[ Edito ] Suicide israélien
Depuis trente ans, Netanyahou veut entraîner les USA dans une guerre avec l'Iran dont aujourd'hui l'opinion publique américaine ne veut pas.
Depuis le 7 octobre 2023, Israël est en état de défaite stratégique totale. Les massacres incessants à Gaza – autant de crimes de guerre, la justice internationale établira s’il s’agit d’un génocide – et les armes nucléaires de Tel Aviv n’y changeront rien.
En réalité, Israël est en état de défaite stratégique depuis son invasion du Sud-Liban en 1982. La différence cruciale qui n’avait pas cours durant la guerre froide est qu’aujourd’hui, les opinions publiques en Occident ne soutiennent plus majoritairement l’État hébreu. Et l’opinion publique, dans les démocraties occidentales, compte toujours. Surtout en Europe, où des gouvernements peu légitimes et une Union européenne illégitime ont organisé la ruine de leurs économies au bénéfice d’un État mafieux, l’Ukraine, dirigé de fait par des nazis, pays dans lequel ils n’avaient aucun intérêt stratégique, si ce n’était s’assurer que la guerre n’y ait pas lieu.
Si l’écrasante majorité des individus fait la différence entre juifs et israéliens, il existe une population en Europe, importée par une immigration incontrôlée et soutenue par des partis politiques clientélistes, dont une partie ne la fait pas. Il se trouve que cette partie de cette population est la seule potentiellement susceptible de mouvements insurrectionnels de masse au nom de son dieu et de sa prétendue loi. Cet état de fait est sciemment aggravé par les soutiens locaux d’Israël qui assimilent en permanence la critique de l’Etat hébreu à l’antisémitisme. De l’importation en France d’un conflit qui n’est pas le nôtre, et de la nécessité d’envoyer tous ceux qui l’importent - propalestiniens comme pro-israéliens - se crêper le chignon de l’autre côté de la Méditerranée.
Israël et l’Ukraine ont le même comportement. Ce sont deux “proxies” géostratégiquement insignifiants dont la survie dépend de l’aide militaire et économique extérieure. Il est donc dans leur intérêt que cette aide continue à affluer, quitte à mordre la main qui les nourrit, pour qui la seule option viable est de retirer la gamelle en acceptant le risque de se faire mordre, le moindre des maux.
Marco Rubio, le secrétaire d’Etat américain, déclare que les frappes israéliennes sur l’Iran sont unilatérales et ont été effectuées sans soutien américain.
Qui le croit? Israël n’a pas l’allonge nécessaire pour ce faire et deux ravitailleurs en vol américains ont décollé de deux bases au Moyen-Orient hier dans la journée et ont immédiatement coupé leurs transpondeurs. Etait-ce pour ravitailler les appareils israéliens ou bien pour maintenir en l’air des chasseurs afin de protéger les bases américaines?
Comme à son habitude, Benjamin Netanyahou, criminel à la tête d’un gouvernement criminel, se cache derrière les USA en remerciant Donald Trump pour son leadership.
Alors que Trump de son côté affirme que les USA restent déterminés à une solution diplomatique à la question du nucléaire iranien, tout en reconnaissant qu’il était au courant des frappes par avance.
Retirer la gamelle. Et dénucléariser l’ensemble du Moyen-Orient, Israël en tête. Car la seule option viable pour le régime iranien est maintenant non pas de riposter avec des missiles balistiques et des drones comme en octobre 2024, mais de sortir du traité de non-prolifération et de développer un arme nucléaire le plus rapidement possible, alors qu’il ne le souhaite pas.
Comme il le fait avec le Hamas depuis 1997, Netanyahou entretient un ennemi qui lui permet à la fois de poursuivre son chantage aux USA et en Europe et de rester au pouvoir en Israël. Car il sait que le jour - que nous espérons proche - où il le quittera, il sera immédiatement mené en prison.
Reste à savoir quelle sera la réaction de Donald Trump, par trois fois humilié par le premier ministre israélien. Se laissera-t-il entraîner dans une guerre contre l’Iran, ou bien fera-t-il le choix de débrancher Israël, répondant ainsi à la volonté très majoritaire de son opinion publique opposée à toute forme d’intervention militaire directe?
Soyons lucides: sans intervention américaine, en cas de conflit avec l’Iran, le timbre poste qu’est Israël sera oblitéré. La seule profondeur stratégique de l’Etat hébreu est le soutien inconditionnel de Washington. Si le conflit escalade au niveau régional, les 7 millions de juifs israéliens seront jetés à la mer par l’alliance de circonstance de 450 millions d’arabes, de 90 millions de Perses et 85 millions de Turcs. Contre cela, ni les USA, ni l’OTAN ni l’UE ne pourront rien. Et il reste les deux grosses inconnues : l‘attitude de la Chine et de la Russie, qui restent de fait les deux seules grandes puissances stabilisatrices dans la région.
Les rodomontades de Trump, ne soyons pas naïfs, visent avant tout à sauver la face. Il ne s’agit pas d’un coup de semonce puisque les négociations entre Américains et Iraniens se poursuivaient et Steve Witkoff, l’envoyé de Trump au Moyen-Orient, doit rencontrer dimanche le ministre des affaires étrangères iranien. Netanyahu vient de tenter de les faire échouer par intérêt politique personnel.
Le système international construit à la fin de la Seconde Guerre mondiale continue de se déliter. Rien de plus normal puisqu’un monde multipolaire ne s’accommode pas d’une logique de blocs. C’est en fait une excellente chose, même si cela ouvre une période dangereuse, puisque des institutions telles que les Nations Unies, l’Union européenne ou l’OTAN non seulement ne correspondent plus à la marche du monde, mais représentent des sources et des causes de conflits parce que leurs bureaucraties résistent à cette évolution.
Il est heureux que certains à haut niveau en aient pleine conscience, à l’instar du numéro 2 de la diplomatie américaine Christopher Landau, qui a répondu en toutes lettres sur X à l’ambassadeur américain à l’OTAN, avant de promptement effacer son message : “L’OTAN est une solution qui est toujours à la recherche de problèmes”.
Excellente analyse, comme toujours. Merci. Bon, j'ajouterais bien des trucs mais c'est inutile. Restons calmes.
Je ne crois pas que les millions d'arabes d'iraniens et de turques arrivent un jour à un accord pour botter les israéliens hors du Proche orient c'est nous qui souhaiterions que justice soit faite et en rêvons.
Les iraniens je ne sais pas s'ils se relèveront de cette dernière attaque d'Israël. Comme dans le cas de Poutine ils sont trop sérieux ou trop conventionnels ou trop rigides ou trop théoriques ou qu'ils ne se sentent pas suffisamment forts pour avoir une réponse à la hauteur de la malignité de leur adversaire. Au fait du capitalisme occidental dans ce qui pourrait être sa phase ultime et néanmoins fatale ou gravement regressive, pour l'humanité. Ce n'est pas avec des incantations ou imprécations que l'Iran et la Russie y arriveront, en le pratiquant ils se trompent eux même et nous avec.
Cette derniere opération d'Israël encore une fois montre que l'astuce et l'imagination tactique sont payantes.
C'est ce qu'il me semble.