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Surveillance du virus dans les eaux usées : le grand siphonnage?
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Surveillance du virus dans les eaux usées : le grand siphonnage?

La détection du SARS-CoV2 dans les eaux usées est un très bon indicateur de la résurgence de l'épidémie. Mais sous-exploité au bénéfice d'un testing massif, le dispositif avance à l'aveuglette.

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Patricia Cerinsek
janv. 11, 2022
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Surveillance du virus dans les eaux usées : le grand siphonnage?
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Depuis deux ans, le réseau Obépine exploite et analyse les données de stations d’épuration en France pour détecter et anticiper la résurgence du virus et de ses variants (image Shutterstock)

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Le réseau Obépine qui détecte la présence du SARS-CoV2 dans les eaux usées est un très bon indicateur du risque de résurgence de l’épidémie de Covid-19. Sur le papier – une dizaine de publications dans des revues scientifiques –, dans les faits aussi – la survenance de la 5e vague, dernière en date, avait été largement anticipée, par les chercheurs s’entend. On pourrait même pousser un cocorico : pionnière en matière de détection épidémiologique du virus, la France a inspiré l’Union européenne dans sa recommandation du 17 mars 2021 d’une approche commune à tous les Etats membres.

C’est ainsi que le dispositif imaginé et travaillé depuis deux ans par des chercheurs et adopté par 200 stations d’épuration en France, devait passer entre les mains de Santé publique France et de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) au travers d’une structure dédiée, Sum’Eau. D’abord au 1er octobre, le transfert a finalement été repoussé au 31 décembre 2021. On allait voir ce qu’on allait voir : promis pour être amélioré, le système ainsi institutionnalisé allait s’atteler à mieux coordonner la traque du virus dans les égouts.

Un transfert du réseau sans cesse repoussé

Mais il ne s’est rien passé de tout cela. Ne voyant rien arriver, et malgré le coup de semonce de l’Académie de médecine, la date butoir a été encore décalée d’un mois. Allons-y pour fin janvier 2022. Mais à deux semaines du nouveau délai, toujours rien en vue. Résultat, le réseau risque fort de se retrouver le bec dans l’eau. Purement et simplement siphonné ?

« Là, nous ne savons toujours pas si le ministre de la Santé, de façon officielle, s’engage à soutenir le suivi des eaux usées au delà du 1er février 1», commente dépité le professeur de virologie Vincent Maréchal, à la tête du réseau Obépine.

« A 15 jours de la fin officielle des conventions avec le ministère de la Santé, on n’a pas de nouvelles. Un dispositif aussi lourd demande a minima un mois et demi avant d’être prorogé. Ça ne se décide pas le dimanche soir pour le lundi matin ».

On imagine pourtant aisément combien le dispositif pourrait, s’il était correctement exploité, trouver une place dans une politique de testing massif qui, non contente de coûter très très cher – 300 millions d’euros pour 10 millions de tests en une semaine – a complètement ankylosé les laboratoires, mis une belle pagaille dans les entreprises et les écoles sans parler du dédale des protocoles de dépistage (à 2, 4 ou 5 jours) ou de la sincérité et fiabilité du dispositif quand y sont adjointes des attestations sur l’honneur (dans les écoles pour les auto-tests négatifs).

Car, que le virus circule sur le territoire, on le sait très bien, et notamment via les eaux usées. Et, pour la petite comparaison, une semaine d'analyses du réseau Obépine, qui couvre 40 % de la population – bien plus que les tests donc dont la fiabilité liée à un nombre de cycles est sujette à caution – c’est 80 000 euros…

Ce n’est au demeurant pas vraiment une surprise. Depuis deux ans, le réseau a beau multiplier les travaux, les publications et les collaborations, il y a comme quelque chose qui cloche. Car s’il accumule les données, en libre accès sur son site web, il ne se passe pas grand chose derrière. Ou de manière très isolée et sporadique. A l’initiative de quelques collectivités locales. Comme à Nice il y a un an.

« On s’est rendu compte que les gens ne mettaient pas le masque et ne respectaient pas les mesures barrière, explique Vincent Maréchal. Mais pour cela il faut accepter d’échanger, pour savoir que faire d’une courbe qui augmente. Aujourd’hui, ce sont les limites de l’exercice  : on envoie les données vers les collectivités, on envoie les données vers les ARS et très peu reviennent nous voir. S’ils ne se saisissent pas de l’outil… »

Quelles sont les mesures prévues en aval, voire mises en œuvre, dès lors que les concentrations en unités de génome covid analysées dans les eaux usées dépassent un certain seuil ? Existe-t-il justement un seuil à partir duquel un mode opératoire est prévu au niveau national ? Voire au niveau local ? Pour résumer, quelle est la politique en la matière ?

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