[ Analyse ] Habemus deconnam
Jorge Mario Bergoglio, le pape François, n'a jamais été très intéressé par l'Église et le pontificat, beaucoup plus par l'exercice du pouvoir. Il fut le pape Davos-Obama. La presse s'extasie.
Il aura donc fallu le seul décès du pape François pour qu’il soit incontinent canonisé médiatiquement. Gare à ceux qui s’amuseraient à jouer à l’avocat du diable! Etant donné qu’à L’Eclaireur nous sommes tous diplômés de l’université grégorienne section satanisme, nous nous y collons sans la moindre divine frayeur. Dieu est amour et pardon, non?
La classe politico-médiatique se livre à des concours d’éloquence pour porter aux nues un homme dont le pontificat, nous dit-on, a été empreint d’une profonde humanité et par la défense des plus faibles, “migrants” en tête.
Permettez-nous de nous gausser. Clamer que les pauvres et les plus faibles ne peuvent être les acteurs de leur propre salut, rien de bien révolutionnaire. C’est au contraire profondément réactionnaire. Et ce n’est somme toute que la litanie que les cathos de gauche nous serinent depuis les dames patronnesses du XIXe siècle, parce qu’il convient que l’ordre social ne change pas.
L’Humanité attribue au pape François la réforme de la Curie1. Cette réforme, c’est Joseph Ratzinger, Benoît XVI, le seul pape depuis Jean XXIII à avoir eu la tête et l’esprit taillés pour le trirègne2, qui l’a voulue au point de la provoquer en abdiquant - l’abdication mène, contrairement au décès, à la dissolution de la Curie - parce que le cloaque qu’est le Vatican était sinon irréformable.
Tous à leurs récupérations politiques et à leur compassionnel frelaté car n’étant que posture, les thuriféraires de Jorge Mario Bergoglio, à droite comme à gauche, organisent leur propre amnésie, parce que cela les arrange.
Un pape est avant tout un homme, et surtout un politicien. Jorge Mario Bergoglio, jésuite, en était un, cynique au point d’être considéré par certains comme criminel.
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Il est amusant de voir la gauche encenser celui qui prit une part active à la répression de la théologie de la libération en Amérique latine dans les années 1970-1980, et qui ne leva pas le petit doigt, alors provincial des jésuites d’Argentine, pour sauver ses subordonnés enlevés et torturés par la junte. Jamais il n’éleva la voix pour dénoncer les crimes commis par les dictatures militaires sud-américaines, à commencer celle de son propre pays, alors qu’ils étaient connus de tous. Nous passerons le fait qu’il fut membre dès la fin des années 1960 de l’organisation péroniste très “controversée” Organización Única del Trasvasamiento Generacional.
La théologie de la libération était une forme de retour aux sources de l’Eglise3 catholique, un sorte de mouvement de réforme interne qui posait le postulat, vite qualifié de marxiste (aujourd’hui on le dirait populiste), qu’à côté du péché personnel existe un péché collectif, matérialisé par une organisation de la société et de l’économie causant la souffrance d’une multitude. Elle appelait les fidèles à organiser leurs propres congrégations. Et pourquoi pas à choisir leurs évêques, comme c’était le cas à l’aube de la chrétienté, défiant ainsi l’autorité papale?
Certains pourraient avancer que Jorge Mario Bergoglio, à l’instar du cardinal Alfred Baudrillart durant l’occupation nazie, a cédé à la fois à son aversion pour le bolchévisme et à son amour de l’ordre. Et que, contexte de la guerre froide aidant, c’est certes un lourd péché mais rien d’inexcusable. Le péché n’est pas du même ordre que le crime et il ne s’agit pas de religion mais de politique.
Parlons donc de politique. La papauté a toujours fait montre de détestation pour sa fille aînée, la France, et une autre primature, la Pologne. Le Vatican a toujours été nostalgique du Saint Empire romain germanique, d’où son attachement à ses successeurs - d’abord l’Empire austro-hongrois puis le Reich allemand, y compris le troisième.
C’est pour cela que le Vatican se montra d’une indulgence plus que coupable vis-à-vis du nazisme, indulgence qui perdura bien après la fin de la guerre puisqu’il participa 'à l’organisation non seulement de l’exfiltration de milliers de criminels de guerre nazis vers l’Amérique du Sud et le Moyen-Orient mais également au transfert et à la dissimulation à l’étranger d’une partie importante du trésor des nazis issu du pillage de l’Europe, trésor qui finança la vie politique outre-Rhin et la réindustrialisation de l’Allemagne.
Voyez sur ce sujet le phénoménal documentaire de Jean Michel Meurice sur une enquête de Franck Garbely et du très regretté Fabrizio Calvi, “Le Système Octogon”, dont l’Allemagne s’évertua trois ans durant - de 2008 à 2011 - à empêcher la diffusion sur Arte, qui pourtant l’avait financé.
Ces exfiltrations furent en premier chef organisées par nos amis Américains, et notamment deux individus qui allaient par la suite s’avérer des personnages clés de la création de la CIA, Allen Dulles et James Jesus Angleton. Ce dernier, qui commença sa carrière comme chef de la station de Rome de l’OSS (l’ancêtre la CIA) en 1944 devait conserver jusqu’à son éviction en 1974 le monopole des relations de la centrale de renseignement américaine avec le Vatican (et également celui des relations avec Israël). Autre fait frappant et pas anecdotique du tout: l’appartenance de nombreux cadres de l’appareil de renseignement et de sécurité américain à l’Opus Dei. A commencer par le mythique William Colby, officier de renseignement de carrière et directeur de la CIA de 1973 à 1976.
Les rapports étroits qu’entretient le Vatican avec les Etats-Unis depuis la fin de la Première Mondiale sont très instructifs. Rapports d’abord financiers, puisque l’église catholique, richissime mais disposant de peu de liquidités, a dû dès la fin du XIXe siècle emprunter pour assurer son entretien. D’abord aux Rothschild. L’Etat du Vatican ayant été créé par les accords du Latran en 1929, il devint plus simple de négocier les prêts d’Etat à l’Etat, même si accordés par des banques. Et la grande puissance financière mondiale étant les Etats-Unis…
Pas étonnant alors que la fameuse - et fumeuse- opération Gladio durant la guerre froide fut financée en passant par les circuits financiers opaques du Vatican, tout comme un gros paquet de coups tordus de la CIA.
Pas étonnant non plus que la banque du Vatican, l’Institut pour les œuvres de religion (IOR), fut présidée de 1972 à 1989 par le cardinal américain Paul Marcinkus, ancien interprète de Jean XXIII, ancien garde du corps de Paul VI, qui se déplaçait en permanence avec un 357 magnum sous sa soutane.
Membre de la tristement célèbre loge Propaganda Due, grand amateur de jeunes filles, Marcinkus fit tremper le Saint Siège dans ce qui reste le plus gros système de blanchissement d’argent sale jamais découvert avec ses compères Michele Sindona (banquier de la mafia et agent de la CIA) et Roberto Calvi, patron de la Banco Ambrosiano. Ces deux derniers finirent assassinés, l’un au café-cyanure en prison et l’autre pendu sous un pont à Londres, alors que Marcinkus, dont finit par se débarrasser non sans mal Jean Paul II, coula des jours heureux à jouer au golf à Sun City, Arizona, jusqu’à sa mort en 2006.
D’après David Yallop, grand spécialiste du côté obscur du Vatican, la mort au bout de 33 jours de règne de Jean-Paul Ier serait un assassinat fomenté par Marcinkus, ses collègues cardinaux Villot et Cody, Roberto Calvi et le grand maître de Propaganda Due, Licio Gelli. Jean Paul Ier aurait eu la ferme intention de nettoyer les écuries d’Augias en saisissant les autorités judiciaires italiennes des nombreux crimes financiers commis par l’IOR, les banques lui étant rattaché et la loge P2.
Succéda à Jean Paul Ier Karol Józef Wojtyła, Jean-Paul II, qui fut choisit principalement pour son anticommunisme. Il dut son élection au soutien sans faille du cardinal autrichien Franz König, progressiste cependant très proche de l’Opus Dei pour lequel il ordonna en Espagne dans les années 1970 une centaine de prêtres, dont José Horacio Gómez, l’actuel archevêque de Los Angeles et président de la conférence épiscopale des Etats-Unis.
Tenez, la conférence épiscopale des Etats-Unis qui a voté en 2021 contre l’avis du pape François une déclaration sur l’eucharistie préparant l’excommunication des catholiques en faveur de l’avortement et qui visait en premier chef Joe Biden et Nancy Pelosi. Nous vous le narrions à l’époque avec un amusement non feint.
Pour cadrer les évêques américains décidément très indisciplinés, le pape François s’empressa d’annuler par Motu Proprio4 “Traditionis Custodes” publié le 16 juillet 2021, le Motu Proprio “Summorum Pontificum” de Benoît XVI qui avait donné en 2007 un statut de rite “extraordinaire” à la messe selon le rite de Saint Pie V afin d’en faciliter l'usage. En clair, plus de rite tridentin, plus de messe en latin pour les catholiques américains, qui y sont très attachés.
Vous l’aurez compris, l’élection d’un pape, même si le conclave est confiné à partir de sa convocation, est une foire d’empoigne politique qui s’étend bien au delà des murs du Vatican. Force est de constater que les Etats-Unis, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, qu’on le veuille ou non, influent grandement sur l’élection, voire en déterminent l’issue.
Pour les USA, le Vatican revêt une importance critique tant en matière de politique extérieure qu’intérieure. Les catholiques sont le plus grand groupe confessionnel organisé du pays, 70 millions d’ouailles, vilipendés depuis des siècles par les WASP (white anglo-saxon protestants). C’est le seul groupe confessionnel qui croît, du fait des émigrés latinos mais aussi de par les conversions, de plus en plus nombreuses, de protestants au catholicisme, en particulier dans les couches populaires et la classe moyenne. Le vice-président JD Vance est l’un de ceux là. La présentatrice star de Fox News Laura Ingraham aussi.
A travers ses universités et son important réseau d’écoles - souvent seule alternative locale abordable à l’école publique qui aux USA est une catastrophe aboutie -, l’église catholique américaine dispose d’une force de frappe politique immense, plus importante aujourd’hui que celle des WASP qui traditionnellement ont fait la pluie et le beau temps dans la politique américaine aux côtés de leurs alliés juifs américains.
Les catholiques américains penchent très majoritairement du côté conservateur. Alors quand un président démocrate comme Barack Obama est élu, il est dans son intérêt de faire pencher la balance en sa faveur en s’assurant, si l’occasion se présente, de faire élire un pape qui tiendra en laisse l’église catholique américaine, en minimisera le poids politique et électoral.
C’est ce qui s’est passé avec l’élection du pape François. Jorge Mario Bergoglio était un homme avant tout et surtout un politicien cynique. Il a durant son pontificat répété à l’envi des positions qui, outre ne mangeant pas de pain, furent loin de faire consensus au sein de l’Eglise catholique. Il a repris l’idéologie de ceux qui l’ont fait élire, du réchauffement climatique au cautionnement des migrations de masse, ce qui laisse un pontificat vide, voire vierge. En toute franchise, pas ce qu’on attend d’un pape qui se doit d’avoir l’épaisseur de dépasser le facile sociétal. L’église catholique n’est pas une ONG.
Jorge Mario Bergoglio fut le pape Davos-Obama. C’est ce qui explique l’impasse totale faite, à partir de son élection en 2013, sur son passé en tant que provincial des Jésuites d’Argentine.
Vu le changement quasi-copernicien que la deuxième élection de Donald Trump marque aux USA, il est fort à parier que le prochain pape élu au terme d’un conclave qui s’annonce particulièrement dur, sera conservateur, au sens où il prendra la mesure de la dimension civilisationnelle de l’Eglise catholique que son prédécesseur refusait de considérer, non pas par œcuménisme mais par cynisme.
Image de Une : Vatican News
La Curie est en quelque sorte le gouvernement du Vatican,
La tiare pontificale, la triple couronne des papes, à caractère non liturgique contrairement à la mitre, mais doctrinal car symbolisant le pouvoir pétrinien donné par Jésus-Christ à saint Pierre.
L’Eglise avec un E majuscule désigne l’ensemble des catholiques; avec une minuscule l’appareil, l’administration et la hiérarchie catholique.
Lettre apostolique émise par le pape de sa propre initiative, équivalent en droit canon à un décret ou un arrêté.
Nécessaires rappels biographiques. Je reste un peu sur ma faim quant à sa veule soumission à l’idéologie schwabienne... S’il avait fallu un dernier crachat sur l’idée que je me faisais de l’église catholique pour finir de m’en détacher complètement, c’eût été celui-là.
Pour le prochain, ce sera comme pour toutes les sortes d’élections... rien de bon à en attendre.
Avec un H, c'est mieux...aucun catholique digne de ce ce nom ne peut se reconnaître en ce type qui a usurpé le pontificat de Benoît XVI. Paix à ce dernier. Enfer pour l'autre. Les Jezz avancent toujours masqués, bien sûr. Prodeunt larvati.