Rail financé par les autoroutes : le dernier coup de com de Clément Beaune
Dans les Alpes, un fonds créé pour transférer les recettes des autoroutes vers le rail sert à renflouer... la route. Pendant que Paris et Bruxelles s'emploient à liquider la branche fret de la SNCF.
Pour financer le train, 100 milliards d’euros d’ici 2040, Clément Beaune, le ministre des Transports dit vouloir créer de nouvelles taxes touchant les compagnies aériennes et les sociétés d'autoroute dans le budget 2024. Car oui, les caisses sont vides et personne au gouvernement ne sait comment la rénovation des infrastructures ferroviaires – la moyenne d’âge des rails tourne autour de 28 ans contre 17 ans pour les autres pays européens – et la promesse de dix RER métropolitains vont être financés. Et on ne parle pas des accès au Lyon-Turin…
Ces détails mis à part, cela n’empêche manifestement pas le gouvernement de continuer à dérouler son plan com’. Lequel déraille déjà passablement. Le secteur aérien a averti : il ne mettra pas la main à la poche.
Restent les sociétés d’autoroute. On ne va pas ici s’attarder sur l’ascendant qu’a l’Etat sur les concessionnaires autoroutiers. L’ART, l’autorité de régulation des transports, et la Cour des comptes l’ont suffisamment rappelé : la faiblesse des pouvoirs publics vis à vis du privé est patente. On se rappelle que dans un référé, le président de la Cour des comptes avait souligné combien les plans d’investissement faisaient l’objet de “négociations difficiles dans lesquelles les pouvoirs publics sont souvent apparus en situation de faiblesse”. On n’ose imaginer la teneur et l’issue des négociations quand il va s’agir de "demander aux modes de transports les plus carbonés de financer l’investissement dans le train" dixit Clément Beaune, via une potentielle taxe (une nouvelle) qui, promis-juré, ne se répercutera pas sur les péages.
Cette idée de demander aux autoroutes de financer le train est déjà mise en application dans les Alpes. En fait non, justement, elle n’est pas mise en application. Mais le cœur y était.
C’est le FDPITMA, le Fonds pour le développement d'une politique intermodale des transports dans le massif alpin. L’idée en 2002 était alors de booster le train, et notamment le transport de marchandises grâce aux recettes générées par les autoroutes alpines et les deux tunnels du Mont-Blanc et du Fréjus. Une bien belle idée sauf que jamais ce fonds n’a été utilisé pour financer autre chose que… la route.