"Les masses sont plus radicales que l'offre politique visible dans les médias"
Fadi Kassem, le secrétaire général du Pôle de renaissance communiste en France, explique comment on est passé de la gauche plurielle à la gauche plus rien. Et comment, selon lui, en sortir.
S’il n’y a plus de gauche, alors n’y a plus de droite donc plus aucune possibilité d’opposition, de dialectique. Marque du totalitarisme.
Faut-il être barré, grésiller du trolley et avoir une grosse araignée au plafond pour se dire marxiste-léniniste en 2024 ? Pas si sûr.
Le monde a bien évidemment changé depuis la seconde moitié du XIXe siècle. Il faudrait cependant déraisonner pour balayer d’un revers de la main l’acuité et la pertinence de la critique du capitalisme effectuée par Karl Marx, Friedrich Engels, Vladimir Ilitch Lénine et les autres. Sans eux, pas de Keynes, et encore moins de théoriciens néolibéraux, en particulier les monétaristes.
Si les régimes qui se sont revendiqués du marxisme au XXe siècle ne sont pas forcément des expériences à renouveler, il faut avoir l’honnêteté de reconnaitre que les communistes français n’ont jamais refusé le jeu électoral, n’ont jamais tenté de coup d’Etat ni n’ont fait montre d’antiparlementarisme. Sans eux, la Résistance durant l’Occupation n’aurait pas été ce qu’elle fut. Avant d’être communistes, ils étaient patriotes. La même chose vaut pour les communiste italiens et grecs. La France, l’Italie et la Grèce, ces trois pays qui terrorisent toujours les “mondialistes” car leurs peuples sont les seuls en Europe encore capables de renverser la table.
Le Parti communiste français est ce qu’il est devenu. D’un grand parti populaire, il s’est réformé en un syndicat d’élus bobos des métropoles réduit à peau de chagrin. Le reste de la gauche a cédé à son tropisme américain bien-pensant, ce qui lui permet de faire l’économie de réfléchir, les mantras moralistes et les invectives qu’il croit disqualifiantes lui tenant lieu de projet et de discours politique. Fasciste, raciste, sexiste, homophobe, antisémite etc. Mots galvaudés et vidés de leur sens à force d’être braillés à la moindre contradiction par tout ce que la classe politique française compte de rentiers, et pas qu’à gauche – ce qui est dangereux.
Nous en parlons avec Fadi Kassem, le secrétaire général du Pôle de renaissance communiste en France (PRCF). Nous parlons de cette gauche Canada Dry à slogan, du monstre antidémocratique qu’est devenue l’Union européenne, des solutions que le PRCF propose. A l’heure où on nous ressort le Front populaire comme on met le “plan Marshall” à toutes les sauces, c’est rafraîchissant.
Vous constaterez que, loin des dogmes et des clichés issus de la guerre froide, sans nostalgie mais avec un sens l’histoire, il existe encore un discours de gauche réfléchi qui mérite d’être écouté, qu’on y adhère ou pas. Comme principe d’analyse (ce n’est pas le seul) , le marxisme n’est toujours pas obsolète. La lutte des classes non plus. Qu’on y adhère ou pas.
L’Eclaireur : Que signifie être marxiste-léniniste en 2024 ?
Fadi Kassem : Cela signifie être dans l'actualité, puisqu'en cette année 2024, il se trouve que c'est le centenaire de la mort de Lénine. Le PRCF lui-même est né d'ailleurs le 18 janvier 2004, cela fait vingt ans. C'est être dans l'actualité déjà d'un point de vue, je dirais intellectuel, puisque la base du marxisme-léninisme, c'est ce que Lénine appelait l'analyse concrète de la situation concrète.
C'est donc d'abord analyser concrètement une situation concrète. C'est ce que nous faisons au PRCF dans tous les domaines: politique, économique, international, culturel, idéologique etc. Donc regarder concrètement les choses sans tomber dans, sans céder au danger de la réaction, ce que Georges Politzer appelait l'indépendance intellectuelle, c'est-à-dire l'indépendance du vrai courage intellectuel, celle de ne pas céder à la réaction.
Donc, de ce point de vue, c'est fantastiquement d'actualité. Ça, c'est pour le côté intellectuel. Pour le côté politique, cela veut dire vouloir reconstruire un vrai Parti communiste, c'est-à-dire fidèle aux principes énoncés par Marx, Engels et Lénine, en les adaptant au XXIe siècle.
On ne va pas dire que le monde n'a pas changé et que nous sommes en 1848 ou en 1917. Ce n'est pas le cas. Mais sur les principes, et notamment la nécessité d'avoir un Parti communiste vraiment révolutionnaire, de combat, avec des fondamentaux qui ont été abandonnés progressivement par l'actuel PCF, est un objectif que nous avons. En 2024, être marxiste-léniniste, c’est cela.
Dans le fond, c'est à la fois une analyse intellectuelle, théorique et un combat pratique pour que la classe ouvrière – parce qu’elle existe encore la classe ouvrière en France – et au-delà l'ensemble des travailleurs, disposent d'un outil politique et syndical qui soit totalement indépendant des forces patronales, des forces réactionnaires, qui sont d'ailleurs sociales-démocrates, pour pouvoir mener le combat de classe.
La lutte des classes existe encore. Il y a une quinzaine d’années, Warren Buffett (le fondateur de Berkshire Hathaway, considéré comme le plus grand investisseur au monde, ndlr) le rappelait, en expliquant que c'était sa classe qui gagnait cette lutte. On voit bien que le marxisme est d'actualité, même chez les ennemis de classe.
L’Eclaireur : Quelles sont les conditions dans lesquelles s'effectue aujourd'hui la lutte des classe ? Parce que ça aussi, ça a changé. C'est quand même quelque chose de fondamental dans le marxisme. Et même le fondement, je pense, avec le matérialisme historique. Si la classe ouvrière existe, s’il existe encore des ouvriers, on se rend compte que la France étant plus ou moins désindustrialisée comme la plupart des pays d'Europe, on a surtout affaire, en ce qui concerne les classes dites populaires, ou ce qu'on pourrait appeler le prolétariat au sens marxiste du terme, plutôt à des employés. La nouvelle usine, c'est le service.
Fadi Kassem : il est incontestable qu’il y a eu une désindustrialisation dans le pays, dont les responsabilités d'ailleurs sont à rechercher à plusieurs niveaux. Au niveau national, à travers les différentes politiques qui ont été menées, ainsi qu’au niveau européen et mondial, on en reparlera.
En effet, une économie dite tertiaire s'est développée. Même si le fait de séparer en primaire, secondaire, tertiaire d'un point de vue économique a plus ou moins d'intérêt et de sens… Si on veut pouvoir avoir une agriculture un tant soit peu productive, dans le sens produire, pas dans le sens productiviste, il faut des machines. Il faut disposer de tracteurs, de moissonneuses etc.
Malheureusement, c'est clair que la France a perdu également dans ce domaine-là. Même dans le tertiaire… Il faut rappeler quand même qu'il y a des industries tertiaires. Si on veut par exemple pouvoir développer la pharmaceutique, la robotique, l'informatique, nous avons besoin d'ingénieurs, nous avons besoin de processeurs.
De ce point de vue, on peut dire qu'il y a un clair besoin de réindustrialisation dans le pays. De fait, la classe ouvrière, si on pense aux mineurs, aux travailleurs du textile comme jusqu'au milieu du XXe siècle, a bien changé. En revanche, cette “nouvelle” classe ouvrière est en lien avec les autres métiers, notamment le tertiaire. Les auto-entrepreneurs font partie de ce nouveau prolétariat.
Je n'ai volontairement pas parlé de classe ouvrière mais de nouveau prolétariat, beaucoup plus hétérogène. Mais il n'empêche que, comme il reste malgré tout une base industrielle, il y a encore 15 à 20% d'ouvriers. Ouvriers, aux niveaux de vie très différents.
Nous avons des secteurs qui sont importants dans l'industrie. L'industrie de l'armement pour prendre un exemple d’actualité. La métallurgie qui, certes, elle aussi connaît une remise en cause de plus en plus importante.
La classe ouvrière a changé. Elle est de plus en plus compétente d'ailleurs, parce qu'il faut avoir des compétences techniques pour savoir manipuler les machines. Elle n'est pas aussi importante et surtout pas aussi consciente et organisée qu'à une certaine époque, c'est incontestable.
On pourrait parler également des ouvriers électriciens gaziers, des ouvriers cheminots, de la verrerie etc.
La classe ouvrière doit jouer un rôle, dans le combat mené par l'ensemble des classes populaires, sachant qu'évidemment, il n'y a pas que des ouvriers. Il y a les salariés, il y a les auto-entrepreneurs – expression absolument loufoque quand on y pense en réalité. Et n'oublions pas tous les paysans qui se sont soulevés l'hiver dernier et qui sont toujours en colère.
Les gouvernements successifs expliquent qu'ils souhaitent réindustrialiser le pays. Cela veut dire qu'on va avoir besoin a minima d'un certain nombre d'ouvriers, quelles que soient leurs qualifications.
L’Eclaireur : Que regrettez -vous de l'ancien Parti communiste français, qui fut un très grand parti populaire, on va dire, jusqu'en 1983, le tournant de la rigueur. Pensez-vous qu'aujourd'hui il pourrait contribuer de manière significative à la société française et au débat politique ?
Fadi Kassem : Nous, on parle du PCF, on a du mal à dire Parti communiste. Je signale au passage que le nom complet, c'est PCF-PGE, Parti de la gauche européenne. Le PCF est membre du parti de la gauche européenne, qui est un parti qui accepte la construction européenne. Alors évidemment, il va la critiquer en disant qu'elle n'est pas assez sociale, parce qu’il faut une autre Europe. Il faut une Europe des gens et pas de l'argent, comme le disait Ian Brossat en 2019.
Nous le regrettons parce que le PCF, historiquement, a combattu la construction européenne. Rappelons d'ailleurs que les ouvriers, les employés, les paysans s'étaient férocement, farouchement opposés au traité de Maastricht. En 2005, ce fut encore plus flagrant.
Donc le premier regret que nous avons, c'est bien d'accepter ce cadre européen, plutôt européiste. Européiste dans le sens où cela renvoie à une idéologie selon laquelle, soi-disant, l'Union européenne est faite pour le bien des peuples, On constante depuis des décennies que ce n'est absolument pas le cas. Cela s'est matérialisé en fait dès le milieu des années 70 à travers l'eurocommunisme, c'est-à-dire cette volonté de réformer, puisque c'est le mot qui est très à la mode, le communisme. Ce mouvement s’est amorcé sous Georges Marchais, qui par moment freinait et par moment accompagnait cette “euromutation”. Puis, ça s'est accéléré à partir de Robert Rue. Nous voyons le résultat.
Au milieu des années 1970, le PCF représentait encore près du quart de l'électorat et était encore bien implanté au sein de la classe ouvrière et des autres travailleurs. Après c'est la grande chute… Il a accompagné les gouvernements socio-démocrates qui eux-mêmes promettaient monts et merveilles sur l'Europe socialiste. Mitterrand disait en 1978 que l'Europe serait socialiste ou ne serait pas. Elle n’est pas du tout socialiste.
En participant au gouvernement Mauroy de 1981 à 1984, puis dans le gouvernement dit de gauche plurielle que nous appelons “gauche plus rien” dont on a vu le bilan le 21 avril 2002, le PCF s'est coupé des classes populaires qui se sont réfugiées à l'extrême droite, celle du Front national et encore plus sûrement dans l'abstention.
Dans le fond, c'est cet abandon, cet abandon politique, cet abandon idéologique, cet abandon également syndical… N'oublions pas que le PCF entretenait des liens avec la CGT. Une CGT qui, elle aussi, a dérivé dans une logique euro-syndicale et euro-confédérale en faisant croire qu'on peut réformer, qu'on peut changer l'UE de l’intérieur. Tout ce qui faisait l'ADN du PCF qui a été progressivement démantelé.
Il y a trois dates.
1976, c'est l'abandon de la dictature du prolétariat qui est une expression qui souvent fait peur parce qu'elle n'est pas analysée. Mais lorsqu'on lit les écrits de Marx, Engels et Lénine, c’est très clair. Il s’agit de la démocratie pour les pauvres.
1979, c'est l'abandon du marxisme-léninisme comme ligne idéologique, comme référence.
Enfin, 1994, quand Robert Rue arrive à la tête du PCF, l'abandon du centralisme démocratique.
Cela ne signifie pas qu’au PCF, il n'y a pas encore des camarades franchement communistes. D'ailleurs au PRCF on accepte la double adhésion, tant est que le militantisme quotidien soit prioritairement tourné vers le PRCF.
L’Eclaireur : La gauche aujourd'hui existe-t-elle encore au sens où la gauche se préoccupe encore du peuple ?
Fadi Kassem : En tout cas, c'est l'illusion qu'elle veut donner. Pour nous, la gauche a une signification historique. Si on doit la ramener à quelque chose, à un idéal, c'est celui de l'émancipation individuelle et collective. C'est-à-dire que les individus soient véritablement des êtres humains et non pas des machines exploitées et victimes de l'aliénation, des concepts très marxistes toujours d'actualité. Les partis dits de gauche que nous appelons la “gauche établie” les ont complètement abandonnés, sans forcément s'en rendre compte.
Sur la question européenne, c'est assez frappant. Lorsque vous avez évoqué le tournant de la rigueur – il se trouve que je suis enseignant en histoire, j'ai travaillé sur cette période des années 70-80 en termes de recherche – j'ai constaté à quel point, dès le milieu des années 1970, au sein du Parti socialiste les ferments de capitulation étaient déjà présents. Il n'y avait pas de réelle volonté de rompre avec le capitalisme. Il n'y avait pas de volonté d'affronter les superstructures, la construction européenne, la mondialisation capitaliste qui se mettait en place avec Reagan, Thatcher et compagnie.
Et en fait, tous ces partis de gauche ont progressivement accepté l’ordre établi en expliquant qu’il est possible de le ménager, de le modifier, de le réformer mais qu’il n’est pas possible de rompre avec. Dès lors, à gauche – enfin dans ce qu'on appelle la gauche, par exemple les partis qui composent la Nupes – il est hors de question de sortir de l'Union européenne, de l'Euro et même de l'Otan. Soit dit en passant, même si Fabien Roussel a voulu faire croire un temps qu'il souhaitait sortir de l'Otan, c'est un objectif dont on n'entend plus parler au PCF depuis février 2022 et l'intervention russe en Ukraine.
Conséquence? Lorsqu'il y a des élections, comme par exemple l'élection présidentielle, le vote ouvrier – quand il s'exprime parce qu'encore une fois l'abstention est importante – va vers l'extrême droite. La gauche est coupée de ses racines populaires, ne prend pas en compte les aspirations patriotiques, populaires et pacifiques des travailleurs de ce pays.
Ceux-ci ne s'y trompent pas. Il suffit de considérer l'électorat du Parti socialiste, d'Europe Écologie Les Verts et même de LFI où il y a peut-être un peu plus d'employés précaires…
L’Eclaireur : On pourrait même carrément parler de vote bourgeois…
Fadi Kassem : Oui, d'ailleurs il y a un chiffre qui est assez frappant. Quitte à parler de sondage, en mars dernier il y en a eu un au sujet de l'envoi de troupes en Ukraine. La majorité de Français y est très hostile. Mais ce qui était intéressant, c'était de voir que les électorats les moins défavorables à cette option étaient ceux de LFI, d'Europe Écologie les Verts et du PS. Ça en dit quand même très long sur le fait que ce vote petit bourgeois a progressivement gagné en importance au sein de cette Nupes au détriment des classes populaires et en particulier de la classe ouvrière.
L’Eclaireur : Vous venez de mentionner l'intervention russe en Ukraine. Quelle est la position du PRCF ?
Fadi Kassem : En fait, lorsque l'intervention russe est survenue le 24 février 2022, cela faisait un moment que la guerre existait en Ukraine, dans le Donbass. Au PRCF, nous en parlions sur notre site “Initiative Communiste”, dans notre journal “Initiative Communiste”, en expliquant ce qui se passait depuis huit ans.
On ne va pas dire qu'on a été heureux qu'il y ait l'intervention russe, parce que cela amplifie la guerre. Et d'ailleurs, je rappelle que quatre jours avant l'intervention russe, Lénine et les bolcheviks avaient été désignés par Vladimir Poutine comme étant à l’origine des problèmes en Ukraine.
Nous ne soutenons pas la politique de Vladimir Poutine. Et, c'est une évidence, encore moins le régime pro-nazi de Kiev qui réhabilite les pires horreurs des années 1930 et 1940, celles de Bandera.
Pour autant, si on considère la situation sur le plan militaire, c'est simple. On a d'un côté un pays, la Fédération de Russie, qui est issue de la contre-révolution antisoviétique après la chute de l'URSS en 1991, de plus en plus encerclé. Il n'est pas le seul d'ailleurs. C'est également le cas de la Chine populaire. Encerclement du fait de l'extension de l'Otan, et volonté y inclure l'Ukraine. Cet axe de l'Otan qui s'est étendu à l'Est après la chute de l'URSS et qui est en fait la principale menace pour la paix mondiale.
Cela ne concerne pas que le front de l'Est. Il suffit de constater ce qui se passe du côté du Proche-Orient où Benjamin Netanyahou bénéficie d'une véritable carte blanche pour faire ce qu'il veut, même s’il y a quelques protestations de façade.
Ce que nous appelons l'axe de l’Otan, l'Occident, est la principale menace pour la paix mondiale. La Russie a un régime bourgeois, réactionnaire et contre-révolutionnaire. Sur le plan intérieur, elle n'hésite pas à réprimer comme ça a été le cas en septembre 2021 à l'occasion d'élections à Moscou avec les membres du KPRF, du Parti communiste de la Fédération de Russie. Sur le plan militaire et géopolitique, la Russie tente de stopper cette extension de l'UE-Otan à sa façon.
Nous souhaitons que la guerre s'achève le plus vite et soit une défaite militaire pour l'Otan. Sinon, le danger sera terrible de basculer, nous le disons clairement, vers une apocalypse. Il ne faut pas oublier quand même que nous avons des fous chez à la tête de nos pays. Il y a déjà quarante ans, on pouvait entendre l'expression “liber tot als rot” – plutôt mort que rouge – au moment de ce qu'on appelle pudiquement “la crise des euromissiles”. C'est Joseph Goebbels qui a inventé cette expression.
Nous ne sommes pas dans du campisme ni pas dans un soutien absolu. Nous ne sommes pas non plus dans le “ninisme” renvoyant dos à dos la Russie et l'Otan.
L’Eclaireur : Vous mentionnez l'Axe EU-Otan. Peut-on aller jusqu’à dire que l'Union européenne est une succursale de l’Alliance Atlantique ?
Fadi Kassem : C'est le cas. Ils sont partenaires stratégiques depuis décembre 2002. Ils sont consubstantiellement liés.
L’Eclaireur : En matière d'Europe, quelle est votre position ?
Fadi Kassem : Pour nous, c'est très clair. Depuis que le PRCF a été créé le 18 janvier 2004, et j'en parle d'autant plus facilement que je n'en étais pas encore membre, notre message c’est : le Frexit progressiste. C'est-à-dire la sortie de l'euro, de l'UE, de l'Otan et, et j'insiste sur le “et” parce que c'est souvent oublié, la sortie du capitalisme.
La construction européenne telle qu'elle existe, c'est une construction du capital. C'est une construction supranationale. J'insiste sur le mot supranational parce que c'est souvent un argument qu'on entend dans des partis de gauche pour dire “Ah oui, mais si vous faites ça, vous êtes des nationalistes, des chauvins, des je-ne-sais-quoi”. Il faut une internationale, dont nous souhaitons la reconstruction, Nous œuvrons autant que faire ce peut à notre modeste niveau, à porter le message d'un nouveau mouvement communiste international.
L'UE, ce n'est pas l'internationale. Elle est supranationale, c'est-à-dire au-dessus des nations, au-dessus des peuples, au-dessus des travailleurs. L’exemple symbolique, c'est l'euro. Pas que symbolique, c'est un exemple concret. L'euro est géré par une banque centrale européenne totalement indépendante qui mène une politique en réalité définie par Berlin, une politique de rigueur, d'austérité, qui écrase les conquêtes sociales et l'ensemble des services publics et qui échappe absolument au contrôle des parlements des États membres de l'Union européenne, et même du Parlement européen.
J'ajouterais, comme l’a écrit Jean Jaurès, que “Un peu d'internationalisme éloigne de la patrie; beaucoup d'internationalisme y ramène”. Et on oublie souvent ce passage-là, “Un peu de patriotisme éloigne de l'Internationale; beaucoup de patriotisme y ramène.”
De ce point de vue, être patriote, c'est être internationaliste et c'est donc réclamer la souveraineté et l'indépendance nationale, bien sûr sous le contrôle démocratique des travailleurs. Ce sont eux, en réalité, qui représentent la souveraineté du peuple. Pas l'extrême droite. Pas le Medef.
Pour nous, c'est très clair, il faut la rupture avec le capital pour reconstruire, pour aller vers une logique de coopération internationale, et puis par la suite d'une internationale tout court. Honnêtement, ce n'est pas le PRCF avec ses modestes moyens qui est en mesure de le faire. Mais en revanche c'est un discours qui commence à être entendu, y compris d'ailleurs à l'étranger. Nous avons des contacts avec de nombreux partis frères, et pas seulement en Europe.
Nous regrettons vivement que les messages et les discours mensongers, vraiment mensongers par rapport à la situation réelle, des États-Unis d'Europe, et de l’Europe sociale, soient prodigués parce qu'ils trompent. Ils trompent d'autant plus que, comme le disait déjà Lénine en 1915, en régime capitaliste, les États-Unis d'Europe sont ou impossibles ou réactionnaires. Ils sont presque là, et ils sont réactionnaires et même carrément fascisants.
L’Eclaireur : Quand vous parlez de capital, parlez-vous essentiellement du capitalisme financier ?
Fadi Kassem : Pas seulement. Il faut quand même rappeler qu'à l'origine de la construction européenne, nous avons le capitalisme industriel, les grands groupes sidérurgiques. Evidemment, on y retrouve les banquiers. Ça ne date pas des années 1950. En 1951 est créée la CECA, la Communauté Européenne du Charbon de l'Acier. C'est marrant parce que c'est souvent présenté comme la première étape, le premier jalon de la construction européenne.
En fait, la CECA existait vingt-cinq ans avant. Elle avait été créée sous un autre nom en septembre 1926. On l’appelait à l’époque l'Entente internationale de l'acier, ou le cartel de l'acier, qui avait exactement le même fonctionnement à l'époque que la CECA : la volonté de constituer un grand marché commun du charbon et de l'acier afin de renforcer la production continentale. Et pour favoriser, vous vous en doutez, les profits de tous ces grands groupes qui cherchaient à coopérer joyeusement et qui souhaitaient construire une Europe forteresse contre le péril bolchevique, promptement renommé péril judéo-bolchevique.
Ce n'est donc pas seulement le capitalisme financier, c'est l'ensemble des structures du capitalisme. Autrement dit, la construction européenne est une superstructure aux mains de tous ces capitalistes, de grands industriels, de grands marchands également. Jean Monnet était issu d'une famille de marchands de cognac. Jean Hennessy, qui fut le premier député français à parler des États-Unis d'Europe à l'Assemblée nationale en 1920, était lui aussi issu d'une famille de marchands de cognac.
C'est vraiment la logique des capitalistes qu'on retrouve dans différents domaines, pour aller vers une monopolisation continentale en leur faveur et écraser l'ensemble des conquêtes sociales, démocratiques, qui ont souvent été acquises, si on regarde l'histoire, dans le cadre national.
L’Eclaireur : Concrètement, comment sort-on du capitalisme ?
Fadi Kassem : C'est la question la plus importante. D'abord, nous ne sommes pas les seuls, en France, à parler de Frexit. A ceci près que le nôtre est progressiste. La sortie de l'euro, de l'UE et de l'Otan accélérera et amplifiera le combat de classe qui existe. Tout simplement parce que le grand patronat en France ne veut pas sortir de l'Union européenne. L'extrême droite non plus, soit dit en passant.
L’Eclaireur : Le Frexit, c’est quoi ?
Fadi Kassem : Si l’on espère pouvoir sortir à travers un référendum, ça n'aura pas lieu. Les dirigeants ne sont pas assez fous pour organiser un truc pareil. Le dernier qu'ils ont organisé, le 29 mai 2005, ils se sont assis dessus par la suite.
Est-ce par des négociations éventuellement à travers l'article 50 ? Négocier autant que vous voulez… Pendant ce temps-là, la logique capitaliste suit son cours, c'est-à-dire la totale liberté de circulation des capitaux.
Pour nous, la rupture doit être unilatérale et l'une des toutes premières mesures concrètes à prendre, ce serait la fermeture immédiate, et le blocage des mouvements de capitaux.
Si on examine les expériences historiques, quand il y a eu le Front populaire en 1936, à l'époque il n'y avait pas de construction européenne comme aujourd'hui, il n'y avait pas de totale liberté de circulation des capitaux. Ils sont pourtant tout de suite partis vers la Suisse ou les États-Unis pour ne pas avoir à financer les congés payés.
Il est indispensable d'opérer immédiatement un blocage des capitaux, pour empêcher leur fuite vers l'étranger et en même temps exiger le rapatriement de l'ensemble de ceux qui sont placés, on le sait très bien, dans des endroits peu licites, des paradis fiscaux. Imposer un rapport de force financier parce que si on ne l'impose pas, si on espère négocier avec les forces capitalistes en face, c'est simple, elles nous écraseront et elles continueront de fermer le robinet financier.
Je rappelle que c'est comme ça que la Grèce a été massacrée à l'été 2015 après que les Grecs eurent rejeté par référendum le prétendu plan de sauvetage de la troïka composée de la Banque centrale européenne, du FMI et de la Commission européenne. A ceci près que la France, ce n'est pas la Grèce. La France est une puissance qui compte encore, même si on voit son déclassement sur le plan économique. Il y a des richesses en France.
On entend que la France est un pays appauvri… Les travailleurs, eux, le sont. Il suffit de regarder l'explosion des inégalités et l'ampleur des richesses qui existent, richesses immobilières, richesses patrimoniales, richesses en termes d'actifs financiers. Évidemment, en termes de production, cela devient de plus en plus compliqué. Mais il y a quand même des secteurs efficaces.
Pour nous, le blocage des capitaux est une mesure phare. Cela veut dire aller à la confrontation. Ce n'est pas en négociant gentiment au coin d'une table que l'on pourra y arriver.
L’Eclaireur : Cette confrontation ne risque-t-elle pas de mener à la guerre ?
Fadi Kassem : De toute façon, lorsque l'on arrive au pouvoir – je parle de manière extraordinairement optimiste, prospective – quand un gouvernement de gauche ambitieux qui souhaite véritablement rompre avec l'ordre établi arrive au pouvoir, au-delà du blocage des capitaux que je viens d'évoquer, il y a tout de suite des mesures de sécurité extérieure et intérieure à prendre.
Un mois après la Révolution bolchevique, il y a eu la guerre civile. Avec la Révolution française, ce fut la même chose.
Il faudra prendre des mesures d'exception, des mesures de salut public parce que cela ne se passera probablement pas pacifiquement. Il ne faut pas oublier le soulèvement populaire qui est possible. Le mouvement des Gilets jaunes l'a parfaitement démontré. C'est souvent passé sous le boisseau mais le 1er décembre 2018, 3 000 gilets jaunes étaient à deux cents mètres d'un palais de l’Élysée vide qu'avait fui le monarque Macron avec sa clique, parce qu'ils avaient peur. Ils ont véritablement eu peur. Je le mentionne parce qu’à ce moment-là, personne n'a eu l'idée de rentrer tranquillement rue du Faubourg Saint-Honoré.
Inévitablement, on se doute qu'il y aura un état de tension tel qu'il faudra certainement prendre des mesures de salut public. Les bolcheviques eux-mêmes en parlaient et ils n'hésitaient pas à faire référence à une révolution qu'ils avaient bien étudiée : celle de 1793, la révolution des jacobins et des sans-culottes.
La révolution n'est pas un dîner de gala. Je ne dis pas que c'est ça qui va nécessairement se produire mais une rupture nécessite un rapport de force et être prêt à assumer ce rapport de force. Si on n'est pas prêt à le faire, autant rester dans la situation dans laquelle nous sommes et qui nous mène elle aussi et de manière beaucoup plus dramatique vers la guerre. Une guerre qui pourrait être autrement plus tragique.
L’Eclaireur : Croyez-vous encore que les gens soient prêts à ce genre de choses ? Ne pensez-vous pas qu'ils sont un petit peu trop engoncés dans un consumérisme confortable ?
Fadi Kassem : À vrai dire, si on regarde bien l'histoire, toute révolution, toute insurrection – les gilets jaunes sont un cas particulier – est le fait d’une minorité de gens. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a aucune légitimité, au contraire. Quand cela fonctionne, ça veut dire que la majorité accepte. C'était le cas lorsque les bolcheviks ont pris le pouvoir. En 1789, croire qu'il y a eu un soulèvement massif dans le pays est absurde. Ce ne fut pas le cas. La plupart des gens sont prêts à suivre si ça va dans le bon sens. Cela ne veut pas dire qu’ils participeront.
Ce qui est très intéressant, et je le constate dans des discussions lorsque nous faisons du militantisme quotidien, dans les manifestations, dans les commentaires qu'on retrouve sur les réseaux sociaux – c’est qu’on entend de plus en plus de choses du genre “il faut que ça explose”, “ça ne peut plus durer”. Le mot “révolution” revient petit à petit.
Il y a à la fois une résignation d'un certain point de vue, une peur. La peur, c'est un élément terrible qui est toujours exploité par les dirigeants qui sont gardiens du temple de l'ordre établi. Mais il y a une attente. Alors évidemment, répondre à cette attente, c'est difficile parce que ça veut dire prendre des risques. Ça veut dire qu'on ne sait pas ce qui va se passer. Comment en 1789 ou en 1917, les révolutionnaires pouvaient-ils savoir ce qui allait se passer ? C'est absolument impossible. La révolution, ça se fait. J'ai envie de dire, ça se vit.
Il y a une forme de résignation. Mais quand on creuse bien, il y a aussi une volonté de changement. Même Emmanuel Macron en 2017, qui n’est pas un révolutionnaire, a incarné une volonté de changement, la volonté d'en finir avec un débat gauche-droite dépassé selon lui, quand bien même il est de droite. Autrement dit, la volonté de chasser tout ce qui est perçu comme ancien, comme décrépit. La décrépitude dont parlait également Lénine dans L'État et la Révolution.
Nous pensons qu'il y a des ferments qui laissent penser que des changements incroyables peuvent éventuellement surgir. Je ne dis pas que ça aura lieu demain, ni après-demain, ni dans six mois, ni dans un an. Mais qui sait ? Qui aurait parié sur les Gilets jaunes en 2018 ?
L’Eclaireur : Beaucoup parlent depuis un certain de temps de prodromes de guerre civile. Qu'en pensez-vous ? Ne pensez-vous pas que la condition nécessaire pour que les choses changent est l'effondrement des États-Unis ?
Fadi Kassem : C’est intéressant de parler des États-Unis. Evidemment, les grands médias n'en ont absolument pas parlé, mais à l'automne dernier, on a pu voir de grands mouvements de grève, de grands conflits de classes qui ont débouché sur des hausses de salaires historiques pour les travailleurs américains.
Quand nous parlons des États-Unis, nous ciblons bien sûr l'impérialisme états-unien et même leur hégémonisme qui est exceptionnel par son poids. Il est certain que les États-Unis sont dans une logique et une dynamique belliciste. Ce n'est pas nouveau. Leur économie est militarisée depuis un moment. Mais s'ils sont dans cette logique, c'est également parce qu'il y a la crainte, la peur de voir leur hégémonie décliner. Et de fait, ils déclinent.
Les pays du Sud, pour faire simple, s'opposent, refusent, contestent de plus en plus. Y aura-t-il un effondrement de l'impérialisme états-unien ? Il est quand même très solide, on ne va pas dire le contraire. En revanche, les points de bascule géopolitiques qui s'opèrent à l'heure actuelle offrent des perspectives très intéressantes, y compris pour des mouvements qui seraient plus progressistes en Europe.
On assiste à un réveil, y compris aux États-Unis, de cette confrontation de classes qui met en danger les gouvernements au pouvoir. Et je tiens à rappeler quand même, parce que ça aussi est passé encore une fois très inaperçu, que l'automne 2020 a vu les plus grandes grèves de l'histoire de l'humanité en Inde. 250 millions de grévistes qui ont fait reculer Modi et sa volonté de détruire l'agriculture paysanne indienne.
S'il y a durcissement, s'il y a fascisation - et pas qu'en Europe - des différents gouvernements au service du capital, c'est parce qu'il y a aussi la crainte de voir ces soulèvements populaires se multiplier. Si on considère la situation de la France, depuis les mouvements de 2016 contre la destruction du Code du travail, il n'y a pas eu une année où il ne se passe pas quelque chose. 2019-2020, avant le Covid, il y a eu les retraites; 2021, il y a eu les hôpitaux; 2017, il y a eu les ordonnances Macron; 2018, il y avait les cheminots puis les Gilets jaunes. Il y a encore eu le mouvement des retraites de 2023.
Il y a un contexte où on sent que ça bout. Ce qui manque c'est la boussole politique. C'est d'ailleurs pour ça qu'au PRCF nous appelons et nous œuvrons pour reconstruire un vrai parti communiste.
L’Eclaireur : C'est un petit peu la thèse de Michel Maffesoli qui parle de l'ère des soulèvements, de successions incessantes de soulèvements qui du fait de l'ensilage de la société, ne prennent pas, au sens où on n'arrive pas à un mouvement suffisamment important pour s'imposer.
Fadi Kassem : Les grands partis communistes pouvaient compter sur l'appui d'une imparfaite, c'est incontestable, Union soviétique, qui faisait peur, qui était un contrepoids. Quand François Mitterrand a gagné l'élection présidentielle le 10 mai 1981, toute la droite et l'extrême droite annonçait l'arrivée des chars russes à Paris, sur les Champs-Elysées.
L’Eclaireur : Ils le disent depuis 1945. De manière assez marrante, comme tout le monde crie aujourd'hui au fascisme…Mais ça a été utilisé exactement de la même manière dont justement une certaine gauche, celle que vous critiquez, utilise le mot fasciste pour disqualifier toute personne qui n'est pas d'accord avec elle.
Fadi Kassem : Oui, c'est pour ça que nous, d'ailleurs, utilisons le terme de fascisation. Ce n'est pas tout à fait la même chose. On ne va pas s'amuser à utiliser le mot fasciste à tort et à travers, ne serait-ce que parce que notre président, Léon Landini qui a eu 98 ans le 9 avril dernier, est le dernier franc-tireur partisan - main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI) vivant. Il a été invité à la toute dernière seconde, la veille, à la cérémonie de panthéonisation de Missak Manouchian et a du batailler pour. Lui, Il sait qu’est le fascisme. Il l'a vécu, il a fui l'Italie mussolinienne, il a connu Vichy, les collabos, le nazisme.
En revanche, fascisation dans le sens où le processus de destruction des conquêtes sociales, des services publics, des libertés démocratiques, de la montée en puissance des mouvements d'extrême droite dont certains se revendiquent nostalgiques de Mussolini comme Giorgia Meloni en Italie,
Le communisme aujourd'hui est un épouvantail. Mélenchon est qualifié de bolchevique. Même François Hollande était qualifié de bolchevique aux États-Unis. Notre problème c'est qu'on pâtit à la fois des erreurs commises en interne, du mouvement de l'histoire depuis la fin de la prétendue guerre froide qui n'était pas très froide, et de l'éclatement du mouvement ouvrier et des forces politiques et syndicales qui le représentaient.
Vous parliez à raison de 1945. Si on prend le mouvement syndical, il est scissionné dès 1947 lorsque la CGT-Force Ouvrière, CGT-FO, est créée par un certain Irving Brown …
L’Eclaireur : Irving Brown, syndicaliste américain agent de la CIA, grand copain des mafieux corso-marseillais et de Lucky Luciano, on connaît l'histoire…1
Fadi Kassem : Voilà. C'est pour ça que j'insiste sur la fausse gauche, la gauche établie, qui a mené un travail de diabolisation du communisme, du parti communiste et de la CGT qui était dans une logique de combat de classe du type communiste. Ce qui ne veut pas dire encore une fois que tout était parfait, loin de là. Mais il y a une perspective d'unité, d'unité grande. C'est ce à quoi nous voulons œuvrer. Aujourd'hui, cette perspective et ces outils n'existent plus. On voit bien les scores promis à chaque fois au PCF qui, je le répète, d'un point de vue structurel, n'a plus grand-chose de communiste.
Il y a le désarroi. Donc les soulèvements. Quand ils ont lieu, ils se font soit en dehors des partis ou des syndicats, comme les Gilets jaunes, soit en étant récupérés un tant soit peu par une intersyndicale, assez réformiste d'ailleurs, où des mouvements politiques essayent de gratter un maximum de voix derrière, mais sans véritable affrontement de classe.
Dans le fond, les masses sont plus radicales à l'heure actuelle que l'offre politique visible médiatiquement.
La création de Force Ouvrière fut financée par la CIA et orchestrée par le Parti socialiste (SFIO à l’époque) afin d’affaiblir la CGT qui, comme le Parti communiste, s’opposait au plan Marshall.