Pourquoi toute utilisation massive des vaccins à ARNm est contreproductive
L'ARN messager n'est une voie "prometteuse" que comme complément à des vaccins classiques pour des catégories bien ciblées de la population. La stratégie de Sanofi est la seule valide à long terme.
Robert F. Kennedy vient d’annoncer que la BARDA - Biodemedical Advanced Research and Development Authority - du ministère de la santé qu’il dirige, a annulé les financement de 22 vaccins ARNm. Pourquoi? Parce que les vaccins à ARNm sont inefficaces et présentent plus de risques que de bénéfices pour l’Homme. Les raisons scientifiques invoquées sont exactement les mêmes qu’une quinzaine d’experts nous avaient exposées dès le 04 août 2021. Nous republions notre article en accès libre .
Avertissement: cet article est le résultat d’entretiens réalisés en juin et juillet 2021 avec plus de 15 spécialistes du développement de vaccins dans l’industrie pharmaceutique, en France et à l’étranger. Pour des raisons évidentes, nous avons garanti l’anonymat total à tous ces experts.
Ne comptez pas sur Emmanuel Macron, Jean Castex, Olivier Véran ou Agnès Pannier-Runacher pour vous expliquer cela. Ils n’y comprennent tout simplement rien. Ils ne comprennent pas tout ce qui ne peut pas immédiatement se valoriser en terme de communication politique.
On nous présente les vaccins à ARNm comme une grande innovation. Rien n’est plus faux. Cela fait des années qu’on sait synthétiser de l’ARN messager. Il a fallu le délire paranoïaque de la Covid pour que tous les gouvernements se couchent, autorisent et achètent en masse des produits expérimentaux qui n’ont qu’un intérêt très limité et avec lesquels ils veulent vacciner urbi et orbi l’ensemble de la population.
Les sérums à ARNm agissent sur le degré le plus faible de l’immunité humorale.
Les anticorps qu’ils génèrent sont “étroits” puisque obtenus par un raccourcis (le fait de faire encoder par votre corps la protéine Spike plutôt que de vous exposer à des virus inactivés entiers ou fragmentés) dans le cas de la Covid et l’hémagglutinine dans le cas de la grippe (qui contient une deuxième protéine spike, la neuraminidase). Leur présence dans l’organisme est d’une durée très limitée (6 mois pour le sérum de Pfizer).
Si dans l’absolu leur coût de fabrication est moindre que celui des vaccins “traditionnels”, ils sont rendus obsolètes à la même vitesse à laquelle le virus ciblé mute. La protéine Spike que font générer les vaccins afin de provoquer la production d’anticorps est celle du virus original de Wuhan. La protéine spike du variant delta présente 7 mutations par rapport à cette première. L’ARNm étant un principe actif de synthèse, toute modification de cet ARN afin de l’adapter à des mutations revient à créer un nouveau principe actif, d’où découle l’obligation de refaire l’ensemble des essais cliniques. Sans compter que plus l’utilisation des sérums à ARNm est large, plus le virus est soumis à une pression de sélection, plus rapidement apparaissent des variants résistants.
C’est pourquoi toute utilisation massive, sans discernement et non-ciblée des vaccins à ARNm est contreproductive, tant d’un point de vue médical, sanitaire qu’industriel.
En revanche, comme complément à des vaccins classiques dans des cas précis pour des situations précises concernant une partie précise de la population, l’affaire devient très intéressante à tous points de vue, y compris pour la Covid.
C’est exactement ce que Sanofi fait avec le rachat de Translate Bio, avec qui avait été passé un accord de licence exclusif en 2018.
Les essais de phase I ont débuté en juin dernier pour deux formulations différentes d’un sérum monovalent à ARN codant l’hémagglutinine (l’un des deux antigènes présents sur le virus, le H dans le nom des souches) de la souche A/H3N2 de la grippe et conçu pour être utilisé en complément des vaccins anti-grippaux traditionnels.
Les vaccins contre la grippe sont des cocktails de virus inactivées dont la composition est déterminée de manière empirique, par l’observation de l’épidémie de grippe saisonnière dans l’hémisphère Sud. Quand on prévoit bien les souches prévalentes de l’épidémie qui aura lieu dans l’hémisphère Nord, les vaccins sont très efficaces et ils arrêtent l’infection et la transmission. L’épidémie est donc peu sévère et peu mortelle. Si par malheur un variant très virulent devient dominant alors qu’on ne l’avait pas prévu, alors on peut se retrouver confrontés à une épidémie saisonnière sévère et très létale, comme celle de 2016-2017 qui fit plus de 15 000 morts.
Ces vaccins “traditionnels” contiennent des antigènes issus de souches virales “naturelles” même si de culture, on n’a donc pas besoin de passer chaque année par la case “essais cliniques phase I à III” à partir du moment où les adjuvants et excipients bénéficient d’une autorisation de mise sur le marché et les procédés de fabrication sont caractérisés.
La souche A/H3N2 ciblée par le sérum à ARNm de Sanofi étant souvent la source d’infections respiratoires aigües très sévères pour les personnes à risque (personnes âgées et jeunes enfants essentiellement), disposer d’un sérum qui permette de corriger les erreurs de prévision sauvera des vies.
Ne nous leurrons pas : la seule voie vaccinale possible contre la Covid est la même que pour la grippe, des vaccins à souches inactivées plurivalents complétés par des sérums à ARNm monovalents ciblés sur les variants les plus dangereux pour les individus à risque selon la nature de l’épidémie saisonnière.
Une maladie endémique à épidémie saisonnière comme la Covid ne peut se combattre que par empirisme. Les virus mutent à une telle vitesse et par des voies tellement diverses (le variant Marseille 4, le plus mortel, a fait un passage chez le vison avant de revenir à l’homme) que nous sommes condamnés à courir après en permanence.
Ne comptez pas sur Emmanuel Macron, Jean Castex, Olivier Véran ou Agnès Pannier-Runacher pour vous expliquer cela. Ils n’y comprennent tout simplement rien. Ils ne comprennent pas tout ce qui ne peut pas immédiatement se valoriser en terme de communication politique.