Université de Grenoble : une démocratie et une déontologie peu académiques
Le président sortant de l'Université Grenoble Alpes a été réélu au terme d'un processus de moins en moins démocratique. Mais aussi dans des conditions pour le moins litigieuses.

A Grenoble, le président sortant de l’université a été reconduit dans ses fonctions. Plutôt confortablement. Yassine Lakhnech a été réélu avec 26 des voix contre 13 pour son rival Michel Rocca.
La suite pourrait s’avérer bien moins confortable. Le 25 janvier, le tribunal administratif de Grenoble doit se prononcer après que le syndicat FSU mais aussi seize électeurs de l’université ont déposé un recours demandant l’annulation du scrutin 1. En cause ? Des mails adressés le 26 novembre, en pleine campagne pour les élections au conseil d’administration – la campagne pour l’élection à la présidence démarrait le 11 décembre – par Yassine Lakhnech à un certain nombre de ses contacts à l’université. Mail dans lequel l’universitaire, se débarrassant un peu facilement de sa casquette de président, dénigre ni plus ni moins l’autre candidat, appelant clairement à voter contre lui et implicitement contre certains syndicats 2.
Une source nous a transmis un de ces courriers, expédiés depuis l’adresse mail – pas présidentielle mais néanmoins professionnelle – du président de l’UGA, dont voici un extrait.
“L’élection de Michel Rocca à la présidence de l’UGA est synonyme de la destruction de ce qui a été construit ces dernières années, un recul de l’établissement à l’âge des baronnies et des intimidations physiques et morales, loin d’une vision, d’une stratégie claire et d’ambitions à la hauteur des enjeux. Il est essentiel de se mobiliser pour faire barrage à cette candidature pour l’intérêt de nos collègues et de nos étudiants et étudiantes ! Pour notre établissement”.
Ces courriers, dont d’autres se sont emparés en faisant de leur propre chef circuler le message de M. Lakhnech, pourraient être constitutifs d’un abus de propagande électorale. Ont-ils fait pencher la balance en faveur du président sortant ? En tant que président de l’Université, Yassine Lacknech est tenu d’assurer une stricte égalité entre les listes de candidats 3, dixit le code de l’éducation. Le candidat visé, Michel Rocca, a porté plainte pour diffamation à la suite des propos de M. Lakhnech, également signalés au recteur de région et aux instances de l’université…
La question se pose d’autant plus qu’au terme des élections au conseil d’administration – administrateurs qui le 11 janvier ont procédé à l’élection (indirecte donc) du président – la balance ne penchait pas vraiment en la faveur de M. Lakhnech.