Quatre ans après le LancetGate, rebelote ?
Après le LancetGate, le LegaGate, du nom de cette seconde étude rétractée qui incriminait un peu facilement l'hydroxychloroquine dans sa réponse au SARS-CoV-2 ? Retour sur un scandale étouffé.
Alors que la rétractation de l’étude française Pradelle-Lega sur les risques associés à la prescription d’hydroxychloroquine (HCQ) dans sa réponse au SARS-CoV-2 a manifestement fait l’objet d’un classement vertical dans les médias français – seul France Soir en a longuement parlé, mais ça ne compte pas puisque le journal n’est plus un média, note ironique de la rédaction – retour sur le LancetGate.
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En 2020, une étude publiée dans The Lancet, qui tirait les mêmes conclusions sur la base de fausses informations (allô Thierry Breton ?), avait été rétractée en quelques jours. Pour rappel, c’est sur la base de cette étude qu’Olivier Véran avait suspendu la dérogation qui permettait la prescription de l’HCQ en milieu hospitalier. Sur la base de cette étude que l’Organisation mondiale de la santé l’avait déconseillé.
Quatre ans après, il ne s’est rien passé. Surgisphère, la société au cœur de cette fraude avérée qui ne disposait d’aucune compétence en la matière (pour l’anecdote, sa directrice des ventes arrivait du porno), a disparu de la circulation. The Lancet publie toujours. Aucune enquête judiciaire n’a manifestement été ouverte ou n’a abouti à quoi que ce soit.
L’occasion pour L’Eclaireur de republier, avec l’accord de son auteur, Pascal Clérotte, ce qu’écrivait le Groupe d’analyse métropolitain à l’époque. Premier article publié le 28 mai 2020.
Comment Véran et le HCSP ont interdit une cure potentielle sur la base d’une étude foireuse faite à partir de données “pourries” dont personne ne connait l’origine et la validité (et c’est aujourd’hui prouvé)
Accrochez-vous à vos portes-jarretelles messieurs-dames !
Les données de “l’étude” Mehra et al. publiée dans The Lancet n’ont pas été collectées par les auteurs de l’étude, mais fournies (contre rétribution ou pas, on ne sait pas) par une entreprise nommée Surgisphere.
Surgisphere semble être plus un “data broker” et un coupe-circuit qu’une entreprise ayant développé des logiciels d’aide à la décision pour le secteur de la santé. On dirait furieusement une officine. Ou bien une escroquerie. Ou plus vraisemblablement une opération de “pump and dump” classique dans le secteur de la santé, malheureusement.
“À l’heure où les hôpitaux commencent à se préparer pour une augmentation en flèche du nombre de cas confirmés de COVID-19, une attention plus marquée va être accordée à l’utilisation appropriée des ressources de soins de santé. Sans planification ni organisation, cette recrudescence peut entraîner des retards dans les soins et un gaspillage des ressources, lesquels ne peuvent que nuire aux patients. En collaboration avec des experts de la santé publique, Surgisphere a développé un outil de triage du COVID-19 permettant de prioriser l’apport de soins aux patients qui en ont un besoin urgent” (communiqué de presse du 19 mars 2020)
Il s’agit donc bien de “big data”, ce qui n’a rien à voir avec la recherche médicale et encore moins avec l’exercice de la médecine. Et il s’agit de données fournies par un prestataire de service privé – oh le gros, l’énorme conflit d’intérêt – dont le patron, Sapan S. Desai, est un des auteurs de l’étude…
Cet article de The Guardian expose la réaction des autorités australiennes quant aux données utilisées pour la prétendue “étude” publiée par The Lancet
Le ministère fédéral de la santé a confirmé à Guardian Australia que les données collectées sur le Covid-19 dans le système national de surveillance des maladies à déclaration obligatoire n’étaient pas la source des données utilisées par Mehra et al.
L’Etat de Victoria a confirmé que les résultats de l’étude concernant les données australiennes ne concordaient pas avec les données sur les coronavirus de l’État, y compris les admissions à l’hôpital et les décès. Le ministère de la Santé de la Nouvelle-Galles du Sud a également confirmé qu’il n’avait pas fourni aux chercheurs les données de ses bases de données.
Le Dr Allen Cheng, épidémiologiste et médecin spécialiste des maladies infectieuses à l’Alfred Health à Melbourne, a déclaré que les hôpitaux australiens ayant patricipé à l’étude devaient être nommés. Il a affirmé qu’il n’avait jamais entendu parler de Surgisphere, et que personne de son hôpital n’avait fourni de données à Surgisphere . « Normalement, pour soumettre dans une base de données comme celle de Surgisphere, vous avez besoin d’une autorisation suite à une évaluation éthique, et le personnel de l’hôpital aurait accompli cette délivrance de données », a-t-il déclaré. Il a affirmé que l’ensemble de données [détenues par Surgisphère] devrait être rendu public, sinon ouvert à un contrôle indépendant.
Dans un communiqué, Surgisphere confirme l’intégrité de ses données, affirmant que toutes les informations provenant des hôpitaux “étaient transférées de manière non identifiée” et ne pouvaient pas être rendues publiques. “Cette exigence nous permet de maintenir des collaborations avec des institutions de premier plan qui sont soutenues par le niveau d’intégrité des données et de sophistication requis pour un tel travail”, indique le communiqué. “Naturellement, cela conduit à l’inclusion d’établissements qui ont un niveau de pratique de soins tertiaires et qui fournissent des soins de santé de qualité relativement homogènes à travers le monde. Comme pour la plupart des entreprises, l’accès aux données individuelles des hôpitaux est strictement régi. Nos accords d’utilisation des données ne nous permettent pas de rendre ces données publiques.”
Et le reste à l’avenant…
Nous avons donc une société dont personne n’a entendu parler qui collecte à des fins commerciales dans des hôpitaux des données utilisées par quatre cardiologues pour pondre une étude statistique rétrospective disqualifiant un traitement potentiel, données auxquelles personne d’autre hormis les auteurs de l’étude et Surgisphere ont accès…
Il est fondamental de savoir d’où proviennent ces données et comment elles ont été collectées, puisqu’elles ne proviennent apparemment pas de bases de données épidémiologiques publiques.
Dites donc, The Lancet, la “peer review”, elle a été faite comment et par qui ? Non parce que sans vérifier la validité et l’intégrité des données, pas d’évaluation par pairs possible. Donc vous vous êtes foutus du monde et c’est gravissime…
Si vous voulez notre avis, nous sommes en face d’un scandale à côté duquel celui de Cambridge Analytica est de la roupie de sansonnet. Il est en effet très vraisemblable que Surgisphere acquiert ses données soit en argent sonnant et trébuchant soit par échange de service. Soit Surgisphere paie les hôpitaux dans le cadre d’accords transparents et légaux (gros problème éthique), soit elle paie des individus qui ont accès aux données pour les lui transférer (gros problème pénal)…
Notre crétin des Alpes de ministre de la santé Olivier Véran et le Haut Conseil de la Santé Publique s’amusent à prendre la décision d’interdire un traitement potentiel et un médicament parfaitement sûr (c’est l’agence de sécurité sanitaire anglaise qui le dit) sur la base d’une étude qui n’est absolument pas fiable parce que réalisée à partir de données qui ont peut-être été acquises de manière illicite voire délictueuse ou criminelle…
Dans un pays normal, c’est la démission d’Olivier Véran et de tout le haut conseil de la santé publique et l’ouverture d’une enquête judiciaire.