[ Soignants non vaccinés] Une suspension à géométrie très variable
Moins de 10 % des soignants ont fait leur dose de rappel. Vu le peu de protection conférée au-delà de trois mois, et si on suit la logique (sic) du gouvernement, 90 % devraient donc être suspendus.
Au CHU de Grenoble, les grèves illimitées se suivent : des internes, depuis le 10 octobre puis des urgences, depuis le 1er décembre. Et le mouvement s’étend. Depuis le 6 décembre, c’est tout le personnel qui est appelé à la grève.
Rien de nouveau, et c’est ce qui est dramatique. A Grenoble comme partout en France, le manque de soignants fait l’objet de rapports et d’alertes en long, en large et en travers. Et ? Et bien rien 1.
« Nous avons eu plusieurs réunions avec la direction qui nous a dit à chaque fois qu’elle ne savait plus quoi faire, qu’elle n’a pas de moyens et qu’elle essaie d’embaucher mais sans succès », explique Sara Fernandez sur Place Gre’net. Quant à l’Agence régionale de santé (ARS), « cela fait plus d’une année qu’on l’alerte que ça va exploser mais cela ne débouche sur aucune prise de mesures pour des réponses adaptées ».
Le 15 décembre, à l’appel de l’intersyndicale, une cinquantaine de soignants ont de nouveau alerté devant les portes de la salle où se tenait le conseil de surveillance de l’hôpital, dénonçant dans une pétition une dégradation générale et inédite de la qualité des soins.
“Actuellement, c’est plus de 230 lits fermés au CHUGA, et des milliers dans toute la France, par manque de personnel soignant et/ou médical, ce qui engendre une énorme difficulté à hospitaliser les patients qui en ont besoin. C’est la principale cause de la stagnation des patients aux urgences et dans les services de soins”.
“Par manque de places dans les structures adaptées et les difficultés de retour et maintien à domicile, les patients en décompensation psychiatrique ou dépendants ne peuvent plus quitter les urgences”.
N’y a-t-il vraiment aucune solution ? Des médecins ont voulu le vérifier par eux-mêmes. Et ont demandé au collectif Médecins Soignants 38, mobilisé pour le retrait de la loi du 5 août 2021 et des pass sanitaire et vaccinaux (et que nous avions interviewé en novembre dernier, voir lien ci-dessous) de prendre la température.
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En à peine 24 heures, le collectif a obtenu l’assurance de la part de 20 soignants de venir en renfort. Le hic, c’est que ces soignants sont sur la touche. Suspendus et pas réintégrés.
Alors que partout en Europe, les soignants ont regagné leur poste (ils le feront en Grèce au 1er janvier) quand ils n’ont jamais été suspendus (ou que cette suspension n’a pas été si stricte) la France est la seule exception.
Le paradoxe est pourtant patent.