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Le Signalgate
La Lettre confidentielle

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L'administration Trump a commis une bourde, en toute bonne foi. Le journaliste invité par erreur a lui commis une infraction pénale équivalente à celle d'espionnage.

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Pascal Clérotte
mars 26, 2025
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mike waltz

La version originale en anglais de cet article est à retrouver ici.

Jeffrey Goldberg, le rédacteur en chef de The Atlantic, a été inclus “par erreur” dans une boucle de discussion sur la messagerie chiffrée Signal, à laquelle participaient dix-huit hauts officiels de la Maison Blanche. Y étaient discutées les frappes des Etats-Unis sur les Houthis.

The Atlantic est un mensuel américain dont la propriétaire est Laurene Powell Jobs, la veuve de Steve Jobs, le fondateur d’Apple. Laurene Powell Jobs finance les campagnes de Kamala Harris depuis 2003. En 2023, elle a effectué trois dons totalisant près d’un million de dollars à la campagne de réélection de Biden-Harris. De plus, elle aurait versé plusieurs millions supplémentaires à Future Forward, un super PAC soutenant Harris, mais les montants précis restent confidentiels, car ils relèvent de dons dits de “dark money”, qui ne sont pas soumis à obligation de déclaration détaillée.

Un drôle de pistolet que Jeffrey Goldberg. Néoconservateur patenté, belliciste enragé, sioniste affiché au point de ne pas hésiter à dégainer l’antisémitisme pour contrer toute critique du lobby pro-israélien aux USA, il a effectué son service militaire en Israël durant la première intifada en tant que garde à la prison de Ketziot dans le désert du Néguev, où étaient enfermés la majorité des Palestiniens arrêtés par l’armée et la police israélienne. Plutôt le profil d’un agent d’influence.

En octobre 2014, par exemple, il a publié un article dans lequel il rapportait qu’un haut responsable de l’administration Obama, naturellement sous couvert d’anonymat, avait qualifié le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de "poule mouillée”. Selon Goldberg, ce responsable avait ajouté que l’avantage avec Netanyahu était qu’”il a peur de déclencher des guerres”, tandis que l’inconvénient était qu’”il ne fera rien pour parvenir à un accord avec les Palestiniens”.

Du fait de cet article, où Goldberg décrivait également les relations entre les États-Unis et Israël comme étant en “crise ouverte”, le secrétaire d’État John Kerry avait été contraint d’appeler Netanyahu pour désolidariser la Maison-Blanche des prétendues déclarations qu’il rapportait.

Ardent soutient à l’invasion de l’Irak en 2003, il a activement milité pour une implication directe des Etats-Unis en Syrie et se fait pousse-à-la-guerre avec l’Iran. Il fut également l’une des chevilles ouvrières, pour le volet média mainstream, du Russiagate, l’opération mensongère à grand coups de faux et de piratage informatique déclenchée par la campagne d’Hillary Clinton et le parti démocrate. Elle visait durant la campagne présidentielle de 2016 à faire passer Trump pour un agent du Kremlin. Le FBI a aujourd’hui établi que ces allégations étaient fausses.

Bref, tout ce qu’écrit Jeffrey Goldberg doit être pris avec des pincettes, non pas parce ce qu’il affabule mais parce qu’il y a systématiquement une intention politique derrière. De la sorte qu’il ressemble davantage à un opérateur politique qu’à un journaliste.

Le décor étant planté, pourquoi donc le vice-président JD Vance, le ministre de la défense Pete Hegseth, le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz, le directeur de la CIA et une flopée d’autres personnes très haut placées dans l’administration Trump ont-elles utilisé la messagerie chiffrée Signal pour discuter d’une opération militaire en cours de planification, alors que l’Etat fédéral dispose du système de communications sécurisées le plus perfectionné au monde ?

Croyez-vous que Mike Waltz, conseiller à la sécurité nationale, à créé la boucle Signal lui-même sur son smartphone? Croyez-vous vraiment que tout ce beau monde tchatait allègrement de leurs portables d’une opération militaire en préparation? Difficile de le croire. Pourquoi ? Tout simplement parce que des collaborateurs dument mandatés par leur patron ont utilisé leur compte pour participer à cette réunion en leur nom. C’est écrit noir sur blanc dans l’article de Goldberg. Cela signifie que la discussion s’est déroulée sur l’application desktop de Signal, donc sur des ordinateurs dont l’accès internet est aussi déporté que sécurisé, le rendant impossible à pénétrer.

Image
Capture d’écran de la conversation Signal publiée par Jeffrey Goldberg

N’ayant qu’une confiance relative, à juste raison, dans les administrations qu’ils dirigent, ces membres de l’administration Trump ont vraisemblablement choisi Signal afin de ne pas utiliser les systèmes de l’Etat fédéral. Non pas parce qu’ils avaient des choses à cacher mais pour éviter les fuites. Contrairement à Telegram qu’Emmanuel Macron a utilisé pendant près de dix ans1, Signal est un service américain sécurisé et chiffré de bout-en-bout. Jeffrey Goldberg aurait été ajouté par erreur par Mike Walz parce qu’un participant à la discussion avait également pour initiales JG.

A partir du moment où il a pris conscience qu’il avait été invité par erreur à un tchat auquel participait des membres de l’administration Trump discutant de sujets confidentiels, Jeffrey Goldberg aurait du immédiatement se signaler et quitter la conversation au lieu d’observer et de conserver l’intégralité de cette discussion pour en faire un article. Il a donc vraisemblablement commis une infraction tombant sous le coup de l’Espionnage Act.

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