Transport par câble à Grenoble : un brouillon à 10 millions d'euros
Le projet qui courrait sans surprise à l'échec va être repris et de nouvelles études lancées. Et tant pis si ce câble ne répond à aucun besoin, document à l'appui – que nous publions.
Ce n'était donc qu'un brouillon. A 10 millions d'euros 1. C'est le montant des études de “faisabilité” déboursées pour que le projet de transport par câble aux portes de Grenoble capote – personne n’est étonné – sans que le préalable, les études de besoin, n'aient été menées.
A Grenoble, les promoteurs du énième projet de téléphérique urbain ont une nouvelle fois jeté l'éponge : le câble signé Poma aux portes de l'agglomération, desservant le territoire de la Presqu'Île, ne passera pas le stade l'enquête publique. Parce qu'il "ne faut pas jeter l'argent du contribuable par la fenêtre", dixit Sylvain Laval, le président du syndicat des mobilités aux manettes de ce projet dont on ne comprend pas comment il a pu en arriver là. Si ce n'est servir de remplir les poches du BTP et des promoteurs immobiliers.
Les études vont être reprises. Un nouveau tracé, non plus en zigzag mais en ligne droite, devrait être emprunté. On rappellera que le tracé, tout en angle parce que les promoteurs du câble avaient inopportunément découvert qu’il survolait le réacteur nucléaire de l’ILL, avait fait bondir la profession. Difficile de croire qu'à la Métropole de Grenoble ou au syndicat des mobilités, personne n'en ait eu écho.
Il s’adjoindra également de parkings-relais à ses deux extrémités. Car oui, le projet passé par pertes et profits, et qui avait reçu un avis défavorable cinglant de la commission d'enquête il y a neuf mois, ne disposait pas de parking à un de ces bouts : à Saint-Martin-le-Vinoux, la commune dont Sylvain Laval, président du Smmag, est maire.
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Le projet de transport par câble va donc être repris. Et promis-juré, les études ne coûteront pas des millions cette fois. Il est seulement prévu de les compléter, les “reprofiler”. Et tant pis si la question initiale, de base, celle des besoins, reste entière. Et prête pour le moins à quelque doute.
Sur la Presqu'Île scientifique, les entreprises sont demandeuses explique doctement Sylvain Laval.
"Ce projet doit desservir un secteur stratégique du territoire qui est celui de la presqu'île scientifique. Ce n'est pas un projet élaboré uniquement pour des projets de quartiers et de secteurs..."
Justement en septembre 2022, une étude sous forme d’enquête des déplacements avait été diligentée par le syndicat des mobilités à la demande des entreprises de la Presqu’Île scientifique. Passons outre le fait que la Presqu’Île est bien desservie, en pistes cyclables mais aussi bus et tram pour nous attarder sur cette enquête dont L’Eclaireur avait pu, certes difficilement, obtenir une copie.
Cette enquête ne nous dit pas tout à fait ce qu’affirme M. Laval. La question de la pertinence du transport par câble y apparait à la toute dernière page. A la question “seriez-vous amené à utiliser le transport par câble et à quelle fréquence”, seuls 2 % des salariés concernés se disaient prêts à l’utiliser quotidiennement, 9 % quelques fois par semaine, 38 % rarement et 51 % jamais. Ainsi, sur les 4 550 salariés qui ont répondu à cette question, 90 emprunteront le câble tous les jours; 2 270 jamais.
L'étude, financée et réalisée par le syndicat des mobilités, n’a pas été rendue publique mais a seulement circulé au sein des entreprises du secteur. Pour que tout le monde, et pas seulement les usagers de la Presqu’Île, se fasse une idée puisqu’on parle là d’argent public – n’oublions pas que le projet n’était aux dernières nouvelles pas complètement financé – nous la publions. Elle est à visionner et télécharger ici.