[ Edito ] Soixante et un milliards pour une défaite
Le Congrès américain a voté les aides à l'Ukraine, à Israël et à Taïwan. En période électorale, il ne s'agit en fait que d'automédication, d'un vaccin pour ne pas être tenu responsable du désastre.
Qui pensait sérieusement que ce “paquet” d’aide militaire resterait dans les limbes ? Nos médias institutionnels se gardent bien de décrire précisément ce qu’il contient. Voici la réalité de ce qu’a voté la Chambre des représentants mais pas encore le Sénat. Cela reste donc pour le moment un projet de loi et cet argent ne peut être engagé.
Une enveloppe totale de 95 milliards de dollars dont, pour le volet militaire à l’Ukraine:
23,2 milliards pour reconstituer les stocks d’armes américains.
13, 2 milliards d’aide militaire à l’Ukraine.
11,3 milliards pour financer les opérations militaires américaines dans la région.
13,8 milliards pour l’achat de système d’armes et de services.
26 millions pour le contrôle de l’utilisation de l’aide accordée par cette loi.
Vous pouvez constater qu’en fait il ne s’agit pas de 61 milliards de dollars d’aide à l’Ukraine comme le clament les plumitifs des pouvoirs en place en Europe, le gros du budget allant être dépensé aux Etats-Unis, comme toujours.
Certains vont même jusqu’à affirmer que cette aide aura un effet immédiat sur le champ de bataille puisque l’Ukraine n’aura plus à rationner ses munitions. Grave, très grave erreur qui ne fera que hâter l’effondrement de Kiev : les arsenaux des pays de l’Otan, USA compris, sont vides et les capacités de production occidentales ne suivent pas. Nous le disons depuis deux ans : tout l’or du monde ne permettra pas d’acheter des armes qui n’existent pas, que nous ne pouvons pas fabriquer.
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Que ce soient des blindés, des systèmes d’artillerie, des obus, des missiles antiaériens (quelle que soit la portée), il n’y a plus rien de disponible sur le marché. Il faudra au bas mot trois à cinq ans pour que la capacité industrielle occidentale soit suffisante pour livrer ce dont l’Ukraine a besoin. Alors le faire tout en reconstituant nos stocks au moment où le second front ouvert par la guerre Israël-Hamas étire les capacités occidentales jusqu’au point de rupture, n’y pensez pas.

La situation est pourtant simple et connue depuis deux ans. L’Ukraine, que personne n’a jamais cru capable de remporter une confrontation armée avec la Russie, n’a plus aucune utilité puisque l’économie russe ne s’est pas effondrée sous le coup des sanctions. Par conséquent, l’Occident, Etats-Unis en tête, paie pour que les Ukrainiens continuent de se sacrifier en vain. Il s’agit de ne pas être tenu responsable de la catastrophe que l’on a causée une année électorale. Il s’agit pour Bruxelles d’exploiter jusqu’à la corde la peur du Russe de la même manière qu’on a exploité la peur du Covid 1 pour s’arroger des compétences non prévues aux traités, afin de les y inclure par la suite, faits accomplis imposés de manière antidémocratique aux peuples.
Notons que c’est là le modus operandi originel de la construction européenne à la Jean Monnet, qui œuvre contre les peuples. Le traité de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) de 1951 fut rédigé par une dizaine de personnes dans un hôtel particulier à Paris, sans que le président du Conseil (le premier ministre sous la IVe république) en soit informé. Certains protocoles furent gardés secrets jusqu’à leur signature. La CECA ne visait pas à créer une sidérurgie européenne forte mais au contraire à s’assurer qu’elle ne puisse pas concurrencer l’américaine, notamment par l’achat de charbon d’excellente qualité et bon marché aux pays du bloc de l’Est. De la même manière, la guerre en Ukraine fut d’abord le prétexte à forcer les pays européens à cesser leur achats de gaz russe abondant, de très bonne qualité et très bon marché. Le tout rendu définitif par le sabotage de Nordstream sans nul doute perpétré par les USA et la Norvège avec la complicité passive de la Suède et du Danemark.
Il n’a jamais été un seul instant question de l’Ukraine. Dans une guerre par proxy, le proxy ne revêt aucune espèce d’importance. Le proxy finit immanquablement en patsy, en bouc émissaire, en agneau sacrificiel.
L’histoire et les peuples jugeront sévèrement ceux qui ont présidé à cela. Des centaines de milliards ne changeront rien au fait que l’Ukraine a perdu cette guerre, depuis 2014. Certains Ukrainiens - fors les nazis et les grands bourgeois qui ont fuit - l’ont perdue avec honneur, en versant leur sang. A ceux qui ont imposé à l’Ukraine de ne pas signer l’accord de paix négocié à Istambul en mars 2022 ne reste qu’un immense et indélébile déshonneur les frappant à jamais du sceau de l’infamie.
Dans un livre et un article paru sur le site du CNRS, l’historien et sociologue Nicolas Mariot s'est interrogé sur cette expérience d’obéissance de masse que fut le confinement lors de la gestion de la crise Covid-19.
J'approuve sans réserve votre éditorial qui met les points sur les i. Comme d'hab. les US se servent et tant pis pour les autres! J'ajouterais cependant - parce que je pense que cela va nous arriver dès les élections consommées - que le processus de création de la CECA va se reproduire pour nous imposer la disparition des nations en Europe. La bande de fous qui est en place à Bruxelles aux ordres des US sait parfaitement comment s'y prendre, tout est bien rodé depuis 1952!