[Vercors] Grattons sous le Mont Vanille (deuxième volet)
On renverse une tasse de café sur le cadastre napoléonien, on s’excuse en essuyant avec un kleenex et voilà ! Disparu le chemin rural ! Bonjour la carrière !

Pour ceux qui ne l’aurait pas encore fait ou qui auraient besoin de se rafraîchir la mémoire, lisez le premier volet de notre enquête, nécessaire à la bonne compréhension de ce qui suit.
A Saint-Nazaire-en Royans, 808 habitants, il en va comme dans l’écrasante majorité des petites communes françaises. C’est la disette budgétaire depuis des décennies. Disette accentuée par le désengagement de l’État et les réformes imposées par la loi portant nouvelle organisation territoriale de la République de 2015, qui visaient à la fois à une recentralisation ne disant pas son nom et à mettre à la disposition du secteur privé des réseaux qui lui échappaient ou n’étaient pas rentables. Et en premier lieu l’eau et l’assainissement sous couvert de “rationalisation” de l’action publique en imposant la création de communautés de communes à fiscalité propres d’au moins 15 000 habitants.
Les maires de ces petites communes passent leur temps à courir après l’argent que ce soit pour réaliser des projets ou désendetter leur collectivité. S’il y a un actif que bien des communes possèdent, c’est du foncier, souvent non-constructible.
Quand on vient leur proposer plusieurs dizaines de milliers d’euros par an comme redevance d’une forme d’exploitation de leur foncier, les maires prêtent une oreille attentive. A juste raison. Comme le fit Christian Charvet avec les carrières Benoît Gauthier. M. Charvet devint maire de Saint-Nazaire-en Royans en juin 2015 après le décès de son prédécesseur Yves Jouffrey dont il était le premier adjoint. Il le resta jusqu’en 2020 où sa liste fut battue au premier tour par celle du maire actuel, Rémi Saudax, la population étant dans son écrasante majorité opposée au projet de carrière.
Benoît Gauthier décida à l'aube des années 2000 de marcher dans les traces de son grand-père, carrier dont l’entreprise fut cédée en 1992 faute de successeur. Ne disposant plus de gisement, Benoît Gauthier développa d’abord une activité de prestation de services de concassage-criblage mobile de matériau pour d’autres carriers, les entreprises de travaux-publics, et les gestionnaires de déchets. Afin de répondre à la demande, il a également développé une activité de transport spécialisée, tant en convoi exceptionnel qu’en benne.
Mais un carrier sans carrière, c’est la misère. Sans compter qu’avoir accès à sa propre matière première accroit de manière significative la rentabilité, notamment parce que cela garantit une utilisation optimale des coûteuses machines de concassage-criblage.
Benoît Gauthier avait racheté une carrière de sable rouge exploitée par Jacques Perazio, conseiller municipal de Saint-Nazaire-en-Royans et membre de la commission du plan local d’urbanisme.