[ Vaccin Pfizer ] Ursula et Bourla sont dans un bateau
Le PDG de Pfizer ne se rendra pas à la convocation des eurodéputés. Nouvel épisode dans l'affaire des SMS où derrière le rôle de la présidente de la Commission européenne, plane l'ombre de l'Allemagne
Après l’épisode des SMS entre Ursula Von der Leyen et Albert Bourla effacés, et assez bizarrement introuvables par les opérateurs de téléphonie mobile. Après l’épisode des négociations préliminaires à huis-clos dont la Cour des comptes européenne s’est assez sèchement vu notifier qu’elle n’avait pas à y mettre son nez et que nous avons relaté là… Troisième épisode avec le refus d’Albert Bourla, de répondre à la convocation des députés européens.
Plus ça va, plus les discussions entre la présidente de la Commission européenne et le PDG de Pfizer et qui se sont traduites par la signature d’un contrat de 1,8 milliard de doses de vaccin à livrer d’ici la fin de 2023 – sur les 4,6 milliards de doses commandées au total, soit le plus gros contrat signé pour un vaccin anti-Covid – tournent à la farce.
« Depuis avril 2021, nous savons que le plus gros contrat d’achats de vaccins de l’Union européenne de 1,8 milliard de dosses a été négocié par un échange de SMS entre la présidente de la Commission européenne et le PDG de Pfizer, en dehors de toute pratique établie par l’institution », souligne la députée européenne et vice-présidente de la commission spéciale sur le Covid-19 Michèle Rivasi.
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Mais l’enjeu de savoir ce que cachent ces SMS se heurte à un lourd silence et des fins de non recevoir successives. Ainsi, Albert Bourla, le PDG de Pfizer a-t-il comme l’a révélé Politico tout simplement refusé de se présenter devant une commission du Parlement européen le 10 octobre. Il devrait y envoyer à sa place Janine Small, la présidente du développement international des marchés de Pfizer. Ce qui donne une petite idée du peu de cas que fait le vétérinaire de formation de la représentation européenne.
Pourquoi ce mystère autour des SMS ? « Ils contiennent certainement les informations sur le prix, et sur d’autres clauses du contrat. La dose est passée de 15,50 euros à 19,50 euros, continue l’eurodéputée. Or, tout ceci doit être négocié et justifié par les experts scientifiques et les négociateurs de la Commission ».
« Au-delà de la transparence, c’est la relation plus que gênante d’une haute responsable européenne avec le PDG d’une multinationale américaine, impliquant une trentaine de milliards d’euros d’argent public, qui est inadmissible ».
Qu’y peut le Parlement européen ? Contrairement aux parlements nationaux, ses pouvoirs sont pour le moins limités et surtout balisés, tout subordonné qu’il est notamment à la Commission européenne. Outre le pouvoir très théorique de censure – laquelle doit obtenir la majorité des deux tiers –, les députés européens se contentent souvent d’approuver des choix ou de poser des questions.
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Dans une tribune publiée en janvier sur Politico, l’eurodéputée néerlandaise Sophie in’t Veld exhortait le Parlement européen à se réveiller : « Pourquoi Ursula von der Leyen n’a-t-elle pas tenu les promesses de transparence qu’elle avait formulées en début de mandat (devant le Parlement européen, le jour de son élection, ndlr) ? Parce qu’elle peut se le permettre. Comme beaucoup de dirigeants dans le monde, nous avons laissé beaucoup de marge de manœuvre à la Commission pour gérer la crise. Au cours des deux dernières années, le Parlement européen s’est montré trop coulant avec l’exécutif qu’il est censé superviser, son exécutif protégeant la Commission de toute enquête inconfortable. »
Sur cette affaire des SMS, on ne peut pas dire que les parlementaires, pas plus que la presse européenne dans son ensemble, aient été particulièrement pugnaces. De fait, c’est un journaliste du New York Times qui a révélé l’affaire, initiale, des échanges entre la présidente de la Commission européenne et le PDG de Pfizer. Quand le rapport de la Cour des comptes européenne n’a pas fait couler beaucoup d’encre. Et que le pied de nez d’Albert Bourla a été passé sous silence dans quasiment tous les médias. C’est du reste Politico, média américain, qui s’en fait seul l’écho.
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Même silence du côté des députés européens, à l’exception de quelques voix à l’extrême droite française, ou l’extrême gauche allemande. Et celle également de Michèle Rivasi qui, le 19 septembre, réclamait que le parquet européen se saisisse de l’affaire.
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