermés à l'hôpital faute de personnel ? Aucun indicateur ne permet d'y voir clair. Et personne ne semble pressé d’en mettre en place.

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Patricia Cerinsek
avr. 01, 2022
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Postes vacants à l'hôpital : le grand blanc
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Image tirée de la vidéo “Maladies infectieuses à l’hôpital de La Croix-Rousse” - HCLyon

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L’enquête parlementaire sur la situation de l'hôpital en France n’aura pas permis de sortir du brouillard. A ce jour, on ne sait toujours pas combien de lits sont fermés faute de personnels. Ni donc combien de postes sont vacants dans les hôpitaux en France. Ces chiffres, tout à la fois indicateurs et symboles de la crise de l’hôpital – bref un thermomètre – n’existent pas. Et aucun gouvernement n’a l’air d’être pressé de les fournir.

« Alors que pratiquement tous les chefs d’établissement ou responsables médicaux rencontrés par la commission d’enquête ont fait état de la fermeture de lits résultant de sous-effectifs temporaires ou de difficultés persistantes de recrutement, il n’existe aucune vision consolidée de la situation des établissements ni des évolutions des effectifs qui la sous-tendent », déplore le rapport de la commission d’enquête du Sénat.

« Ces lacunes sont d’autant plus surprenantes que depuis maintenant plusieurs années les ressources humaines et leurs perspectives d’évolution sont l’un des enjeux les plus déterminants pour les établissements de santé ».

Qu’on se rappelle. En octobre 2021, Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique avait mis les pieds dans le plat au terme d’une enquête flash, estimant qu’un lit sur cinq était fermé dans les grands hôpitaux faute de personnels.

Un chiffre aussitôt battu en brèche par Olivier Véran. Le ministre des Solidarités et de la Santé évaluant, manifestement tout autant au doigt mouillé et au prix lui aussi de contestations de méthodologie, cette proportion à 5 %.

Qui dit vrai, qui dit faux ? A croire surtout que personne n’a véritablement envie de creuser le sujet. Car la question n’est pas nouvelle. En 2016 déjà, la Cour des comptes avait tancé les pouvoirs publics. Sans guère plus d’effets donc puisque six ans plus tard, la question reste entière.

« Le ministère de la santé ne dispose pas d’informations fiables sur les effectifs et la répartition des personnels hospitaliers. L’opacité qui en résulte, conjuguée à la méconnaissance du temps de travail médical, ne permet pas une connaissance de l’offre de soins suffisamment précise pour orienter les décisions », pointaient les magistrats financiers.

Le sujet était pourtant considéré comme majeur, et même prioritaire, pour la Cour des comptes. Car non sans impacts sur les politiques publiques à suivre.

« Fondées sur des connaissances approximatives, les politiques de régulation des effectifs se traduisent par des mouvements erratiques des quotas paramédicaux et du numerus clausus médical, des incohérences dans les dispositifs de répartition des médecins spécialistes (examen national classant) et l’absence de mesures visant une répartition territoriale plus équilibrée.»

Six ans plus tard, le numerus clausus supprimé et 6 000 nouvelles places ouvertes dans les instituts de formation d’infirmiers (sur la base de quels chiffres et quels besoins ?), on n’est donc pas plus avancé. « Le gouvernement est dans l’incapacité d’établir un tableau de la situation », soulignait Catherine Deroche, la sénatrice Les Républicains rapporteure de la commission d’enquête. « Il n’y a pas de suivi, pas de vision actualisée pour piloter la politique de ressources humaines ».

Plus de deux ans après le début de la pandémie et alors que le gouvernement n’a de cesse de répéter que le principal indicateur de référence est la saturation des services hospitaliers, et donc la capacité à prendre en charge les patients, rien de bien tangible n’a été fourni.

De prime abord, il semble que l’on soit loin du compte. Rien que sur l’AP-HP ( les hôpitaux parisiens ) la commission d’enquête fait état de 1 400 infirmiers manquant à l’appel début 2022. « Mille de plus qu’en octobre 2019 », souligne-t-elle. En Ile-de France, ce sont 2 820 postes d’infirmiers qui étaient vacants en novembre 2021 d’après une brève enquête de l’agence régionale de santé (ARS).

Et rien ne dit que les 6 000 places ouvertes dans les écoles d’infirmiers seront pourvues ou se traduiront par un diplôme au bout du compte en raison des nombreux abandons en cours d’études. C’est le cas pour les élèves infirmiers mais aussi pour les élèves sage-femmes. Combien jettent l’éponge ? Là non plus, il n’y a aucune évaluation connue. Pour autant, 1 300 démissions d’élèves infirmiers ont été recensés entre 2018 et 2021.

Une enquête du ministère de la Santé… parcellaire

En décembre dernier, le ministère de la Santé a bien diligenté une enquête. Mais « qui n’a guère contribué à mesurer plus finement l’impact des tensions en ressources humaines sur les capacités d’hospitalisation », pointe le rapport.

Une enquête qui s’est en fait bornée à mesurer l’évolution du nombre de lits. Loin, très loin d’une photographie à l’instant T d’une situation très mouvante et qui réclame d’incessants réajustements. A-t-on voulu noyer le poisson ? Au final, on ne sait si les lits fermés relèvent d’une restructuration de l’activité hospitalière, d’une bascule vers l’hospitalisation de jour ou à domicile ou d’un manque de personnels.

Quant aux résultats de cette enquête, ils laissent pour le moins circonspects. Entre fin 2019 et octobre 2021, les capacités d’hospitalisation auraient ainsi diminué globalement de… 2 %. Davantage en chirurgie (- 7 %) et en obstétrique (- 4 %) qu’en médecine (- 2 %), soins de suite (- 2 %) et psychiatrie (- 2 %) alors que, dans le même temps, l’hospitalisation à domicile connaissait un fort développement (+ 26 %).

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