[ Covid-19 ] Fin du masque ? Le tempo était presque parfait
Allègement des restrictions – qui ne servent à rien dixit une vaste étude – et bientôt fin du passe vaccinal ? Le tempo (électoral) est parfait. Sauf qu'il s'accommode mal des données épidémiologiques
C’est la fête du slip. Ou l’annonce du printemps. A moins que ce ne soit la perspective d’horizons électoraux passablement agités. Ainsi donc, on peut se relâcher. Comprendre, faut pas pousser, se défaire à l'extérieur d’un masque dont on n’a jamais connu l’utilité et l’efficacité scientifique pour la grande majorité de la population et ne pas être obligé de télé-travailler la moitié de son temps.
Oubliées les jauges dans les salles accueillant le public et place dans quinze jours à la réouverture des discothèques et aux concerts, mais seulement debout. On pourra aussi – c’est fête on vous a dit – se goinfrer de pop-corn en se faisant une toile – si vous vous demandiez pourquoi le son était aussi fort au cinéma, vous savez pourquoi – mais aussi manger dans les transports, les bars et les restaurants. Pas que des chips, mais debout.
Modestement, le gouvernement parle d’allègement. La presse, de plus en plus zélée décidément, elle, y va de sa « levée des restrictions sanitaires ». Le passe vaccinal ne doit donc pas relever des restrictions mais d’une seule et saine politique de santé publique, qui n’a de politique et de publique que le nom. Justement, ce passe pourrait bien sauter, et ce avant l’été a annoncé Olivier Véran.
Magique. Plus c’est gros plus ça passe, et promis-juré le calendrier électoral n’y est pour rien. On a une proposition : coupler l’annonce de la candidature d’Emmanuel Macron avec celle de la liberté, totale, retrouvée.
« Il faut être conscient que l’épidémie n’est pas terminée et que le virus circule encore à grands mouvements (sic) sur la planète », s’est offusqué Bernard Jomier, rapporteur de la mission Covid-19 au Sénat, médecin généraliste à la ville. « Penser que parce que l’on sort de la vague Omicron, on sort de l’épidémie, est une erreur fondamentale ».
« Les marqueurs ne sont plus les chiffres de contamination »
Auditionné au Sénat le 1er février, Jean-François Delfraissy, le président du conseil scientifique disait peu ou prou la même chose : « Nous ne sommes pas au bout de la vague. Pour prendre des décisions de levée de restrictions, les marqueurs ne sont plus les chiffres de contamination. C’est l’impact sur le système de soins. Je ne vais pas plus loin car ce sont des décisions qui seront à prendre par les autorités sanitaires ».
Le passe vaccinal outil sanitaire, on savait que l’on s’était moqué de nous dans les grande largeurs. Outil politique ? Assurément. Et de plus en plus électoral. Qu’à cela ne tienne, les annonces de Jean Castex sont depuis déclinées en région, à grand coups de communiqués de presse des préfets. A Lyon, Villeurbanne, Grenoble et toute l’Isère, au diable donc le masque quand on prend l’air. Le reste n’est que détail.
Sur quelles bases scientifiques ? Sur quelles données épidémiologiques ces mesures ont-elles été prises ? « Les signes de décrue se confirment au niveau national, ainsi qu'en Isère et permettent donc de maintenir les étapes du calendrier annoncé », nous est-il répondu de manière pour le moins lapidaire via le canal préfectoral 1.
C’est que à se pencher sur les chiffres, nous ne lisons et voyons pas tout à fait la même chose. Dans son dernier bulletin régional (certes qui date, 13 janvier…), Santé publique France est bien moins enthousiaste.
« Au cours de la première semaine de 2022, la circulation virale atteint un niveau très élevé en Auvergne-Rhône-Alpes même si l’augmentation est moindre que la semaine précédente. Avec plus de 2000 hospitalisations pour COVID-19 en S01, l’augmentation du nombre de nouvelles hospitalisations est plus marquée qu’en S52 (dernière semaine de décembre, ndlr) et les admissions en services de soins critiques sont à nouveau en légère augmentation ».
« L’adhésion rigoureuse à l’ensemble des mesures barrières, dont le port du masque, la réduction des contacts et l’aération fréquente des lieux clos, est plus que jamais nécessaire pour ralentir le nombre de contaminations et protéger les plus vulnérables ».
Pour se projeter plus loin, et même en amont de l’épidémie, on a des outils, dont un que le gouvernement a décidément bien du mal à s’approprier pleinement : le réseau Obépine de surveillance du virus dans les eaux usées.