L'ÉCLAIREUR
La Lettre confidentielle
[ Criminalité ] "On ne peut pas être purement réactif comme du temps du commissaire Maigret"
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[ Criminalité ] "On ne peut pas être purement réactif comme du temps du commissaire Maigret"

Depuis le début de l'année, Grenoble compte une vingtaine de fusillades sur fonds de guerre des gangs et de trafics de stupéfiants. Nous republions notre entretien avec Xavier Raufer.

Depuis le début de l’année, une vingtaine de fusillades ont été enregistrées dans l’agglomération grenobloise, conséquences de la guerre des gangs et de territoires que se livrent les trafiquants de drogues, et notamment depuis que les forces de l’ordre ont entrepris de perturber les réseaux pour réduire leur influence sur les quartiers.

A Grenoble, on compte un point de deal par quartier. Une quarantaine donc. Le procureur qui a lancé à son arrivée en mai 2019 un plan de lutte contre les stupéfiants, a abandonné l’idée d’éradiquer le trafic. “Il est totalement vain de prétendre que l’on éradiquera le trafic de stupéfiants à Grenoble, comme ailleurs dans le monde”, me disait Eric Vaillant en 2021 sur Place Gre’net.

L’objectif des opérations coup de point? Rendre les trafics supportables. On en est là. Reste que la déstabilisation des réseaux a entrainé une guerre des gangs avec pour effet de bord une délinquance de plus en plus violente alimentée par un niveau de pauvreté grandissant dans la capitale du Dauphiné.

A l’Alma en plein centre-ville, à deux pas de l’Hôtel de police, théâtre d’une série de coups de filet, le ballet des trafiquants et des choufs a tranquillement repris. Mais d’autres se sont développés. Comme à Marseille, plusieurs personnes nous ont témoigné avoir vu des check-point érigés aux abords d’un quartier “en pleine expansion”, à Hoche. C’est là que, quelques jours après la rentrée, le Judo-Club a fermé ses portes après l’agression d’un de ses adhérents par des jeunes qui occuperaient en toute illégalité, mais avec l’accord tacite du maire de Grenoble, un local situé à proximité.

Rien de bien nouveau. En janvier 2021, une crèche municipale avait été fermée durant trois semaines suite aux menaces de dealers sur son personnel. Et d’autres réfléchissent à déménager, à l’image de l’école de journalisme installée à Echirolles et dont les locaux jouxtent un bâtiment qui abrite un important trafic de stupéfiant.

La situation n’est pas nouvelle. Elle est surtout connue. Au su et à la vue de tous. Et ? Et bien rien. Les policiers nationaux comme municipaux réclament plus de moyens mais aussi une véritable volonté et une réponse politique, nationale comme locale. Le maire de Grenoble se défausse sur l’Etat. Et l’Etat n’est pas là.

L’occasion pour L’Eclaireur de republier l’entretien que nous avait accordé Xavier Raufer. Le criminologue y pointe un système, un appareil d’Etat, une bureaucratie en France incapable de détecter les phénomènes criminels suffisamment tôt, incapable surtout de réagir vite.

“Les inondations de drogue n’arrivent pas par l’opération du Saint-Esprit. Le fait que l’Europe soit inondée de cocaïne venant d’Amérique latine, on le savait des dizaines d’années à l’avance !”

Notre podcast est aussi à retrouver sur la chaîne YouTube de L’Eclaireur.

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