🚨 TWITTER FILES – FRANCE
De nouveaux documents révèlent que l'Elysée aurait initié un système de censure indirecte.
La traduction de l’article paru sur Public News hier, que Michael Shellenberger nous a autorisé à reproduire. Public News conserve tous les droits de reproduction.
L'administration Trump négocie avec l'Union européenne pour lever les derniers obstacles à un accord commercial. Le point d’achoppement majeur est la question de la censure européenne imposée aux plateformes américaines.
Selon de nombreux observateurs, “l’effet Bruxelles” qui permet à l’UE d’imposer sa réglementation à l’échelle de l’occident du fait de la taille du marché intérieur, pourrait mener à l’application de fait du DSA aux USA, impactant directement la liberté d’expression des américains sur leur propre sol.
L'an dernier, Thierry Breton, alors commissaire européen au marché intérieur, avait menacé Elon Musk de sanction après l'annonce d'une interview sur X avec Donald Trump.
De nouveaux documents des "Twitter Files" révèlent une coopération active entre Emmanuel Macron, des parlementaires et des ONG liées à l'État, visant à forcer la plateforme sociale la plus influente au monde à censurer des discours parfaitement légaux et à orienter la "modération de contenu" mondiale de Twitter pour contrôler le récit public.En outre, les "Twitter Files - France" mettent en lumière l'émergence d'une stratégie de censure par le biais d'ONG agissant comme intermédiaires, au cœur de ce que l'on nomme le complexe industriel de la censure :— Emmanuel Macron a personnellement pris contact avec Jack Dorsey, alors PDG de Twitter ;— Le timing de cette démarche suggère une coordination étroite avec des ONG dans une campagne visant à intensifier la censure et à obtenir des données confidentielles des utilisateurs de Twitter ;— Cette série d'événements laisse suspecter des agissements potentiellement illégaux de la part de plusieurs acteurs.
L'enquête sur les "Twitter Files France" a été réalisée par Thomas Fazi et Pascal Clérotte, avec le soutien éditorial d’Alexandra Gutentag et Michael Shellenberger.
.Les documents confidentiels sont publiés sur X, accompagnés du rapport sur l’invention par la France du complexe industriel de la censure
1. « Le président Macron veut envoyer un SMS à Jack »
Le 14 octobre 2020, la directrices des affaires publiques de Twitter pour la France et la Russie a indiqué : « L'équipe du président Macron m'a (encore !) demandé le numéro de Jack, car le président souhaite lui envoyer un SMS avec des mots de soutien concernant nos nouvelles politiques et fonctionnalités sur l'intégrité des élections. »
Un problème s'est toutefois posé : Dorsey ne partage pas ses informations de contact, même avec les chefs d'État. « J'ai déjà conseillé qu'il pourrait lui envoyer un message direct. Je vais insister à nouveau, mais je voulais d'abord vérifier avec vous que Jack ne partage effectivement jamais son numéro », a écrit la directrice des affaires publiques.
Public a sollicité une réaction du président Macron, mais n'a pas reçu de réponse.

2. “Macron n'envoie des SMS qu'aux personnes dont il est proche et avec lesquelles il travaille régulièrement……”
La première réponse a été formulée par la vice-présidente monde des affaires publiques de Twitter, avec Vijaya Gadde, l'une des responsables clés de la modération de la plateforme, en copie.
Elle souligne : « Macron n'échange des SMS qu'avec des proches ou des collaborateurs réguliers et ses homologues (comme Angela Merkel. Sierra, pourriez-vous vérifier avec Jack s'il accepterait de recevoir un message de Macron ? Nous demanderons à l'équipe de Macron de transmettre le numéro de Jack uniquement au président. Merci. »
L’équipe de Dorsey a répondu : « Je vais en discuter avec Jack. Existe-t-il une autre solution ? Pour votre information, Jack n’a pas de numéro de téléphone ( je vous assure), et seules les personnes de son cercle restreint savent comment le joindre. »
“J’insiste pour un message direct, mais il semble que Macron ne gère pas Twitter personnellement et préfère adresser une note privée. Peut-être pourrait-il utiliser Telegram ou Signal.”
Par la suite, plusieurs options de communication ont été envisagées, telles que l’e-mail, Signal, Telegram et iMessage.
Mais qu’est-ce qui motivait l’insistance de Macron à vouloir contacter Dorsey ?
3. CONTEXTE : Escalade de la guerre juridique et de la censure sous la présidence de Macron
La France se présente depuis longtemps comme le foyer des idéaux démocratiques modernes, issus de la Révolution de 1789 et symbolisés par la devise « Liberté, Égalité, Fraternité ». Pourtant, rares sont les gouvernements occidentaux qui contrôlent autant la liberté d'expression.
L’Etat français, à travers son complexe industriel de la censure, emploie diverses stratégies, notamment l'intimidation par voie judiciaire, pour imposer la censure aux plateformes .
En août dernier, les autorités françaises ont interpellé Pavel Durov, fondateur de Telegram, et l'ont détenu pendant quatre jours. Il a été inculpé pour de multiples chefs d'accusation, incluant complicité de crime organisé, association de malfaiteurs et soutien au terrorisme.
Durov a déclaré que le chef des services de renseignement extérieur français l'avait pressé de réduire au silence les voix conservatrices sur Telegram, dans le contexte de la nouvelle l’élection présidentielle roumaine après son l’annulation de celle de novembre 2024.
4. “Cette affaire vise principalement à dépeindre Twitter comme un acteur dangereux dans la presse.”
La tentative de Macron d’obtenir le numéro de Jack Dorsey semble étroitement liée au dépôt simultané d’une plainte par quatre ONG proches du gouvernement français contre Twitter.
« Au printemps, quatre ONG nous ont poursuivis, estimant que nous ne faisions pas assez pour combattre les discours de haine en France, nous comparant défavorablement à Facebook et d’autres plateformes », a écrit Karen Colangelo, directrice associée des litiges, de la réglementation et de la concurrence chez Twitter, dans un courriel du 19 octobre 2020 adressé à ses collègues. « Leur objectif est de faire nommer un expert pour analyser nos systèmes de signalement et de modération. »
Selon Colangelo, l’objectif de ces ONG n’était pas de gagner ce procès, qu’elle considérait comme infondé. Elle ajoute : « Cette affaire cherche avant tout à présenter Twitter comme une menace dans les médias. »
L’instance a été initiée par SOS Racisme, SOS Homophobie, l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et J’accuse, qui accusaient Twitter de ne pas retirer les discours de haine assez rapidement.
Ces ONG semblent bénéficier du soutien du gouvernement français et de l’Union européenne. SOS Racisme participe à un programme de l’UE, tandis que l’UEJF est affiliée à l’Union européenne des étudiants juifs, soutenue par l’UE. SOS Homophobie reçoit des fonds du gouvernement français et est liée à l’UE par son programme international pour la jeunesse LGBTQ. Aucune de ces ONG n’a répondu à nos demandes de commentaires.
5. “Ils s’inquiètent de notre politique autorisant les utilisateurs à publier des tweets de manière anonyme”
Lors d’une médiation avec les ONG le 7 novembre 2020, Karen Colangelo a fait le point avec ses collègues : « Les ONG ont partagé leurs préoccupations, qui se résument ainsi : (1) elles jugent que nous ne réagissons pas assez vite face aux discours de haine, voire pas du tout dans certains cas, (2) elles exigent davantage de transparence sur notre gestion des signalements de discours de haine et sur notre surveillance proactive de ce type de contenu, et (3) elles s’inquiètent de notre politique autorisant les tweets anonymes, estimant que cela permet aux auteurs de discours de haine d’échapper à toute détection ou sanction. »
Après une troisième session de médiation, Colangelo a indiqué : « Nous avons tenu notre troisième réunion aujourd’hui et avons réalisé de légers progrès. Les ONG nous ont interrogés sur cinq comptes spécifiques qu’elles souhaitent voir suspendus. Nous allons réexaminer ces comptes pour déterminer s’il existe des motifs valables pour une suspension. »Twitter semblait disposé à collaborer avec les autorités françaises en matière de censure.
6. “Je ne suis pas surpris qu’ils tentent maintenant de retourner au tribunal et de faire une déclaration publique…”
Les cadres de Twitter étaient conscients que le moment choisi pour la plainte des ONG n’était pas le fruit du hasard.
« Sur le plan des affaires publiques », a écrit Audrey Herblin-Stoop, directrice des politiques publiques de Twitter pour la France et la Russie, dans un courriel à ses collègues, « vous vous souvenez sans doute que l’annonce de leur action en justice a coïncidé avec la lecture finale du projet de loi Avia, dans le but d’en favoriser l’adoption. »
Le projet de loi Avia, nouvelle législation française sur la censure, avait pour objectif affiché de « combattre les discours de haine en ligne » et de supprimer les contenus illicites.« Par conséquent », a-t-elle poursuivi, « il n’est pas surprenant qu’ils cherchent à présent à saisir à nouveau la justice et à faire une annonce publique, juste avant le retour imminent de la réglementation sur les discours de haine. »
Ainsi, la plainte déposée par ces organisations soi-disant « non gouvernementales » ne relevait pas d’une réaction spontanée à des abus en ligne, mais s’inscrivait dans une stratégie concertée du gouvernement français. Des ONG financées par l’État et liées politiquement semblent collaborer avec des acteurs étatiques, y compris le président Macron, pour faire pression sur les plateformes de réseaux sociaux afin qu’elles censurent et pour consolider le pouvoir politique dans la répression de ses adversaires.
7. CONTEXTE : La France a inventé le complexe industriel de la censure il y a 53 ans
Des censeurs royaux aux tribunaux révolutionnaires, des décrets de Napoléon à la répression sous Vichy, l’histoire de la France s’est toujours construite autour du conflit entre censure et liberté d’expression.
Adoptée en 1972, la loi Pleven répondait aux tensions politiques croissantes et aux débats sur l’immigration massive. Officiellement destinée à lutter contre le racisme en pénalisant l’incitation à la haine, la diffamation ou les insultes basées sur la race, l’ethnicité ou la religion, elle a conféré à deux ONG, agréées et partiellement financées par l’État, le statut de « procureurs privés » avec la capacité d’engager des poursuites pénales en tant que tierces parties.
dispositif a créé une arme redoutable : des ONG, souvent motivées par des agendas idéologiques et disposant de ressources conséquentes, pouvaient intenter des procès coûteux et destructeurs pour la réputation contre des voix critiques ou dissidentes, jetant les bases du système de la DSA et de ses « tierces parties de confiance » chargées de censurer Internet.
La loi Pleven a ouvert une brèche. Dans les années 1980, une multitude d’ONG, souvent au service de partis politiques ou de groupes d’intérêts, ont vu le jour. Elles ont multiplié les pressions pour obtenir l’agrément et élargir leurs prérogatives, visant à engager des poursuites dans de nouveaux domaines, comme l’orientation sexuelle, faisant de la guerre juridique une stratégie politique clé. Progressivement, le spectre des discours susceptibles d’être pénalisés ou censurés s’est considérablement élargi.
Dès le début des années 2010, ces organisations ont lancé une vague d’actions en justice contre Twitter, ciblant des contenus jugés haineux, tels que des hashtags antisémites, le négationnisme de l’Holocauste ou les propos homophobes.
En 2012, la France s’était déjà imposée comme le leader mondial des demandes de censure adressées à Twitter, réclamant des mesures de « pré-débunkage ».
8. Macron Leads Censorship Effort
L’année 2016 a constitué un point de bascule dans la répression de la liberté d’expression en ligne par l’État. Des événements tels que le Brexit, l’élection de Trump, le Printemps arabe et le mouvement des Gilets jaunes, orchestré via les réseaux sociaux, ont persuadé les élites que les « désordres informationnels » menaçaient directement leur autorité. Un consensus s’est alors formé : il était impératif de réguler les plateformes numériques pour endiguer la montée du populisme.
Macron a réagi par une vague de mesures législatives. Sous sa présidence, la France :
— a exigé des plateformes qu’elles mettent en place des outils de « détection de la désinformation » ;
— a imposé un délai de 24 heures pour la suppression des contenus jugés « haineux » et a ordonné le retrait des « deepfakes » ;
— a lancé VIGINUM, une agence dédiée à la lutte contre la désinformation, créée en juillet 2021, qui semble avoir joué un rôle dans l’annulation controversée du premier tour de l’élection présidentielle roumaine de 2024.
Ces initiatives révèlent un effort coordonné de Macron et de ses alliés pour régenter la parole et influencer les élections à l’échelle mondiale.
9. “—Nous envisagions de divulguer confidentiellement certaines informations demandées par les ONG en échange de l'abandon de leur plainte”
Malgré les tentatives de coopération de Twitter, les ONG ont rejeté tout accord. En conséquence, Twitter a fini par céder, proposant de censurer sa plateforme — pour l’ensemble de ses utilisateurs — afin de mettre un terme aux poursuites judiciaires.
« Une mise à jour sur l’affaire des discours de haine en France : en janvier, nous pensions approcher d’un règlement », a indiqué la directrice associée des litiges, de la réglementation et de la concurrence de Twitter dans un courriel du 23 février 2021. « Nous avions prévu de partager confidentiellement certaines informations réclamées par les ONG en échange du retrait de leur plainte. Après plusieurs semaines (et, semble-t-il, des désaccords internes parmi les plaignants), elles nous ont soumis une contre-offre finalement inacceptable. »
Ce qui rendait cette contre-offre irrecevable, a-t-elle précisé, c’est que « les ONG ont refusé de s’engager clairement à abandonner leur action en justice. »
En clair, même avec un accès aux données de Twitter, les ONG souhaitaient poursuivre leur combat juridique. Pour quelle raison ?
Tout indique qu’elles cherchaient à accentuer la pression médiatiques pour imposer une censure renforcée sur les plateformes. Les dirigeants de Twitter en étaient parfaitement conscients.
« Nous nous attendons à une couverture médiatique défavorable sur l’‘échec’ de la médiation, et notre équipe de communication a préparé une réponse », a noté la directrice des litiges. « Les ONG vont probablement chercher à nous présenter comme une entreprise qui refuse de coopérer ou de négocier de bonne foi, et qui se désintéresse des discours de haine ou en tire profit sciemment. Je considère ces accusations comme fausses et formulées de mauvaise foi, mais elles reflètent les critiques récurrentes des ONG tout au long de la médiation. »
10. “Nous devons garder à l’esprit le précédent que nous créons avec cette démarche, qui risque d’entraîner d’autres requêtes de ce type à l’avenir”
Twitter a consenti à adresser une lettre signée par son PDG, Jack Dorsey, aux ONG, s’engageant à prendre des mesures plus strictes à l’avenir.
« Les plaignants dans l’affaire des discours de haine portée par l’UEJF proposent désormais de clore le dossier si nous leur fournissons une lettre de Jack confirmant qu’il est informé de l’affaire et que Twitter s’engage à combattre les discours de haine », a écrit Karen Colangelo, avocate de Twitter, le 9 mars 2021. « Si une simple lettre peut réellement mettre fin à cette affaire, le service juridique recommande de la fournir. »
« Je crois que Jack soutiendra cette initiative », a répondu Sean Edgett, directeur juridique par intérim de Twitter, quelques heures plus tard.
La vice-présidente des politiques publiques de Twitter a mis en garde : « Nous appuyons cette décision et collaborerons avec notre équipe de communication pour gérer la couverture médiatique qui suivra inévitablement en cas de fuite de cette lettre. Nous devons aussi être attentifs au précédent que nous créons, qui pourrait entraîner d’autres demandes similaires à l’avenir. »
11. “Il est à noter que la plainte a été déposée à un moment très stratégique…”
Le 10 mars 2021, Karen Colangelo a préparé une note pour Sean Edgett à transmettre à Jack Dorsey, expliquant les raisons derrière la demande de lettre des ONG. « Cette plainte s’inscrit dans une stratégie plus vaste visant à présenter Twitter comme un acteur nuisible en France. Le dépôt de la plainte a été soigneusement synchronisé, lançant des ‘tests’ de notre taux de réponse dès le lendemain de notre annonce indiquant que la COVID-19 affecterait nos délais de traitement. Nombre des tweets qualifiés de ‘haineux’ parmi les 88 % que nous n’avons pas supprimés ne sont en réalité ni illégaux selon la loi française, ni contraires à nos conditions d’utilisation. Par ailleurs, l’annonce publique de la plainte a été minutieusement alignée sur la présentation du projet de loi Avia sur les discours de haine, motivé, selon son auteur, par le refus de Twitter de retirer ces contenus. »
Le 23 mars, Colangelo a rapporté à ses collègues que les ONG avaient « changé d’avis » au sujet de la lettre de Jack Dorsey, la jugeant « insuffisante ». Elle a toutefois noté une bonne nouvelle : « les médiateurs, qui ont l’oreille du juge, sont exaspérés par les ONG et estiment qu’elles agissent de mauvaise foi. »
Le 6 juillet 2021, l’avocat de Twitter en France a annoncé que le tribunal avait rejeté les revendications des ONG pour défaut de qualité à agir, tout en ordonnant à Twitter de transmettre aux ONG « tous les documents concernant les ressources allouées à la lutte contre les discours de haine, le nombre, la localisation, la nationalité et la langue des modérateurs, ainsi que le nombre de signalements des utilisateurs français relatifs à l’apologie des crimes contre l’humanité et à l’incitation à la haine raciale », ainsi que d’autres informations associées.
Le 16 août 2021, un cadre de Twitter basé en Irlande a écrit à Jim Baker, conseiller juridique adjoint et ancien conseiller juridique du FBI, pour l’informer que « le Conseil constitutionnel français a rendu sa décision vendredi sur la nouvelle loi imposant à Twitter des mesures significatives en matière de modération de contenu en France. Cette loi sera promulguée par le président dans les jours à venir et entrera immédiatement en vigueur. »
12. Macron tente de contourner la loi française
La coordination évidente entre les ONG, l’examen du projet de loi sur les discours de haine et l’initiative de Macron pour contacter Dorsey peut être perçue comme une tentative de contourner la législation. En France, la loi interdit à l’État d’imposer une censure préalable, une pratique qualifiée en interne chez Twitter de « surveillance proactive ».
Pour contourner cette restriction, le gouvernement s’appuie sur des ONG financées par l’État comme relais, utilisant la pression médiatique et des poursuites judiciaires stratégiques pour pousser les plateformes à adopter des mesures de modération dépassant leurs obligations légales. Sous la présidence de Macron, l’État cherche activement à remettre en cause la norme internationale du « pays d’origine », selon laquelle le contenu numérique doit se conformer aux lois du pays où il est créé, et non à celles du pays où il est consulté.
13. L'avocat de la France exige la censure : « Qu'aurait-il pu se passer si Twitter avait existé en 1942 ? Aurait-on permis à Hitler de s'exprimer ? »

Le 23 février 2021, Karen Colangelo a informé ses collègues : « Une audience s’est tenue aujourd’hui au sujet de la demande d’April Benayoum, Miss France, qui exige que nous révélions des informations sur des comptes ayant prétendument publié des commentaires antisémites à son encontre. »April Benayoum avait engagé des poursuites contre Twitter pour son inaction supposée. « Les plaignants ont laissé entendre qu’ils pourraient abandonner leur plainte si nous leur fournissions des détails sur nos pratiques de modération », avait écrit Colangelo à ses collègues en janvier.
Cependant, à l’instar des ONG, l’objectif principal de Benayoum semblait être de susciter une couverture médiatique défavorable à Twitter — et d’obtenir des données internes de la plateforme.
« L’avocat de Mme Benayoum a avancé des arguments très émotionnels, susceptibles d’attirer l’attention des médias », a noté Colangelo, « en évoquant l’Holocauste, la Seconde Guerre mondiale, Adolf Hitler, entre autres. Il a notamment interrogé le tribunal : ‘Si Twitter avait existé en 1942, aurait-on autorisé Hitler à s’exprimer ?’ »
La plainte de Benayoum réclamait un accès détaillé aux données internes de Twitter, notamment les dates et heures de suppression des tweets et des comptes, ainsi que des précisions sur les mécanismes de Twitter pour retirer proactivement les contenus.
Le 13 avril 2021, le tribunal a rejeté la plupart des demandes de Benayoum, reconnaissant que Twitter France n’avait aucun contrôle sur la modération, gérée par Twitter International en Irlande. Toutefois, il a ordonné la transmission de données liées aux signalements faits aux autorités françaises. L’affaire s’est conclue par un règlement confidentiel, illustrant une fois encore comment les pressions judiciaires peuvent contraindre les plateformes à faire des concessions.
Le 7 juin 2022, Twitter a finalisé un protocole transactionnel avec Miss France.
14. “La modération de Twitter… peut compromettre l'ordre public et le bon fonctionnement de notre société.”
En 2020, le parquet de Versailles engagé des poursuites contre Damien Viel, alors PDG de Twitter France, pour « non-respect d’une injonction judiciaire » et « complicité de diffamation ».
L’affaire a débuté lorsque la préfecture des Yvelines a publié une photo montrant son secrétaire général inspectant des policiers chargés d’appliquer les mesures de confinement liées à la Covid. En réponse, des utilisateurs de Twitter ont comparé la police française au régime collaborationniste nazi de Philippe Pétain, qualifiant le fonctionnaire de « nazi » et appelant à « le pendre à la Libération ».
Ce litige s’inscrit dans une campagne plus large visant à accroître les obligations de Twitter en matière de transparence et de lutte contre les discours de haine en France. Le procureur de Versailles a lancé une enquête pour diffamation à l’encontre d’un fonctionnaire public et a émis une injonction exigeant de Twitter les informations d’identification des utilisateurs concernés.
Or, Damien Viel, PDG de Twitter France, n’avait pas accès à ces données, gérées par Twitter International Corporation en Irlande. Face à ce que le procureur de Versailles a considéré comme une réponse trop lente de Twitter, il a renvoyé devant le tribunal Viel, dénonçant lors de sa plaidoirie « l’échec total de la modération de Twitter, devenu un réseau asocial qui menace l’ordre public et le fonctionnement harmonieux de notre société ».
15. “Quelle est la probabilité d'une perquisition de Twitter France?”
Ce procès, orchestré pour faire pression, n’a pas réussi à convaincre le juge. « Damien a été irréprochable », a écrit l’avocat français de Twitter dans un courriel du 9 juillet 2021 adressé aux cadres de l’entreprise à propos de l’audience.
« L’officier de police s’est montré très courtois, mais peu convaincu par la pertinence de sa mission ou des directives reçues. » a t-il souligné après l’audition de Viel par la police.
Cependant, l’avocat a mis en garde : « Le procureur pourrait intensifier la pression sur Twitter France en ordonnant une perquisition dans les locaux parisiens de l’entreprise. Il est difficile de savoir ce qu’il pourrait y découvrir, mais ce risque est bien réel, et nous devrions l’examiner. »
« Quelle est la likelihood d’une perquisition au siège de Twitter France ? » a interrogé la directrice associée des litiges, de la réglementation et de la concurrence.« Il est presque impossible d’évaluer précisément ce risque », a répondu l’avocat. « Je peux seulement affirmer qu’il existe, le procureur ayant le pouvoir d’ordonner une telle action dans le cadre d’une enquête pénale. »L’affaire s’est finalement soldée par un acquittement total de Damien Viel et de Twitter France en mars 2022.
16. La France s’attaque maintenant à X, la plateforme d’Elon Musk
En juillet 2025, le parquet de Paris a lancé une enquête préliminaire visant X, la plateforme dirigée par Elon Musk, et ses responsables, pour des soupçons d’altération d’un système informatique, d’extraction frauduleuse de données et d’ingérence étrangère.
Ces infractions graves, prévues au code pénal, sont passibles de peines pouvant atteindre dix ans d’emprisonnement et une amende de 300 000 €.
Pourquoi la France s’en prend-elle à X ?
Tout indique qu’elle cherche à forcer la plateforme à se plier aux exigences du gouvernement français.
Parallèlement, les tribunaux ont visé Marine Le Pen, principale figure de l’opposition. Un tribunal l’a reconnue coupable de détournement de fonds européens à des fins de campagne politique, la condamnant à quatre ans de prison et à une interdiction de cinq ans d’exercer une fonction publique.
Cette sanction, appliquée avant même que Le Pen ne puisse interjeter appel, l’exclut de la course présidentielle, où elle fait figure de favorite. À l’inverse, le Premier ministre actuel, accusé des mêmes faits, a été acquitté.
17. Les États-Unis doivent s’opposer à la censure à l’échelle mondiale
Les TWITTER FILES - FRANCE dévoilent une facette méconnue de l’émergence du complexe industriel de la censure : le rôle précurseur de la France dans l’instauration d’une censure par le biais d’ONG mandatées par l’État, une tactique centrale dans les efforts de censure du Département de la Sécurité intérieure des États-Unis.
L’engagement direct de Macron met en lumière l’importance cruciale que le gouvernement français accorde à son influence sur plateformes numériques pour façonner, contrôler et censurer les récits.
La coordination évidente entre Macron, les ONG et des parlementaires dans une campagne ciblée contre Twitter témoigne d’une stratégie mûrement réfléchie, calculée et méthodique, à l’image des « opérations d’influence » et des efforts de censure promus par des ONG liées aux services de renseignement aux États-Unis et ailleurs.
L’administration Trump, qui s’est déclarée attachée à une diplomatie en faveur de la liberté d’expression, pourrait l’appliquer en Europe. Les TWITTER FILES - FRANCE mettent en évidence l’importance cruciale de défendre le Premier Amendement et expliquent pourquoi les entreprises américaines doivent s’y conformer, plutôt que de se soumettre à des normes de liberté d’expression moins protectrices.