[ Analyse ] Zohran le rouge, maire de la grosse pomme
Zohran Mamdani est un produit manufacturé par une partie l'establishment selon le même procédé que Barack Obama. Son élection n'a aucun impact national. Le parti démocrate reste au fond du trou.
Zohran Mamdani a été élu maire de New York. Jamais dans l’histoire un maire de New York n’est devenu président des Etats-Unis.
La journaliste Batya Ungar-Sargon donne une définition parfaite de l’objet politique qu’est Zohran Mamdani, qui s’applique parfaitement à la petite bourgeoisie urbaine qui constitue en France le gros des électeurs de LFI.
“La base électorale de Mamdani est constituée des hipsters de 20-30 ans en cours de déclassement social qui résident à Bushwick et à Brooklyn. Ils croient faire partie de la classe ouvrière parce qu’ils n’ont pas obtenu de super jobs malgré leur accumulation de diplômes financés par des prêts étudiants. Ils méprisent le vrai travail, et exigent par conséquent tout de l’Etat, alors qu’ils comptent parmi les plus privilégiés de la planète. Mamdani est leur avatar. C’est un gosse de riche qui n’a jamais travaillé un jour dans sa vie, et qui fait croire que c’est génial d’être entretenu par ses parents à partir du moment où vous produisez du contenu cool sur les réseaux sociaux. Ses électeurs hipsters n’ont aucun intérêt à ce qu’il tienne ses promesses: ils ne mettront jamais les pieds chez Aldi, et encore moins dans un supermarché solidaire. Ces gens-là paient 12 dollars leur bière et pensent que la collectivité doit les payer pour faire des podcasts à la noix.”
En pendant ce temps là en France…
Des villes et des Etats majoritairement démocrates élisent des démocrates - la belle affaire ! - et tout la classe jacassante française parle de vague démocrate. Tous les républicains ayant été réélus ou remplacés par d’autres républicains dans les villes et les Etats républicains, peut-on également parler d’une vague républicaine? La capacité de certains à prendre leurs désirs pour des réalités est incommensurable.
Le parti démocrate américain est au fond du trou. La dernière enquête du Pew Research Center - sans doute l’institut d’études et de sondages le plus sérieux au monde - montre qu’il suscite de la colère chez 50% des Américains et de la frustration chez 75% . Un sondage réalisé par Newsweek lui affiche un taux de désapprobation des démocrates à 63%.
Il faut être aussi ignorant et/ou hypocrite que les partis politiques et élus français déjà en campagne pour les municipales de 2026 pour ne pas appréhender que Zohran Mamdani a été manufacturé par une partie de l’establishment, qui peut ainsi continuer à actionner un pantin. On pense bien sûr à des gens comme les Soros, Reid Hoffman et consorts. Même playbook que pour Barack Obama, mais à une échelle d’intensité bien inférieure.
Quant aux 20 millions de dollars que des milliardaires ont déboursé pour mettre en échec Mamdani, c’est uniquement lié à sa position sur la Palestine et sur le rejet, bien réel dans l’opinion publique, du soutien inconditionnel à Israël, qui met une grande partie de l’élite juive américaine en panique. Nous en parlions avec Michael Shellenberger il y a quelques jours.
Notez que ces mêmes milliardaires sont la manœuvre pour tenter de “déplateformer” Tucker Carlson, Candace Owens, Dave Smith (qui est juif) et tous ceux qui critiquent Israël et la politique américaine à son égard.
Manon Aubry, l’eurodéputée LFI, est allée faire campagne à New York pour “Zorhan”. Espérons qu’elle a financé son escapade à ses propres frais.
C’est curieux ce besoin qu’ont les élus de gauche d’appeler le nouveau maire de New York par son prénom, comme si c’était leur pote de lycée du Bronx. Curieux écho au “Barack” de Nicolas Sarkozy. Il est tout aussi curieux de voir cette gauche clamer que Mamdani, né avec une cuillère en argent dans la bouche, représente une gauche de rupture et anti-establishment alors qu’il n’existe rien de plus bourgeois que cette gauche, au sens péjoratif du terme.
Soyons clairs: il n’y a aucun mérite à être élu maire démocrate de New York, la ville la plus démocrate des USA. Une ville complètement gentrifiée depuis plus de quinze ans où la classe moyenne supérieure bien pensante et le très grand capital financier sont allés jusqu’à choisir leurs minorités à des fins électorales. Tenez, exactement comme le parti socialiste le fit en France dans les années 1970-80.
Il s’agit de rappeler à tous ceux qui acclament une victoire qui n’est pas la leur en espérant des retombées favorables sur leurs petites personnes que New York n’est pas l’Amérique. Los Angeles, San Francisco, Chicago, Boston et Seattle non plus. Il n’y à qu’à considérer les résultats de la présidentielle de l’année dernière, comté par comté. Et mettre cela en contraste avec les études et sondages cités plus haut quant à la popularité de la gauche américaine.
L’élection du maire de New York n’est pas faite par scrutin de liste à deux tours à la proportionnelle avec prime majoritaire comme en France, mais au scrutin uninominal à un tour. Même chose pour les conseillers municipaux, qui sont élus individuellement par et représentent directement les électeurs de leur district. Scrutin nominal à un tour signifie que celui qui arrive en tête, même s’il n’a pas recueilli la majorité des suffrages, remporte l’élection.
La conséquence de ce mode de scrutin est que le maire de New York n’est pas un potentat féodal comme en France, car pas de prime à la majorité. Chez nous, la liste qui arrive en tête au second au tour reçoit d’office 50% des sièges au conseil municipal. L’autre moitié est répartie à la proportionnelle selon le quotient électoral entre toutes les listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés. Démocratie, quand tu nous tiens: on transmute des élus minoritaires en un pouvoir politique hyper majoritaire déconnecté du vote des citoyens.










