Favoritisme, recel, caméras-espions... l'interminable saga du ski dans l'Oisans
Sur fond de favoritisme dans l'attribution de marchés, la justice n'en a pas fini avec les dossiers qui s'accumulent ou sont relancés à L'Alpe d'Huez et aux Deux-Alpes.

Jean-Yves Noyrey sera finalement rejugé pour des faits de favoritisme dans l’attribution d’un marché public de construction et réfection de courts de tennis et de padel dans la station de ski de L’Alpe d’Huez. Le maire d’Huez, mis en cause au terme d’une enquête judiciaire par le parquet de Grenoble, qui avait requis à son encontre une peine de deux ans d’inégibilité, n’est pas encore blanchi par la justice : le parquet a annoncé faire appel de la relaxe prononcée par le tribunal correctionnel, nous a-t-il fait savoir.
Pour le maire d’Huez, qui a annoncé être candidat à sa succession aux municipales en 2026, la nouvelle tombe plutôt mal. D’autant que la justice ne s’intéresse pas seulement à cette affaire. Rappelons qu’un autre dossier est toujours en cours, ouvert par le parquet de Grenoble, sur là aussi des soupçons de favoritisme portant sur le contrat d’exploitation des remontées mécaniques de la station voisine des Deux Alpes.
Quel rapport avec L’Alpe d’Huez ? La société d’aménagement touristique de l’Alpe d’Huez (Sata), que préside Jean-Yves Noyrey et que contrôle étroitement la commune d’Huez. La Sata, numéro 2 français des domaines skiables, exploite depuis 2021 le domaine skiable des Deux Alpes. Au mépris des règles de la commande publique, des pièces ayant été, d’après des documents en notre possession, transmises en toute irrégularité en amont de l’appel d’offre par le maire des Deux-Alpes, Stéphane Sauvebois, à celui qui s’avèrera être le bénéficiaire du marché, en l’occurence la Sata ?
C’est en tout cas le procédé, classique mais condamnable, qui a pré-existé à l’attribution du marché de l’Île aux loisirs à la société Laquet tennis – laquelle est poursuivie pour recel. Jean-Yves Noyrey est en effet accusé d’avoir transmis avant le lancement de l’appel d’offres les plans de travaux au futur bénéficiaire du marché.
En attendant, les dossiers font boule de neige dans cette partie de l’Oisans entièrement dévouée au ski. Le climat étant pour le moins tendu depuis la révélation de toutes ces affaires, qui plus est à l’approche des échéances municipales, les plaintes et signalements devant le préfet, la gendarmerie, la justice, se multiplient aux Deux-Alpes. Epilogue ? L’installation de caméras espion dont L’Eclaireur vous parlait dans un précédent article. Une vraie saga.
[Caméras espion, suite] "Les lois n'existent pas aux Deux Alpes"
L’affaire des caméras espions aux Deux Alpes, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt. Un énième épisode, façon poupée russe, des tribulations politico-judiciaires de cette commune qui abrite une des stations de ski phare de l’Isère et des Alpes françaises. Et surtout une énième déclinaison des relations pas très claires qu’entretient le monde du ski avec ceux du BTP et de l’immibilier.
Episode clôt ? Le parquet avait classé le dossier, au motif que la commune avait démonté les caméras litigieuses. L’affaire pourrait être relancée : ce 12 décembre, l’avocat de la directrice de l’aménagement visée par les caméras, a annoncé déposer une nouvelle plainte, cette fois avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction de Grenoble…



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