Pot-pourri culturel du week-end
La bande-son imaginaire - Reba Meyers - Igorrr - General Cluster - Gracchus raconte - Tim Weiner - Raphaël Pichon.
Nous relançons cette chronique, mais pas trop loin, quand ça nous chante, quand il y a de quoi écrire sur quoi on a envie d’écrire, parce qu’elle est chronophage cette chronique. Pas de régularité donc.
Musique qui fait du bruit
La bande-son imaginaire.
Ah le Mexique! Son armée, ses cartels et sa société d’une violence du niveau d’une guerre de haute intensité, son excellente cuisine (qui n’est pas le graillon qu’on nous vend en France comme “tex-mex”) et sa culture si riche et étrange. Et puis Camerone, bien sûr, mais ça, c’est une autre histoire.
Amusant de constater que le “gothique” pour nos amis mexicains, c’est plus Arthur Bernède et Belphégor, Marcel Allain et Pierre Souvestre auteurs des Fantomas que Mary Shelley et Frankenstein.
La bande-son imaginaire fait de la “dark wave”, disent-ils. Et c’est excellent.
Ah Reba Reba Reba !
Transition capillotractée avec les Mexicains ci-dessus façon Speedy Gonzalez.
Reba Meyers était la guitariste de Code Orange - groupe aujourd’hui en suspend, qu’elle avait fondé minaude à Pittsburg il y a plus de quinze ans et à notre humble avis, l’un des meilleurs trucs arrivés au rock’n roll dans la dernière moitié de la première décennie et la première moitié de la deuxième décennie du XXIe siècle. Elle officie aujourd’hui en tournée avec Marilyn Manson, et vient de sortir un EP solo enregistré par le très regretté Steve Albini dans son studio Electrical Audio à Chicago. Rien à jeter.
Igorrr
Le bougnat et son coq sont de retour. Igorrr, c’est le nom du coq de Gauthier Serre, Igorr. Non, pas Gauthier, son coq. Enfin les deux mais c’est pas son vrai nom. A Gauthier, pas au coq, Igorr. Hyper propre dans les polyrythmies, un peu trop propre et dense dans la production à notre avis. Le metalo le plus intéressant de France et d’Auvergne depuis plus de dix ans déjà, Igorrr. Non, pas le coq, Gauthier. Nouvel Album “Amen” disponible de partout.
Gras de Chartreuse - pardon, General Cluster
Si nous leur disons qu’ils ont (encore) forcé sur le compresseur de bus au mixage au point que ça pompe comme Lulu la pimpolaise rue Montorge en 1966, ils vont (encore) mal le prendre - surtout pour un morceau intitulé 3Some. General Cluster, du stoner mijoté longtemps dans de la graisse de moinillon de Clama trossa avec toutes les herbes et les poils qui y faut, comme on dit dans le massif.
Belles lettres
Gracchus raconte
Nous avons enquêté. Des sources concordantes et indépendantes nous ont affirmé que le propriétaire de cette chaîne YouTube ferait, avec quelques pélos par vraiment des narvalos mais quand même un peu ginos, la meilleure imitation de Jesse Garon du second canton de Grenoble. Maintenant, la rumeur, vous savez ce que c’est, on vous raconte pas.
Ce niaque-à-cul (sortez votre dictionnaire de Dauphinois) a la niaque et raconte parfois des histoires de cul, tout dépend de qui il lit. De la très grande littérature toujours - attendez, Simenon, Frédéric Dard, Céline, Bukowsky, Jean Ray (alleï, qui connait Jean Ray une fouè?) et consorts. Bref, il ne marche pas à carpoton et nous pétafine pas l’cuchon (vous avez toujours votre dictionnaire de Dauphinois?) dès qu’il s’agit de dégoiser du verbe. C’est pas de “l’audiobook”, c’est un théâtre radiophonique à lui tout seul.
Il prête à Alexandre-Benoît Berrurier, l’alcoolite de San Antonio, un accent dauphinois alors que l’énorme naquit à Saint-Locdu-le-Vieux, Normandie. Mais bon, les normands étant des trous sans Chartreuse verte, cette appropriation culturelle est parfaitement justifiée. On n’est pas des quand-mêmes, non mais pardi, non mais ça va ou bien!
Tim Weiner, “La Mission”
Tim Weiner est lauréat du prix Pulitzer. Pour le New York Times, il a couvert la CIA ainsi que “la guerre contre le terrorisme” en Afghanistan, au Pakistan, au Soudan et dans d’autres pays. Son ouvrage Legacy of Ashes: The History of the CIA (Héritage de cendres : l’histoire de la CIA) a reçu le National Book Award.
Bref, il est sans doute le meilleur connaisseur, avec Seymour Hersh, de l’appareil de renseignement américain. Son dernier ouvrage, La Mission, est une plongée dans l’histoire de la CIA au XXIe. Il y démontre que la guerre en Ukraine a bien été provoquée par les USA, l’Otan et l’Union Européenne, entre autres joyeusetés.
Pour les impatients, vous pouvez trouver en deux parties le livre audio de “Legacy of Ashes” sur YouTube en accès libre mais en anglais. Ne nous demandez pourquoi c’est gratuit: c’est sans doute une opération psychologique.
Musique douce
Johannes Brahms, Ein Deustches Requiem - Raphaël Pichon, Harmonia Mundi
Le Jojo Brahms, c’était un peu le cloclo hipster du romantisme chic chleuh de son époque : la barbe en friche, la hanche heureuse, mais le cerveau réglé comme une horloge suisse. Le gars, il posait trois notes, et paf ! t’avais tout Vienne qui chialait dans sa binouze. Quand il tapotait sur son piano, t’avais l’impression qu’il causait à l’autre, là, Dieu, mais en chuchotant, genre « Ach t’inquiètes, lé fieux, che chère lé mi bémol ».
Son Ein Deutsches Requiem, c’est pas de la messe pour junker de bénitier : c’est de la philosophie en musique, du spleen à la choucroute, des pets, des rots, du deuil avec des cuivres. T’écoutes ça, t’as la chair de poule jusque sur les rotules, et tu te dis que la mort teutonne c’est celle-là, jouée par un ange à moustache en crocs et casque à pointe qui se fait tartir.
Et un gazier qui s’appelle Raphaël Pichon qui te mène à la baguette un requiem allemand, c’est de bonne guerre - qui s’en lasse?