Stratégie anti-Covid : le changement dans la continuité (saison 7)
On prend les mêmes et on recommence ? En vue de la saison 7 du Covid cet automne, la Haute autorité de santé renfourche le cheval de la vaccination. Mais cette fois un peu plus ciblée.
Vaccin anti-Covid, stop ou on continue ? On continue. La Haute autorité de santé (HAS) a donné le coup d’envoi de la saison 7 et anticipé les scénarios de diffusion du virus, et derrière de planification vacci…, pardon sanitaire, pour cet automne. Certes, c’est son rôle. A sa décharge, qu’elle ne le fasse pas et on lui imputerait non seulement de ne pas avoir été réactive, mais aussi de ne pas anticiper. Et d’avoir laissé les pouvoirs publics courir comme un canard sans tête.
Donc, la HAS anticipe. Sur ce qu’elle ne sait pas (la décrue estivale va-t-elle être suivie d’un énième rebond, on a tout le droit d’y penser foi de virus saisonnier ?), et avec des données donc pour le moins parcellaire. Concrètement, cela donne trois scénarios en fonction de la virulence plus ou moins affirmée du virus et de ses variants, potentiels ou non.
Reste qu’il n’est, et n’a jamais été question, de faire autre chose qu’une campagne vaccinale. Et tant pis si les doses de rappel se multiplient aussi vite que les “vagues” reviennent sans manifestement beaucoup d’effets sur une potentielle accalmie, sauf à penser que sans vaccination c’eut été pire. Tant pis si les effets indésirables des vaccins, sur lesquels a enquête l’office parlementaire sans véritablement trancher mais au prix d’une “guerre de tranchée” entre les pros (le professeur Fischer en tête pour faire simple) et les dubitatifs (le docteur François Alla) entendus lors d’une l’audition finale dont on reste sur sa faim – que ressort-il de cette enquête ? – sont un peu passés par pertes et fracas.
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Il en est ainsi des troubles menstruels chez les jeunes femmes, un peu pris à la légère, et qui ont été savamment mis sous le tapis par les instances européennes. Avant finalement que la commission de pharmaco-vigilance européenne ne rouvre le dossier en février dernier. Les résultats de l’enquête sont attendus en juin.
Bref, on n’en sait pas bien plus. Côté chiffres, c’est posé : la Covid c’est 1 500 décès par jour et 100 000 vaccins par jour. « 75 personnes meurent chaque jour dans le mois qui suit la vaccination, a éludé le professeur Fischer. Est-ce qu’elles meurent de la vaccination ou est-ce qu’elles auraient dû mourir ? Quelle est la relation de cause à effet ? ».
La réponse à cette question, on ne l’aura pas. Du moins pas tout de suite si tant est qu’on puisse l’avoir un jour. La question avait pourtant été clairement posée, dans une pétition, par le professeur Laurent Toubiana 1. Question et pétition écartées par le Sénat, qui l’a jugé jugé redondante avec l’objet de l’enquête qu’elle avait refourguée à l’office parlementaire des choix technologiques et. Bref, on se passe la patate chaude et on tourne en boucle.
Donc cet automne, on ne devrait pas y couper, et re-vacciner. La décision n’a rien d’étonnant. Brigitte Bourguignon, la nouvelle ministre de la Santé, n’a jamais caché ses affinités avec la vaccination obligatoire. « On a assez de recul sur les vaccins », avait-elle même lancé en juillet 2021.
La HAS y va toutefois à tâtons. Retour à la normale ? On ne vaccine que les immunologies-déprimés, conseille-t-elle. On peut toutefois légitimement se poser la question que si tout va mieux, et même bien, pourquoi vacciner ?
Scénario 2, le plus probable selon elle, reprise périodique de l’épidémie. On vise les personnes à risque. Dernier scénario, le pire donc, avec l’émergence d’un variant plus virulent, on pique tout le monde avec priorisation des personnes le plus à risques.
On remarquera que la HAS ne dit pas un mot sur les traitements. Qui pourtant existent, on ne va pas faire la liste. Et que, jusque-là, la priorité aux personnes les plus à risques fait doucement rigoler.
Citons Santé Publique France. Dans son bulletin du 23 mai, l’agence nationale de santé publique le rappelle : « seuls 34,1% des 60-79 ans et 26,9% des 80 ans et plus éligibles à la seconde dose de rappel l’ont effectivement reçue ».
Lors de son audition par l’office parlementaire, François Alla, le médecin de santé publique qui en janvier a claqué la porte du Haut conseil de la santé publique, ne disait pas autre chose.
« Vacciner les plus fragiles ? On a vacciné tous azimuts la population générale au détriment de ceux qui en ont le plus besoin. Ce n’est pas comme ça que fonctionne la santé publique. Les personnes les plus vulnérables sont encore aujourd’hui les moins vaccinées ».
Cocorico la France qui se targue d’avoir les meilleurs taux de vaccination en Europe ? « Chez les plus de 80 ans, on a le pire taux de vaccination en Europe de l’Ouest, continuait François Alla. Est-il judicieux de mobiliser des centaines de professionnels à la vaccination quand les hôpitaux manquent de moyens ? C’est ça aussi une politique de santé publique ».